Cloué dans un fauteuil et s’exprimant via un ordinateur, Stephen Hawking, qui est décédé mercredi à 76 ans, a consacré sa vie à percer les secrets de l’univers et à populariser l’astrophysique.
Sa silhouette désarticulée, recroquevillée dans un lourd fauteuil électrique, était connue dans le monde entier. Incapable de marcher ni de parler depuis des dizaines d’années, le physicien anglais Stephen Hawking est mort ce mercredi à l’âge de 76 ans. « Nous sommes profondément attristés par la mort aujourd’hui de notre père adoré », ont déclaré ses enfants Lucy, Robert et Tim dans ce texte publié par l’agence britannique Press Association. « C’était un grand scientifique et un homme extraordinaire dont l’œuvre et l’héritage vivront encore de nombreuses années », ont-ils écrit.
L’affection dégénérative paralysante diagnostiquée il y a plus de 50 ans (une sclérose latérale amyotrophique, aussi appelée maladie de Charcot en France et maladie de Lou Gehrig aux États-Unis) aura finalement eu raison de lui. Reconnu par ses pairs pour des travaux de jeunesse remarquables sur les trous noirs, le cosmologiste était devenu une icône. Son corps brisé a nourri auprès du grand public le fantasme d’une science pure, immatérielle, désincarnée. L’histoire de sa vie, le drame de sa maladie, ont forgé une légende.
Un garçon « paresseux »
Né le 8 juillet à Oxford en 1942, soit trois siècles jour pour jour après la mort de Galilée, Stephen Hawking n’est pas un génie précoce. Ses résultats à l’école sont corrects, sans plus. Sa mère admet même volontiers que son garçon est « paresseux ». C’est « un autodidacte », « un papier buvard qui absorbe tout », se rappelle-t-elle dans une biographie publiée dans les années 90. La famille est cultivée, un peu excentrique. Chacun peut apporter son livre à table et lire en mangeant.
En 1959, son père, chef du service de parasitologie à l’Institut national de recherche médicale, à Londres, part en Inde avec sa femme et ses trois plus jeunes enfants pour une mission de plusieurs mois. Stephen, l’aîné, 17 ans, reste en Angleterre. Hébergé par la famille d’un ami, il parvient, après quelques mois d’études solitaires, à décrocher une bourse de physique à l’University College, le plus ancien collège de l’université d’Oxford.
Au sein de la vénérable institution, la future star mondiale de la physique s’ennuie ferme. Selon ses professeurs, Hawking travaille très peu. Lui-même reconnaît à plusieurs reprises n’avoir pas consacré plus d’une heure par jour à étudier. Ses camarades remarquent néanmoins très vite les aptitudes de cet original aux lunettes épaisses et au large sourire qui préfère traquer les erreurs dans les manuels plutôt que d’en résoudre les problèmes.
En deuxième année, le jeune homme, plutôt chétif, pour ne pas dire malingre, intègre le prestigieux club d’aviron en tant que barreur. D’un naturel aventureux, plein de confiance en lui, il casse autant de bateaux qu’il gagne de courses. Ces innombrables après-midi passées sur les rivières sont à deux doigts de lui coûter la mention « très bien » à son examen final. Il la décroche de justesse et au culot en « menaçant » les examinateurs de rester à Oxford s’ils ne la lui donnent pas. Ce précieux sésame lui est indispensable pour postuler à un doctorat à Cambridge. À rebours de son époque, Hawking choisit la cosmologie, l’étude des origines de l’univers, plutôt que la physique quantique, un domaine pourtant en pleine effervescence.