La municipalité (PS) de Strasbourg estime "possible" d’interdire le spectacle de l’artiste controversé Dieudonné, prévu le 12 juin dans une salle de la ville, même si les moyens légaux pour y parvenir sont limités, a affirmé jeudi le maire Roland Ries.
"La perspective d’une interdiction aujourd’hui n’est pas arrêtée définitivement mais possible, en fonction de l’évolution des circonstances", a expliqué M. Ries à l’issue d’une réunion en préfecture consacrée aux moyens légaux à disposition pour interdire le spectacle.
"Certains signes apparaissent qui pourraient troubler l’ordre public", notamment une manifestation prévue d’opposants à la venue de l’artiste, a-t-il expliqué.
"Nous n’avons pas d’éléments objectifs qui permettent de pencher" pour une interdiction, a admis le préfet du Bas-Rhin Pierre-Etienne Bisch. Mais, a-t-il souligné, "il y a la possibilité de s’opposer à des évènements qui seraient considérés comme inacceptables en terme de liberté publique, comme des menaces avérées, précises, de troubles graves à l’ordre public qu’on ne pourrait pas juguler autrement".
"Nous sommes encore loin de la date du 12 juin, nous avons largement les moyens d’agir pour permettre la libre expression de tous les courants d’expression légaux et soumettre à l’autorité judiciaire tous les manquements, comme les propos racistes", a ajouté le préfet.
Roland Ries a assuré faire "la différence entre la liberté d’expression, d’opinion, et le racisme, l’antisémitisme, l’islamophobie qui sont des délits".
"Un délit n’est répréhensible que quand il est commis, a-t-il rappelé, mais c’est le rôle des pouvoirs publics de prendre des précautions et ne pas être pris au dépourvu".
L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ainsi que plusieurs autres organisations antiracistes ont demandé l’annulation du spectacle, estimant que c’était une "tribune politique incitant à la haine raciale et à la haine antisémite".
Mais la semaine dernière, le tribunal administratif de Montpellier a annulé un arrêté municipal d’interdiction du spectacle de Dieudonné, considérant qu’il représentait "une atteinte grave à la liberté d’expression".
Le 10 mai, le spectacle de Dieudonné a été interrompu par la police belge à Bruxelles, où il risque de nouvelles poursuites judiciaires pour "xénophobie" et "incitation à la haine raciale".