Prendre prétexte de l’attaque de Strasbourg pour justifier la station de troupes françaises en Syrie est un risque politique. C’est pourtant la position du ministre Loiseau, qui semble être obligée de justifier l’injustifiable.
Il n’y a évidemment aucun rapport entre les meurtres du marché de Noël et la lutte contre Daech en Syrie, alors que l’État français a armé les rebelles et, par capillarité, les djihadistes.
Mais le pouvoir d’Assad a tenu, et la France reste bêtement à faire une guerre que l’alliance russo-irano-syrienne a déjà gagnée. Le trio Sarkozy-Hollande-Macron a détruit en 10 ans un siècle de politique arabe de la France.
Du côté américain, l’annonce du retour des 2 000 troupes sous 100 jours par le président Trump a fait sa première victime, le secrétaire d’État à la Défense Jim Mattis.
Mattis était pour le maintien des troupes dans l’est de la Syrie, soi-disant pour lutter contre Daech, mais Trump avait annoncé que Daech avait été battu... par les Américains ou plutôt la coalition, ce qui passait sous silence tout le travail de l’armée syrienne soutenue par les Russes.
Mattis, précise Le Monde, avait été mis à la retraite par Obama pour son agressivité extrême vis-à-vis de l’Iran...
Dernière annonce, car les décisions importantes ont l’air de s’accélérer outre-Atlantique, les USA pourraient retirer 7 000 soldats d’Afghanistan sur les 14 000 en place !
Cette nouvelle décision, après celle du retrait de Syrie, a pesé lourd dans la balance du départ de Mattis. C’est en effet lui qui avait décidé Trump d’augmenter la présence américaine en Afghanistan où les talibans étaient en train de reprendre le dessus sur les forces gouvernementales afghanes. Trump vise tout simplement un accord de paix avec les talibans, chose impensable il y a encore un an.
Décidément, Trump bouleverse la géopolitique mondiale, l’Amérique ramène ses soldats mais personne ne sait encore où elle risque de se déployer, même si le centre de gravité de la politique extérieure trumpienne penche vers les terrains africain et asiatique.
Quant à la France, eh bien elle reste comme une conne sur place, à lutter contre Daech à la place des forces syriennes qui ne lui ont rien demandé. La France s’est installée en Syrie en violation de toutes les lois internationales, de la même manière que les Américains, qui ont pendant longtemps essayer de freiner l’avance des troupes d’Assad.
Après l’annonce du retrait des troupes US en Syrie, le ministre français des Affaires européennes Nathalie Loiseau a déclaré que la France restait militairement engagée. On se souvient que François Hollande avait promis que jamais la France n’interviendrait au sol.
L’argument de Loiseau est le suivant : « La lutte contre le terrorisme n’est pas terminée », puisqu’il y a eu « l’attaque terroriste à Strasbourg ». Reste à faire le lien entre ces deux faits.
Retrait américain de #Syrie : "C'est une décision extrêmement lourde", estime @florence_parly dans #RTLMatin pic.twitter.com/wxW52e8IUi
— Elizabeth Martichoux (@EliMartichoux) 21 décembre 2018
Le ministre des Armées Florence Parly a trouvé un autre argument, « Daech n’est pas rayé de la carte, ni ses racines d’ailleurs ». Pour elle, le travail n’est pas terminé : « Il faut vaincre militairement de manière définitive les dernières poches de cette organisation terroriste ».
Oui mais alors, pourquoi avoir soutenu les rebelles et certains groupes djihadistes ? Pourquoi ne pas avoir travaillé main dans la main avec les troupes régulières syriennes, qui ont payé le prix du sang pour débarrasser leur pays de la présence djihadiste, largement encouragée par la coalition occidentale avec la bénédiction d’Israël et l’argent saoudien ?
Problématique soulevée par opex360 sur la poursuite des opérations aériennes :
« D’après Reuters, qui cite des responsables militaires américains ayant requis l’anonymat, l’ordre de retrait signé par M. Trump concernerait aussi les opérations aériennes en Syrie.
[...]
L’appui aérien donné aux FDS est crucial. En effet, Daech a systématiquement lancé des contre-attaques quand les conditions météorologiques rendaient plus compliquées les opérations aériennes de la coalition. Cela a été le cas à la fin du mois d’octobre, comme ça l’est aussi pour la contre-offensive qu’il vient de lancer à Hajine.
La fin des opérations aériennes américaines en Syrie permettra aux jihadistes de se regrouper plus facilement [à moins que l’aviation russe les prenne pour cible ou que les autres partenaires de la coalition s’en charge]. Et elle aura aussi des conséquences sur la quantité de renseignements collectés. »