L’humanitaire conduit parfois à d’étranges arrangements. Par exemple entre l’armée israélienne et les groupes rebelles syriens, dont le Front al-Nosra, la branche locale d’al-Qaïda, à propos du sort des blessés de la guerre civile.
« 2 200 Syriens ont déjà été soignés dans notre pays depuis trois ans », indique un officier supérieur de l’armée israélienne, qui ne manque pas de vanter les efforts réels de l’État juif pour venir en aide aux victimes du conflit qui se déroule à ses portes. Cinq hôpitaux israéliens accueillent ces blessés, qui sont à 90 % des hommes, la plupart en âge de combattre… 70 % des patients sont d’ailleurs traités en orthopédie pour des blessures de guerre. Certes, quelques femmes et des enfants profitent de la médecine israélienne, parfois pour des maladies graves. Mais, reconnaît un médecin, « plus de la moitié sont des combattants ».
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À titre humanitaire
Officiellement, l’armée israélienne (Tsahal) explique que les blessés se présentent à la barrière séparant les deux pays et qu’ils y sont accueillis par l’armée à titre humanitaire. C’est pourtant une frontière en principe totalement fermée et hautement sécurisée, avec des grillages de cinq mètres de haut et toute une série de senseurs (video, radars, etc.) pour détecter les mouvements suspects. Des casques bleus la surveillent également.
Toujours selon Tsahal, les blessés sont pris en charge par des médecins militaires qui opèrent un premier tri avant de les répartir dans des hôpitaux du nord d’Israël. L’armée refuse de communiquer sur la localisation des points de passage, comme s’il y avait quelque chose à cacher. C’est peut-être justement le cas.
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Aujourd’hui, la situation se présente telle que la décrit un officier affecté sur le Golan : « Face à nous, les 80 kilomètres se répartissent en trois secteurs. Au nord, l’armée du régime et ses deux alliés, les Iraniens et le Hezbollah libanais. Au sud, sur quinze à vingt kilomètres, la Brigade des martyrs du Yarmouk, qui a prêté allégeance à l’État Islamique. Au centre, sur 70 à 80 % de la frontière, le Front al-Nosra et d’autres petits groupes rebelles. » C’est dans ce secteur central qu’ont lieu les passages de blessés, puisque Tsahal ne coopère ni avec le Hezbollah, ni avec Daech, comprend-on à demi-mot.