Dans un revirement total avec l’administration précédente, le président français a expliqué que la destitution de Bachar el-Assad n’était pas « un préalable à tout », et a assuré avoir besoin de la Russie pour éradiquer la menace terroriste.
« Le vrai aggiornamento [mise à jour, NDLR] que j’ai fait sur ce sujet, c’est que je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar el-Assad était un préalable à tout », a déclaré Emmanuel Macron cité par Reuters, dans un entretien à huit quotidiens européens (Le Figaro, Le Temps, Le Soir, Süddeutsche Zeitung, The Guardian, Corriere della Sera, El Pais et Gazeta Wyborcza), le 21 juin. Et d’affirmer le revirement de la politique française sur le dossier syrien : « Personne ne m’a présenté son successeur légitime. »
Le chef d’État français a précisé que le président syrien était un ennemi du peuple syrien, mais pas de la France, expliquant que la priorité de Paris était un engagement total à combattre les groupes terroristes. « Mes lignes sont claires. Un : la lutte absolue contre tous les groupes terroristes. Ce sont eux, nos ennemis », a-t-il fait valoir, ajoutant qu’il ne voulait pas que la Syrie devienne un « État failli [en théorie des relations internationales, un Etat qui n’exerce plus d’autorité sur son territoire] ».
Et dans cette optique, il compte bien s’appuyer sur l’aide de Moscou : « Nous avons besoin de la coopération de tous pour éradiquer [les terroristes], en particulier de la Russie. »
Ces commentaires sont en contraste total avec l’administration précédente, et font écho à la position défendue par Moscou qui estime qu’il n’existe pas d’alternative à Bachar el-Assad.
A Versailles, #Macron et #Poutine jettent les bases des futures relations franco-russes,découvrez les sujets évoqués https://t.co/87o9WClKqK pic.twitter.com/tFMzy1VV4v
— RT France (@RTenfrancais) 29 mai 2017
Les bases de ce revirement avaient été posées lors de la visite de Vladimir Poutine à Versailles en mai dernier. Déjà, Emmanuel Macron avait expliqué vouloir à tout prix éviter que la Syrie ne devienne un État failli, estimant que cela représenteraient un « menace pour nos démocratie ». Il avait également martelé que la priorité absolue de Paris était la lutte contre le terrorisme. La différence notable, était dans sa position vis-à-vis du gouvernement syrien et de son président. Il avait ainsi annoncé souhaiter une « transition démocratique, tout en préservant un État syrien ». Des propos qui laissaient penser qu’il penchait à l’époque pour une solution qui impliquant le départ de Bachar el-Assad.
Ce qui représentait déjà en soit une évolution majeure avec les positions défendue par le candidat Emmanuel Macron. Début avril, peu après l’attaque chimique présumée à Khan Cheikhoun, il était pourtant catégorique : « Oui, il faut une intervention internationale en Syrie. Une intervention militaire. » Le sort du président syrien semblait d’ailleurs être scellé : « Bachar el-Assad n’en est pas à son premier crime. Si les faits se confirment, il faut une intervention militaire internationale [...]. On ne peut pas laisser ce qui s’est passé sans sanction ». Si l’on suis la logique du président français et son revirement soudain, il faut donc croire que les faits ne se sont pas confirmés.