L’OSDH et Sana sont d’accord pour signaler, dimanche 24 juin, de vifs combats à Deir Ezzor, la grande ville de l’Est syrien, sur l’Euphrate : l’OSDH y dénombre 16 victimes « civiles » – dont un enfant.
Mais l’agence Sana annonce, elle, la mort de « dizaines de terroristes » au cours d’affrontements essentiellement survenus dans le quarter d’al-Jabileh. L’agence officielle syrienne donne quatre noms d’activistes, ayant sans doute rang de meneurs, tués dans ces combats : Mahmoud al-Nayef, Nizam Rabih, Ali al-Daghim et Mohammad al-Abras.
On peut accorder une crédibilité à cette information dans la mesure où Sana – et certains ici s’en plaignent – est souvent assez « floue » sur les combats en cours, et les bilans de pertes, en tous cas celles des rebelles. L’affrontement de Deir semble avoir été d’une ampleur comparable à celle de l’attaque de l’ASL à Houla en mai, ou des combats pour Haffé, à l’est de Lattaquié, début juin..
Toujours à Deir Ezzor, Sana signale l’enlèvement par un groupe armé, dirigé par un certain Qaisser Hinqawi, du mufti de la ville, Abdel-Qader al-Rawi.
Autre affrontement ayant tourné au désavantage des insurgés dans le secteur d’Idleb, au carrefour Nahileh, sur la route reliant al-Mastoumeh à Ariha : une attaque contre un poste de l’armée s’est soldé par la mort de neuf activistes, et la capture de deux autres, deux soldats étant hélas tués, et trois autres blessés.
Rappelons qu’aux première heures de dimanche un convoi rebelle d’au moins sept véhicules avait été anéanti près de Talbissa, au nord de Homs.
Le mois le plus sanglant ?
L’armée on le voit donne des coups. Et en reçoit toujours. 43 militaires ont été encore enterrés dimanche : un capitaine, trois adjudants-chefs, deux adjudants, un sergent-chef, treize sergents, deux caporaux, vingt-et-un conscrits.
Samedi 23 juin, c’étaient 45 militaires et policiers qui avaient été portés en terre. Et le comptage depuis le 15 juin donne un total, en intégrant les pertes recensées dimanche, de 186 militaires et policiers tués en service.
Pour la première quinzaine de juin, le bilan s’établissait, d’après nos calculs, à environ 280 victimes militaires et policières. On en est donc aujourd’hui à près de 470 militaires et policiers tués depuis le 1er juin. Sans compter un chiffre de blessés certainement trois à quatre fois supérieur.
Incontestablement, la machine à tuer s’est « emballée » ce mois-ci, en Syrie, le gouvernement ayant décidé de mener LA contre-offensive générale contre les bandes armées de toutes obédiences, et celles-ci, bénéficiant d’un armement plus performant, ayant tenté des opérations d’une envergure inusitée depuis les combats pour Bab Amr, notamment à Houla, Haffé et apparemment Deir Ezzor aujourd’hui. On notera que ces trois opérations se sont soldées par des échecs sanglants pour les rebelles.
N’oublions pas, encore une fois, qu’une part importante de ces pertes militaires ne sont pas causées par des combats « réguliers », mais par des embuscades, des attentats à la bombe et des assassinats, la plupart du temps d’officiers supérieurs, ciblés. N’oublions pas non plus que les pertes des bandes sont supérieures à celles de l’armée, même si l’OSDH s’efforce d’en camoufler l’ampleur en en rangeant un certain nombre dans la catégorie des « civils » tués – ce qu’elle semble faire encore pour les combats de dimanche à Deir Ezzor.
Oui, la Syrie telle qu’elle est perd beaucoup de « martyrs« . Mais elle bat partout les insurgés en « rase campagne », leur infligeant des pertes qu’ils auront de plus en plus de mal à combler. De toute façon, à ce stade, le gouvernement et l’armée ne faibliront pas, et l’ASL, ou ce qui en reste, devra choisir entre la reddition ou la destruction. Ou, c’est une option envisageable, la fuite en Turquie.