Depuis six mois, des manifestations hebdomadaires à Gaza font des milliers de blessés, la plupart touchés aux jambes. S’agit-il d’une stratégie délibérée de l’armée israélienne ? À Tel Aviv, Envoyé spécial a posé la question à Nadav Weiman, un ancien soldat qui s’élève aujourd’hui contre ces méthodes.
Extrait de « Gaza, une jeunesse blessée », un reportage à voir dans Envoyé spécial le 11 octobre 2018 :
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Le journaliste d’Envoyé spécial lui montre des images tournées près des barbelés posés devant la grille qui sépare Israël de la bande de Gaza. On y voit un homme visiblement désarmé s’affaisser au sol, touché par une balle à la jambe.
« Depuis la butte, la ligne de tir est bien dégagée Un sniper, ça tire à 200, 300, 400, 500 mètres. Là, il tire à 60 ou 70 mètres. Ça veut dire que dans sa lunette, il peut choisir de tirer sur le genou, la cheville, le tibia... Il est tellement proche qu’il peut tirer où il veut. Ça veut dire aussi qu’il voit très clairement que cet homme n’a pas d’arme, que c’est juste un manifestant. »
Mais l’ancien soldat va plus loin. « Dans nos règles d’engagement, il est dit que le meneur de la manifestation, on peut tirer dessus – dans la jambe. (...) Personne ne remet ça en cause, ce sont les instructions de l’armée. » Les soldats israéliens seraient formés pour tirer sur le leader d’une manifestation, même s’il ne porte pas d’arme ? « Oui », affirme Nadav Weiman.