Pour le quatrième jour consécutif, mardi, la Turquie est intervenue militairement dans le conflit syrien en bombardant, depuis son territoire, les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) dans la région d’Azaz, au nord d’Alep. Ankara veut autant enrayer la progression de ces milices, qui contrôlent déjà une grande partie du nord de la Syrie, qu’empêcher le Kremlin d’agir en seul maître du jeu dans cette zone frontalière, où les bombardiers russes pilonnent l’opposition depuis plus de quinze jours.
« Les YPG sont des mercenaires de Moscou (…) S’ils approchent d’Azaz, ils verront notre riposte la plus violente », a menacé mardi le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu. Son pays a attribué à la Russie – et qualifié de « crimes de guerre » – des frappes contre des écoles et des hôpitaux à Idlib et Alep, qui ont tué lundi près de cinquante civils, selon l’ONU. « Si les bombardements russes continuent, l’accord de Munich ne fonctionnera pas », tranche un officiel turc sous couvert d’anonymat, en référence aux négociations de la semaine dernière dans la ville allemande. La Russie, les États-Unis et leurs principaux alliés, dont la Turquie, étaient tombés d’accord verbalement sur une « cessation des hostilités » dans un délai d’une semaine.
« Ce sont les Russes qui, en réservant 88% de leurs frappes à l’opposition modérée, aggravent la situation et font fuir des milliers de nouveaux réfugiés vers la Turquie et vers l’Europe » Ahmet Davutoglu, premier ministre turc
« On nous accuse de nuire aux efforts de paix (…) mais ce sont les Russes qui, en réservant 88% de leurs frappes à l’opposition modérée, aggravent la situation et font fuir des milliers de nouveaux réfugiés vers la Turquie et vers l’Europe », avance le responsable turc. Dans la région d’Azaz, en territoire syrien mais à deux pas de la frontière, les camps construits par Ankara hébergent près de 100 000 civils. La Turquie, qui accueille déjà 2,6 millions de Syriens, refuse d’ouvrir ses portes mais promet de le faire en cas de « menace pour la sécurité » des déplacés. Autrement dit, si les frappes russes et les Kurdes des YPG s’approchaient trop de sa frontière.