La communauté internationale a dénoncé l’intervention violente de la police israélienne, vendredi, aux funérailles, à Jérusalem, de la journaliste Shireen Abu Akleh. De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU a « fermement condamné » le meurtre de la reporter et réclamé « une enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale » sur cette affaire.
Des milliers de Palestiniens ont enterré, vendredi 13 mai, à Jérusalem, Shireen Abu Akleh, l’une de leurs journalistes vedettes tuée au cours d’une opération israélienne, lors de funérailles marquées par une charge de la police israélienne au départ du cortège funèbre, incident largement critiqué.
L’Union européenne a condamné « l’usage disproportionné de la force et le comportement irrespectueux de la police israélienne à l’encontre des participants au cortège funèbre », selon son chef de la diplomatie, Josep Borrell.
« Atterré par les scènes observées aujourd’hui en marge des funérailles et l’usage disproportionné et irrespectueux durant le cortège funèbre », a également commenté sur Twitter Dimiter Tzantchev, ambassadeur de l’UE auprès d’Israël.
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« Si vous n’arrêtez pas ces chants nationalistes, nous devrons vous disperser en utilisant la force et nous empêcherons les funérailles d’avoir lieu », a déclaré dans un mégaphone un policier israélien en direction de la foule, selon une vidéo diffusée par la police.
D’après le Croissant-Rouge palestinien, 33 personnes ont été blessées lors des funérailles. La police israélienne a fait état de six arrestations.
Mercredi, la journaliste américano-palestinienne d’Al-Jazira, la TV du Qatar, a été tuée d’une balle dans la tête alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Elle portait un gilet pare-balles siglé « Presse » et un casque de reportage.
Ce meurtre a suscité, dans la nuit de vendredi à samedi, une déclaration unanime du Conseil de sécurité de l’ONU, qui l’a « fermement condamné ».
Initiée par les États-Unis, cette très rare position unanime du Conseil de sécurité sur un sujet concernant Israël s’accompagne également d’une demande d’« enquête immédiate, approfondie, transparente et impartiale » sur ce meurtre. Elle souligne « la nécessité de garantir une mise en responsabilité » de son ou ses auteurs, selon le texte obtenu par l’AFP.
Dans un premier temps, Israël a affirmé qu’elle avait « probablement » succombé à un tir palestinien. Mais l’État hébreu a ensuite dit ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats. L’Autorité palestinienne, Al-Jazira et le gouvernement du Qatar ont accusé l’armée israélienne de l’avoir tuée.
La représentation française à Jérusalem a qualifié de « profondément choquantes » les « violences policières » à l’hôpital Saint-Joseph.
« Les forces d’occupation ne se sont pas contentées de tuer Shireen (...) mais elles ont terrorisé ceux qui l’ont accompagnée vers sa dernière demeure », ont affirmé les Affaires étrangères du Qatar.
Après l’intervention de la police, la foule a accompagné le cercueil vers une église de la Vieille Ville où une messe a été prononcée, avant de se rendre au cimetière.
Les funérailles de la journaliste de 51 ans ont eu lieu alors que de nouveaux heurts se sont produits dans et près de Jénine.
Un policer israélien a été tué lors d’une opération de l’armée israélienne à Burqin « contre des terroristes », selon un communiqué officiel. Le groupe armé palestinien Jihad islamique a indiqué que ses combattants l’avaient tué.
Dans le camp de réfugiés de Jénine, 13 Palestiniens ont été blessés, selon le ministère de la Santé palestinien.
L’armée israélienne a affirmé avoir lancé plusieurs opérations pour appréhender des Palestiniens recherchés dans le camp de Jénine, un bastion des factions armées palestiniennes d’où étaient originaires des auteurs d’attaques meurtrières ces derniers mois en Israël.
Enquêtes
Le décès de Shireen Abu Akleh a suscité une vague d’émotion dans les Territoires palestiniens, dans le monde arabe où ses reportages ont été suivis pendant plus de deux décennies, en Europe et aux États-Unis. Plusieurs appels à une enquête « transparente » ont été lancés.
Selon un communiqué du bureau du procureur palestinien à Ramallah en Cisjordanie vendredi, « les premiers résultats de l’enquête sur le lieu du crime ont montré que la seule origine du tir était les forces d’occupation » israéliennes.
Avant lui, l’armée israélienne a indiqué qu’il n’était pas possible de déterminer dans l’immédiat l’origine du tir d’après les résultats préliminaires de son enquête. Le tir pouvait aussi bien être d’origine palestinienne qu’israélienne, selon elle.