Le meurtre de Qassem Soleimani a été perpétré alors que le général iranien se rendait en Irak pour transmettre un message sur un rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran, selon l’agence de presse INA, qui cite des propos de l’ambassadeur iranien Iraj Masjedi.
Le commandant de la Force iranienne Al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique, Qassem Soleimani, portait un message lié à la médiation irakienne entre Riyad et Téhéran lorsqu’il a été tué dans une frappe américaine à l’aéroport de Bagdad, a déclaré Iraj Masjedi, ambassadeur d’Iran à Bagdad, dont une interview a été publiée par l’agence de presse INA.
« M.Soleimani était arrivé en Irak pour délivrer un message sur l’attitude de Téhéran à l’égard de l’initiative irakienne [de médiation entre l’Iran et l’Arabie saoudite, ndlr]. Le message exposait la position iranienne sur la lutte contre le terrorisme, le rétablissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région », révèle le diplomate.
Ce message n’a jamais été remis aux autorités irakiennes en raison du meurtre du général Soleimani, selon l’ambassadeur.
Téhéran serait prêt à un rapprochement avec Riyad et Abou Dhabi
Iraj Masjedi a précisé que l’Iran cherchait à améliorer ses relations avec l’Arabie saoudite, ainsi qu’avec les Émirats arabes unis « dans les meilleurs délais » et s’est félicité du « rôle de l’Iraq dans la résolution des différends » avec ces États.
Il a également appelé « les États de la région à critiquer les États-Unis au lieu de s’attaquer à l’Iran », indiquant que le meurtre de Qassem Soleimani constituait un « terrorisme d’État ».
Tensions entre Téhéran et Riyad
L’Iran et l’Arabie saoudite ont rompu leurs relations diplomatiques en janvier 2016 suite à une série d’incidents survenus après des années de désaccords concernant les guerres en Syrie, en Irak et au Yémen.
Riyad a fermé ses missions diplomatiques en Iran après qu’elles ont été attaquées par des manifestants furieux de la décision saoudienne d’exécuter le 2 janvier 2016 le grand ayatollah chiite Nimr Baqr al-Nimr. Ce dernier avait été accusé de s’être mêlé des affaires intérieures saoudiennes au nom d’un gouvernement étranger.
Les relations entre les deux États du golfe Persique ont continué de se détériorer suite aux critiques émises par l’Iran à propos l’opération militaire contre les Houthis que l’Arabie saoudite dirige au Yémen. Téhéran affirme que l’opération de Riyad a provoqué une catastrophe humanitaire et le massacre de civils. Le royaume accuse à son tour l’Iran d’avoir fourni aux Houthis des armes utilisées pour attaquer l’Arabie saoudite.
Devenir un État « normal »
Riyad a jusqu’ici refusé de tenir des négociations sur le rétablissement des liens avec l’Iran, arguant que ce dernier devait d’abord commencer à agir en tant qu’État « normal » et mettre fin à son ingérence présumée dans les affaires des autres pays de la région.
Le 26 janvier, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a publié un message sur Twitter qui laisse entendre que l’Arabie saoudite ne satisfait pas non plus à ses propres critères d’État « normal ». Il a rappelé l’opération militaire saoudienne au Yémen et la participation présumée de Riyad au meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.