L’image glaçante d’un ignoble acte antisémite consistant en quelques tags violents associant les mots « juif » et « voleur » sur la devanture d’un restaurant casher avait ébranlé la France entière, puisque presse et personnel politique avaient été unanimes dans sa dénonciation.
Isabelle Balkany, dont le couple a présidé au destin politique de la commune, avait twitté un émouvant « J’ai mal à ma ville, j’ai mal à la France ! »
Madame le maire, Agnès Pottier-Dumas, maire (LR), avait assuré pourtant : « On vit paisiblement à Levallois et la communauté juive se sent en sécurité dans notre ville. » Un vœu pieux, chère dame.
En ces jours obscurcis, le Meyer d’entre nous avait incarné la mémoire collective, dans sa partie la plus responsable, tel une vigie attentive, dont l’œil scrutateur repère les odeurs les plus nauséabondes.
Non ! Nous ne sommes pas à Berlin en 1938 pendant la Nuit de Cristal ! Ni à Paris en 1942 ! Mais hélas à Levallois ce matin, le 19 août 2023 !
80 ans après, ça continue ! Triste destin pour les Juifs de France !
Pendant ce temps-là, LFI et les Verts déroulent le tapis rouge à… pic.twitter.com/K3QukoI9AT
— Meyer Habib (@Meyer_Habib) August 19, 2023
Heureusement, la police, dont Meyer, si on lui demandait de nous éclairer, ne manquerait pas de rappeler le rôle funeste lors de l’Occupation, a promptement fait son travail. L’auteur présumé s’est vite retrouvé à devoir faire face à sa culpabilité.
Profondément choqué par ces inscriptions antisémites insupportables.
Grâce à la grande réactivité des policiers, l’auteur présumé a déjà pu être interpellé. https://t.co/HQOkjmxKfh— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) August 19, 2023
Mais les enquêteurs se sont vite retrouvés à devoir faire face à son innocence : il a rapidement été remis en liberté.
Mince ! La municipalité a de son côté souhaité faire son travail, et rapidement enlever ces inscriptions de la devanture du restaurant et, avant que ce ne soit possible, les soustraire à la vue de tous. La haine affichée aurait pu être contagieuse, et comme il n’y a guère de vaccin efficace, puisqu’un rappel est fait dès que possible, sans rien vous demander, et avec le succès que l’on constate trop souvent… Mais devant ce penchant négationniste, puisque cela aurait un peu consisté à faire comme si cela n’avait pas eu lieu, le propriétaire, visiblement de la trempe de Meyer, a refusé. Il a souhaité que tout reste en l’état, pour que tout le monde le voit. Le courage incarné : l’édification des masses au mépris de sa propre souffrance. Madame le maire a pourtant décidé de passer outre, n’ayant pas la même carrure que ce pauvre homme : « C’est trop violent. Ces insultes, visibles par tous, c’est tout simplement insupportable. »
Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France, a été clair, l’antisémitisme ne gagnera pas.
Il y a l'antisémitisme de salon qui corrompt les esprits. Et il y a l'antisémitisme de la rue qui charrie sa violence sous nos yeux.
Face à ces tags à Levallois, nous disons fermement qu'ils ne gagneront pas. Ni dans les salons, ni dans la rue.
Ça doit être le combat de tous. pic.twitter.com/IF4gFl8rqe
— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) August 19, 2023
Eh bien rassurons Yonathan : ce coup-ci, ils n’ont pas gagné. La police (qui visiblement reste quelque peu antisémite sur les bords) a fait parler (avec quelles méthodes ?) la vidéosurveillance : le coupable serait un homme de 74 ans, jugé en comparution immédiate à cause de son état de santé, propriétaire du restaurant, prothésiste dentaire à la retraite, et de confession juive...