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Surveillance de la zone ultramarine : la Marine nationale à flux tendus

"Sans surveillance, la souveraineté n’est que fictive"

La France est un grand pays maritime qui s’ignore. À tel point qu’elle en oublie de surveiller les richesses naturelles de sa Zone économique exclusive (ZEE), étendue sur plus de 11 millions de kilomètres carrés d’espaces maritimes que lorgnent pourtant de nombreux pays riverains. Ainsi, le nombre de patrouilleurs de la Marine nationale en service pour surveiller sa ZEE est « à peu près l’équivalent de deux voitures de police pour surveiller le territoire de la France », a brutalement résumé le patron du Groupement des industries de construction et activités navales (GICAN), Patrick Boissier, lors d’une audition début décembre devant les députés de la commission de défense. Et pourtant, selon le ministère de la Défense, « la composante des bâtiments de souveraineté et de présence constitue un élément essentiel pour garantir la sûreté de nos approches maritimes et de nos espaces maritimes ultramarins ».

 

 

« Notre marine manque de moyens pour surveiller notre Zone économique exclusive, qui s’est étendue de 500 000 kilomètres carrés et pourrait encore gagner un million de kilomètres carrés, a estimé l’ancien Pdg de DCNS. Nos moyens d’action de l’État en mer doivent nous permettre de surveiller et de faire respecter la souveraineté française sur cette vaste zone. À défaut, nous allons nous laisser piller nos ressources et contester notre souveraineté. »

Un aveu d’impuissance qui est d’ailleurs acté par la Marine, qui assume avec les moyens mis à sa disposition. Mi-octobre à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Christophe Prazuck, confirmait que compte tenu de l’étendue de la ZEE française, la marine « ne pourra jamais déployer assez de bateaux pour la couvrir ». Son prédécesseur, l’amiral Bernard Rogel, aujourd’hui chef d’état-major particulier de François Hollande, avait lui aussi fait le même constat en 2013.

« Nous ne pourrons pas surveiller en permanence l’ensemble de notre ZEE qui représente plus de vingt fois le territoire métropolitain, mais nous tâchons de la contrôler au mieux, notamment pour éviter que d’autres viennent y exploiter ses richesses. »

« Si nous n’y sommes pas présents, d’autres viendront l’occuper à notre place, avait-il ensuite expliqué aux députés de l’Assemblée nationale en octobre 2015. Aujourd’hui, nous faisons régner l’ordre, notamment en mettant dehors des pêcheurs asiatiques illégaux, mais si nos patrouilleurs ne sont pas remplacés – et c’est également vrai pour les patrouilleurs métropolitains –, nous rencontrerons des difficultés, car ils sont un élément important de l’action de l’État en mer. »

 

 

Un déficit de moyens, mais des succès

En dépit de moyens très contraints pour raisons budgétaires, la France parvient encore à exercer sa souveraineté sur ses espaces maritimes métropolitains et ultramarins. Ainsi, la Marine, qui hiérarchise les zones à surveiller, fait un effort particulier en matière de lutte contre la pêche illégale en Guyane, dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et contre le narcotrafic. « Il faut savoir que la cocaïne interceptée aux Antilles-Guyane par la marine nationale représente environ 40 % de la consommation annuelle française estimée », a révélé en octobre l’amiral Christophe Prazuck.

En outre, les patrouilles de la Marine dans l’immensité de la ZEE peuvent parfois se révéler aussi fructueuses. Ainsi, en septembre 2013, la frégate de surveillance Nivôse, aujourd’hui indisponible en raison d’un incendie, a intercepté un bâtiment singapourien, le Pacific Falcon, qui menait sans autorisation des recherches pétrolières dans la ZEE française du canal du Mozambique.

Mais pour ces quelques succès méritoires, combien de bateaux de pêche et autres, sont-ils passés à travers les mailles d’un filet beaucoup trop large ? Les moyens mis en place par la France depuis des décennies – une frégate, deux patrouilleurs et un bâtiment logistique pour chaque département ou collectivité d’outre-mer – sont dérisoires face à l’immensité de la ZEE française. Toutefois, ce format « paraît cohérent », estime le chef d’état-major de la Marine, qui doit faire face à une suractivité de ses moyens.

 

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La patrouilleur polaire L’Astrolabe

 

Une rationalisation trop poussée ?

Le ministère de la Défense est bien conscient de ces trous dans la raquette. Mais il assume. « Les moyens mis à sa disposition ont été rationalisés et réorganisés en fonction des menaces pesant sur la sécurité et la souveraineté de la France dans chacune de ces zones », explique-t-il. Il a fait le choix de concentrer ses forces de marine dans l’océan atlantique dont la zone guyanaise. Sur l’océan indien, la marine patrouille autour des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et des îles Éparses. Sur l’océan pacifique, elle se déploie dans les ZEE de Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie, autour des îlots Matthew et Hunter dont la délimitation des eaux territoriales françaises est contestée par le Vanuatu, et dans l’environnement de l’atoll de Clipperton.

« Sans surveillance, la souveraineté n’est que fictive », a pourtant rappelé à plusieurs reprises le député UDI du Tarn, Philippe Folliot, ardent défenseur d’une ile de Clipperton qui reste française. La Marine ne passe sur ce territoire français, le seul dans le l’océan Pacifique nord, qu’une fois tous les trois ans en moyenne alors que le Mexique revendique cette ile, dont les fonds sous-marins pourraient révéler des richesses minérales (métaux rares). « Il est vrai que la marine ne peut pas être partout », lui avait répondu en octobre 2015 l’amiral Rogel. Ce que regrette le député Yannick Moreau (Les Républicains) qui a constaté que « la surveillance des ZEE est insuffisante et ne permet pas de contrôler suffisamment le trafic de navires étrangers qui peuvent ainsi exploiter les ressources économiques maritimes françaises ».

« Les moyens existants sont très limités, leur technologie est dépassée (il s’agit de bateaux à simple coque) et ils sont très employés à combler les trous pour diverses missions ‒ suivi des manœuvres russes, participation au groupe aéronaval, etc... », avait expliqué le député PS Jean-Jacques Bridey dans un avis sur le projet de loi de finances 2017.

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La Marine nationale et la ZEE, sur E&R :

 






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6 Commentaires

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  • #1636118

    Moyens en baisse et mauvaise allocation des ressources. Comme pour la sécurité, les lignes ferroviaires etc...
    Les élus depuis des années préfèrent faire de la démagogie électoraliste et engraisser nombre d’administrations inutiles dévouées à l’application de réglementations superflues, voire nuisibles.

     

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  • #1636121
    Le 3 janvier 2017 à 10:32 par Themistocles
    Surveillance de la zone ultramarine : la Marine nationale à flux (...)

    Bernard Rogel, Christophe Prazuck ...,
    nos amiraux semblent regretter que nous n’ayons pas assez de bâtiments pour contrôler chaque bateau de pêche empruntant notre espace maritime.

    Bizarre !

    Les Etats-unis eux utilisent leurs avions militaires pour -plus ou moins discrètement- transporter et importer aux EU la drogue de la CIA.

     

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  • #1636131

    Avec tous les satellites qui scrutent le domaine maritime en permanence, la moindre barcasse entrée illégalement dans nos eaux doit être repérée .

     

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    • #1636184

      Je pense que c’est pas faux.

       
    • #1636321
      Le Janvier 2017 à 19:27 par Mer_d’alors
      Surveillance de la zone ultramarine : la Marine nationale à flux (...)

      Le satellite permet de "constater" certes, après on peut toujours désapprouver et condamner mais vous pensez bien que les États qui pêchent dans nos eaux (pêche au sens large bien entendu) s’en tapent. Retenez qu’un satellite n’arraisone pas. Soit on fait un gros effort "maritime militaire" soit on accepte que notre espace maritime devienne peau de chagrin. Avec les clowns qui nous gouvernent et nos Amiraux qui "constatent" (comme de simples caméras embarquées sur satellite), autant considérer qu’on abandonne petit à petit notre espace maritime.

       
  • #1636151

    « Il faut savoir que la cocaïne interceptée aux Antilles-Guyane par la marine nationale représente environ 40 % de la consommation annuelle française estimée », a révélé en octobre l’amiral Christophe Prazuck.

    Le reste (60%) est acheminé par Falcon privé et passe par les Hauts de Seine via la République Dominicaine...mais ça c’est le travail des douanes dominicaines !

     

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