Un jeune Nyonnais s’était fait photographier en faisant le geste de Dieudonné devant une synagogue, fin 2013. Acquitté en première instance, il a été sanctionné en appel.
« Le geste de la "quenelle" peut, selon les circonstances relatives à son exécution, constituer une manifestation de l’antisémitisme ». Telle est la conviction de la Chambre pénale d’appel et de révision genevoise (CPAR). Elle a ainsi condamné mi-mai un Nyonnais de 20 ans à 80 jours-amende avec sursis pour discrimination.
Fin 2013, alors que Dieudonné occupait la scène médiatique, le jeune bûcheron s’était fait photographier en réalisant le fameux geste de ralliement des fans de l’humoriste français devant une synagogue du centre de la Cité de Calvin, en compagnie de deux amis. L’image s’était ensuite retrouvée sur Facebook et la justice s’en était mêlée.
Le trio avait rapidement été condamné à 90 jours-amende avec sursis par ordonnance pénale. Seul le Vaudois avait fait appel de sa condamnation, ouvrant la voie à un procès. En novembre dernier, le Tribunal de police l’avait acquitté. La juge avait estimé que « le Ministère public n’a pas expliqué en quoi elle (la quenelle, ndlr.) portait atteinte à la communauté juive. Le geste n’est pas antisémite en soi ».
Salut hitlérien inversé
Saisie d’un recours du Parquet, la CPAR fait une autre lecture de la situation. Si elle reconnaît que dans certains contextes, le geste peut être interprété comme un signe antisystème – comme l’a toujours défendu Dieudonné –, la Chambre juge que les conditions ne sont pas réunies ici.
Dans son arrêt, elle stipule qu’au regard du lieu d’exécution du geste, devant la synagogue Beth-Yaacov, la quenelle effectuée par l’accusé « visait des personnes de confession juive », et qu’il faut le comprendre comme un salut hitlérien inversé – soit la même interprétation qu’en a fait la Ligue internationale pour le racisme et l’antisémitisme.
Le Ministère public se dit satisfait de la décision de la Chambre d’appel. L’avocat du jeune homme est resté injoignable mercredi pour commenter cette dernière. Si son client souhaite faire appel, il devra saisir le Tribunal fédéral.