Arrivé – après certain contretemps – à Damas samedi 10 septembre, le secrétaire général de la Ligue arabe s’est montré, face à Bachar al-Assad, beaucoup plus conciliant et positif que ne le laissait supposer la teneur du message qu’il était censé apporter.
Plus question de « message clair au régime syrien », oubliée l’exigence d’une « mise en œuvre immédiate des réformes » : Nabil al-Arabi a semble-t-il redécouvert face au n°1 syrien les vertus traditionnelles de la diplomatie : dialogue, mesure et sens des responsabilités, loin des effets de manche destinés à se donner une posture morale vis-à-vis du « mainstream » idéologique.
Les raisons possibles d’un changement de ton
Les deux hommes sont donc tombés d’accord sur la mise en action rapide de tout un train de mesures « concrètes » permettant de mettre fin, une bonne fois pour toutes, à la répression et d’« accélérer les projets de réformes au moyen d’un calendrier qui fera comprendre à tous les Syriens qu’on est passé à une nouvelle étape ».
Nabil al-Arabi a réaffirmé à Bachar al-Assad « l’attachement de la Ligue arabe à la sécurité et à la stabilité de la Syrie ». De son côté, le président syrien a dit à son interlocuteur qu’il ne fallait pas se laisser abuser par les campagnes de désinformation diplomatique et médiatique menées contre son pays.
Autre point important : la Ligue arabe rejette, par la voix de son secrétaire général, « toute forme d’intervention étrangère dans les affaires intérieures de la Syrie ». Un message clair – enfin – à destination des chancelleries occidentales mais peut-être aussi une officialisation d’un renoncement de certains pays arabes à toute tentative de déstabilisation du régime syrien.
On est donc passé en moins d’une semaine d’une position d’ultimatum de la part de la Ligue à un accord global de principe entre les deux parties. Les raisons de ce « glissement » ?
On peut toujours imaginer des pressions de la Russie et de l’Iran, mais il nous semble que la diplomatie arabe a surtout pris acte, avec quelque retard, de l’essoufflement – confirmé une nouvelle fois ce vendredi 9 septembre – de la contestation en Syrie, de sa marginalisation et aussi de sa radicalisation.
Il est fort possible aussi que la Ligue arabe ait finalement considéré qu’elle avait d’autres chats géopolitiques à fouetter que la Syrie, à l’heure des incertitudes libyennes et des tensions entre la Turquie, l’Egypte et Israël. Encore une fois, les réalités de terrain l’emportent sur les discours et postures « diplomatiquement corrects ».
Ce n’est en tout cas pousser trop loin l’interprétation que dire que cette visite du secrétaire général de la Ligue arabe, qu’« on » nous présentait comme une nouvelle démonstration de l’isolement du régime syrien, a finalement tourné à l’avantage de ce dernier.