Dans un discours prononcé lors d’une cérémonie en hommage au chef militaire du Hezbollah, Moustapha Badreddine, tué la semaine dernière en Syrie, le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, a annoncé vendredi que sa formation va renforcer sa présence en territoire syrien. Sur le plan politique, le leader du Hezbollah s’est contenté d’un bref appel aux Sudistes, les invitant à participer au troisième round des élections municipales ce dimanche.
Dans la première partie de son discours, Hassan Nasrallah a présenté ses condoléances à la famille du « commandant martyr » et aux familles de tous les « martyrs tombés en Syrie ». Il a ensuite rappelé les grandes étapes du parcours militaire du cadre hezbollahi jusqu’à sa mort, soulignant que Badreddine était « l’un des premiers hommes de la résistance islamique à faire face à l’ennemi israélien ».
Moustapha Badreddine, environ 55 ans, était responsable du dossier de la Syrie, où la guerre fait rage depuis cinq ans entre troupes du régime, rebelles et jihadistes, après la répression d’une révolte pacifique pro-démocratie en 2011. Il était aussi l’un des cinq membres du Hezbollah accusés du meurtre de Rafic Hariri, l’ex-Premier ministre libanais tué dans un attentat à Beyrouth en 2005. Il était même qualifié de « cerveau » de l’attentat. Il faisait en outre l’objet de sanctions du Trésor américain.
« Quand le Hezbollah a décidé de partir combattre en Syrie, Moustapha Badreddine avait été chargé de diriger les unités militaires et sécuritaires en territoire syrien, a dans ce contexte précisé Hassan Nasrallah. Dans un premier temps, il dirigeait les opérations à partir du Liban car je lui interdisais de partir en Syrie, par crainte pour sa sécurité. Mais ces derniers mois, il passait la majorité de son temps en Syrie. »
Selon le chef du Hezbollah, « c’est grâce aux efforts de Badreddine que la résistance a réalisé des exploits et empêché la chute de la Syrie ».
Et Hassan Nasrallah de souligner par ailleurs : « Le martyr avait également joué un rôle central dans le démantèlement des cellules d’espionnage au Liban. »
« Nous n’accusons pas sans preuves »
Samedi dernier, le Hezbollah avait accusé des islamistes extrémistes d’être derrière la mort de Moustapha Badreddine, une rare mise en cause de ces groupes dans l’assassinat d’un cadre aussi important du parti. Aucun groupe rebelle ou jihadiste, que le Hezbollah combat aux côtés du régime dans la guerre en Syrie, n’a cependant revendiqué l’attaque. Le parti chiite, qui a livré une guerre à Israël en 2006, accuse généralement l’État hébreu de l’assassinat de ses cadres, mais pour la première fois, il ne l’a pas mis en cause. Le Hezbollah est l’ennemi juré d’Israël et classé « organisation terroriste » par les États-Unis. Il est devenu la bête noire des rebelles et des jihadistes depuis son entrée en guerre aux côtés du régime.
Commentant la mise en cause des islamistes dans la mort de Badreddine, Hassan Nasrallah a confirmé qu’« aucun élément ne pointe le doigt vers les Israéliens ». « Nous sommes contre les accusations politiques, a martelé Nasrallah. Même dans le cadre d’une guerre psychologique, nous ne mentons pas et nous n’accusons pas sans preuves. »