C’est avec parcimonie et mots très choisis que la presse française a fait état des résultats de cette élection en Suède.
Partout, on entend sonner les cloches de la victoire de la démocratie contre le fascisme, puisque le parti nationaliste des Démocrates de Suède (SD) n’a pas atteint les 20 ou 25% qu’il s’était fixés.
Une victoire à la Pyrrhus puisque le SD est devenu l’enjeu principal et l’arbitre des mois à venir. C’est la conséquence directe de l’injection d’un demi-million de migrants dans un pays de 10 millions d’âmes. Comparativement, c’est comme si la France avait fait entrer d’un coup 3 millions de migrants sur son territoire.
On se demande comment les sociaux-démocrates de Suède et d’ailleurs ont pu un instant imaginer que ce choc culturel allait rester impuni. Mystères de la pensée de gauche...
Rarement, en Suède, des résultats d’élections ont été aussi attendus. Et lorsque les premières estimations sont tombées, à 20 heures, peu de partis avaient des raisons de se réjouir. Les Démocrates de Suède (SD), l’extrême-droite locale, qui avait obtenu 13 % au dernier scrutin, progressent encore avec un score qui se situerait entre 16 et 19 %.
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Car c’est bien ce sujet, l’immigration, qui a fait monter l’extrême-droite au cours de ces dernières années. La Suède, qui a reçu 400 000 demandeurs d’asile depuis 2012 – soit un effort inégalé en Europe pour une population de dix millions d’habitants – s’est très vite retrouvée face à des difficultés. Dès 2015, le gouvernement du social-démocrate Stefan Löfven avait dû imposer à nouveau un contrôle strict aux frontières.
Les Modérés ont aussi remisé aux oubliettes les discours de leur ancien Premier ministre, Fredrik Reinfeld, qui avait déclaré en 2014 que les Suédois devaient « ouvrir leur cœur » aux réfugiés. Mais ce sont les Démocrates de Suède, qui considèrent l’immigration comme « une menace économique et culturelle », qui profitent aujourd’hui de cette situation.
Et le parti de Jimmie Åkesson, qui jusque là était ostracisé par les autres formations politiques, entend bien profiter de son nouveau statut. Pour Mattias Karlsson, président du groupe Sverigedemokraterna au parlement, « il est temps (que les autres partis) prennent leurs responsabilités et se mettent à discuter avec SD ».
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En Suède, pays du consensus, de l’État-providence, et où l’on s’est longtemps prévalu d’une politique d’ouverture envers les étrangers, cette ombre menaçante de l’extrême-droite reste pour beaucoup un véritable traumatisme. Dans les locaux des sociaux-démocrates du quartier de Södermalm, à Stockholm, les militants ne pouvaient cacher leur émotion :
« Les SD sont des fascistes, ils ont longtemps eu des relations avec les groupes néo-nazis du pays, rappelle Åsa Odin Ekman, qui dirige cette section locale. Nous devons rester fiers de notre politique d’asile, car l’identité suédoise, elle est là. »
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Article un peu moins gaucho-centré que celui du Figaro (!) de la part d’actu.orange, qui reprend le travail de l’AFP...
L’extrême droite suédoise, sans atteindre ses ambitions, s’est imposée en juge de paix entre les deux blocs dominants à l’issue des législatives de dimanche, contraignant le Premier ministre social-démocrate à tendre la main à l’opposition de centre-droit pour la neutraliser.
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« Une chose est sûre, personne n’a obtenu de majorité. Il est donc naturel de lancer une collaboration entre les blocs », a déclaré devant ses partisans le Premier ministre sortant Stefan Löfven.
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M. Löfven est déterminé à rester à la tête du gouvernement et à faire barrage à la formation anti-immigration qui se voit faiseur de rois.
Le chef du gouvernement est traditionnellement le dirigeant du parti ayant obtenu le plus grand nombre de voix. Mais le nouveau paysage politique fragmenté de la Suède rend toute conjecture particulièrement hasardeuse.
Le Parti social-démocrate perd près de trois points par rapport aux législatives de 2014, tombant à 28,4% des suffrages, selon des résultats portant sur 99,8% des circonscriptions.
Critiqué tout azimuts sur son bilan migratoire et social, le chef de gouvernement apparaît personnellement fragilisé par quatre années d’un mandat tumultueux qui a vu l’arrivée en 2015 de 160 000 demandeurs d’asile, un record en Europe rapporté au nombre d’habitants.
Le scrutin est également décevant pour les conservateurs d’Ulf Kristersson. Ils perdent 3,5 points en quatre ans, atteignant 19,8% des voix.
Faiseur de rois
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Les Démocrates de Suède (SD), formation anti-immigration, nationaliste et europhobe obtiendrait 17,6% des votes, après 12,9% en 2014, échouant à devenir le deuxième plus grand parti de Suède.
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« Nous sommes les grands gagnants de cette élection (...). Nous allons exercer une véritable influence sur la politique suédoise », a lancé un Jimmie Åkesson triomphant à ses partisans réunis dans un restaurant de la capitale.
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L’opposition est déterminée à déloger les sociaux-démocrates. Mais pour construire une majorité, il lui faudrait dynamiter le cordon sanitaire qui, jusqu’ici, tenait les Démocrates de Suède à distance d’une influence politique directe.
Ce ne sera pas facile, tant centristes et libéraux ont dit et redit leur refus d’un pacte « avec le diable ». Et sept sympathisants conservateurs sur dix ne veulent pas entendre parler d’une main tendue à l’extrême droite.
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En septembre 2015, il [le Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven] justifiait l’ouverture aux réfugiés de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan au nom d’« une Europe qui n’édifie pas de murs ». Deux mois plus tard, il annonçait un tour de vis migratoire et le rétablissement des contrôles aux frontières.