La Grèce se prépare à mettre en œuvre une décision de la Cour suprême grecque rendue en 2000 concernant le massacre par les nazis en 1944 de 218 personnes dans le village de Distomo, dans le centre du pays.
C’est le journal grec Kathimerini qui rapporte cette information sur la base des déclarations du ministre de la Justice, Nikos Paraskevopoulos. Cette décision suppose que les biens allemands en Grèce peuvent être saisis et vendus, afin que le produit de cette vente puisse aller aux familles des victimes de l’occupation nazie.
Sur la chaîne de télévision grecque Antenna, Paraskevopoulos a déclaré que la sentence ne peut être exécutée que sur demande du ministre de la Justice. « Je pense que cette autorisation devrait être donnée, et je suis prêt à le faire, quelques soient les obstacles. Il faudra probablement négocier avec l’Allemagne », a poursuivi le ministre, qui avait déjà fait part de son intention plus tôt dans la journée au cours d’un débat parlementaire.
Au cours de ce débat, le Premier ministre Alexis Tsipras avait déclaré que son gouvernement avait la ferme intention de réclamer une compensation à l’Allemagne pour les crimes de guerre, tout en observant qu’il témoignerait une certaine sensibilité sur cette question, et qu’il s’attendait à ce que le gouvernement allemand fasse de même.
Tsipras a estimé que la question de la compensation était un « problème technique et sensible » mais qu’il était de son devoir de la régler. « Le gouvernement grec se battra pour honorer ses engagements entièrement, mais il s’assurera également que les engagements à l’égard de la Grèce et du peuple grec soient aussi respectés. », a dit Tsipras.
Il a souligné que l’Allemagne avait bénéficié d’une annulation de sa dette en vertu de l’Accord de Londres sur les dettes de 1953, et ce, « malgré les crimes du Troisième Reich », mais que depuis la réunification allemande, Berlin avait utilisé « le silence, et toutes les astuces juridiques et les délais » pour éluder ce problème. « Nous ne donnons pas de leçon de morale, mais nous n’accepterons pas non plus les leçons de morale », a-t-il conclu.
La Seconde guerre mondiale a fait 1,4 millions de décès et de blessés en Grèce, ce qui correspond à environ 19% de la population totale grecque. Au cours de cette époque, la Wehrmacht allemande a envoyé 70 000 Juifs grecs dans des camps de concentration. Pratiquement personne n’en est revenu. En outre, 130 000 citoyens grecs ont été exécutés.
Selon le héros de guerre grec Manolis Glezos, actuel député européen pour le parti de gauche grec Syriza, c’est la somme de 162 milliards d’euros, hors intérêts cumulés, que l’Allemagne doit rembourser à la Grèce au titre des prêts forcés extorqués pendant l’occupation. Au début des années soixante, l’Allemagne de l’Ouest a payé à la Grèce une indemnité de 115 millions de marks au titre des victimes grecques de l’occupation nazie.