La colère gronde en marge de la convention républicaine, qui s’amorce demain.
« Tu seras là à notre concert de Cleveland ? Apporte ta veste pare-balles ! »
Bassiste du groupe Rage Against the Machine (RATM), Tim Commerford ne rigole pas. Le musicien originaire de Californie est à peu près certain que lorsqu’il montera sur scène en marge de la convention républicaine qui débutera demain, la police viendra armée jusqu’aux dents.
« Si l’histoire se répète, ça va être fou, car chaque fois que nous avons pris part à des conventions, ça a dégénéré, dit au téléphone le musicien qui verse dans le rap punk politique à saveur révolutionnaire depuis les années 90. En 2000, on jouait avec RATM lors d’une convention et il y a eu une émeute. Les policiers tiraient sur nos fans avec des armes non létales. Au Colorado, nous n’avons pas réussi à monter sur scène, car la police ne nous laissait pas jouer notre musique. Et au Minnesota, ils ont barricadé les cinq milles qui entouraient le lieu du concert avec des véhicules blindés. C’est ce qu’on a vu dans le passé et là, c’est une élection beaucoup plus explosive. Je m’attends à ce que ça tourne au vinaigre. »
Ébranler Donald Trump
Malgré la violence qu’il croit inéluctable, Tim Commerford débarquera à Cleveland avec ses partenaires de Prophets of Rage de pied ferme. Le groupe, composé de membres de trois formations musicales politisées – Cypress Hill, Public Enemy et RATM –, vient tout juste d’être créé. Son but : ébranler l’élite politique et économique américaine et plus spécifiquement Donald Trump, qui devrait être couronné candidat officiel du Parti républicain dans la course à la Maison Blanche au cours des quatre prochains jours.
« Donald Trump, pour moi, c’est Hitler, dit Tim Commerford. Trump, comme Hitler, blâme une partie de la population pour les problèmes du pays en entier et unit les gens contre cette minorité. Trump est contre les Latinos, les femmes, les musulmans. Il unit les gens les plus rétrogrades des États-Unis qui, sinon, ne se présenteraient pas aux urnes. Il parle leur langue comme Hitler le faisait dans les années 30 », tempête le bassiste.
« [Donald Trump], c’est un homme maléfique et on doit le traiter en conséquence. Notre arme de combat, c’est la musique », affirme M. Commerford.
Prophets of Rage doit monter sur scène à Cleveland devant un amphithéâtre à guichets fermés mardi soir. Le groupe s’inscrit dans une contestation beaucoup plus large de la convention républicaine. Dès aujourd’hui, à la veille de l’ouverture du grand rassemblement du Grand Old Party, des manifestations et des concerts empreints de revendications se mettront en branle à Cleveland. Seront notamment en ville l’intellectuel Cornel West, qui prononcera un discours sur les inégalités, et l’actrice Diane Guerrero, de la série télé Orange Is the New Black, qui parlera au nom des millions d’immigrants sans-papiers aux États-Unis. Les Prophets of Rage, eux, en pervertissant le slogan de Donald Trump, promettent de faire « rager l’Amérique de nouveau ».
Temps dangereux, musique dangereuse
En entrevue avec La Presse, Tim Commerford explique qu’au-delà des élections, c’est le climat de violence ambiant qui a incité certains des membres de RATM à se rassembler sur scène, et ce, malgré l’absence du chanteur de la populaire formation des années 90, Zack de la Rocha.
« Les temps dangereux requièrent des chansons dangereuses. Manifestement, il y a beaucoup plus qu’une élection présidentielle dans notre pays en ce moment. On voit aussi beaucoup de brutalité policière. Il y a tellement de violence dans notre pays et dans le monde. Cleveland, c’est le premier pas d’un long chemin. Nous irons aussi en Amérique latine et en Europe », dit-il.
La formation fera aussi plusieurs arrêts au Canada, dont un à Montréal le 23 août et un autre à Québec le 30 du même mois.
Les musiciens contestataires veulent-ils « rager » contre Justin Trudeau ? Pas le moins du monde. « Le Canada est le seul pays qui a une tête sur les épaules en ce moment. J’aime votre système de santé, les choses que vous faites et en lesquelles je crois. Quand des Américains me disent : "Parle-moi d’un endroit où tu peux aller qui est mieux que les États-Unis", je dis : "Au Canada". C’est vraiment mieux. Il y a beaucoup moins de violence, le plus gros cancer dans notre monde. »
Des logos très « George Soros » pour faire croire aux jeunes Américains que l’anti-trumpisme est révolutionnaire :