Exprimant ses frustrations au travers de la formule « tout ce qui pouvait mal tourner a tourné mal », le milliardaire, financier d’un nombre incalculable de révolutions de couleur à travers le monde, a déclaré au Washington Post qu’il « vivait dans [sa] propre bulle » parce qu’il avait échoué à prévoir la montée fulgurante de Trump.
Craignant que Trump ne « veuille détruire le monde », selon ses termes, il a promis de « redoubler d’efforts » dans la tâche d’arroser de millions de dollars tout ce qui s’opposerait au président, partout dans le monde.
Et le Hongrois-Américain pourrait bien être fondé de ressentir ressentiment et déception : Trump, à lui tout seul, a présidé le démantèlement de l’ordre libéral-mondialiste sur lequel Soros avait œuvré depuis des décennies, détruisant le vieux paradigme des relations transatlantiques d’une simple volée de tweets, et ouvrant la voie à un retour de mœurs, d’éthique et de valeurs chrétiennes dans la société américaine, tant d’idées qui constituent l’anathème pour le milliardaire athée. Du point de vue de Soros, Trump détruit réellement le monde, pas dans un sens apocalyptique comme il l’induit, mais plutôt idéologiquement : c’est le fondement d’un ordre mondial complètement renouvelé par rapport à celui dont le président avait hérité à son élection.
Obama, que l’on peut considérer comme [ancien] délégué de Soros à la Maison-Blanche, œuvrait à la construction d’un monde où les USA s’inclinaient devant l’autorité de l’ONU pour beaucoup (mais, et c’est important, pas tous) de sujets clés, tels le changement climatique et les agendas de développement durable, annonçant un nouveau multilatéralisme qui aurait transmuté les relations internationales vers une sorte de « gouvernement mondial unifié », mais qui serait resté largement sous influence indirecte américaine. En parallèle, la vision Obama/Soros était de faire qualifier par les médias leurs opposants de « racistes, fascistes, suprémacistes blancs », pour avoir osé penser que l’avenir pourrait être différent, et voilà que d’un coup Trump est arrivé et s’est appliqué à détruire leur héritage.
Le monde que Trump veut construire est un monde d’unilatéralisme américain sans limite, dans un cadre de « gouvernance frontale », et d’un retour assuré vers l’unipolarité déclarée ; il essaye de corriger ce qu’il pense réellement être les nombreuses erreurs historiques commises volontairement par Obama, Soros, et d’autres avant lui, mettant à mal le pouvoir américain au travers d’accords commerciaux bancals et de divers engagements injustes. En résumé, cette réorientation mondiale peut être décrite comme une « révolution dans les affaires du monde », en raison du nouveau « logiciel de pensée » utilisé pour piloter les politiques américaines à partir du point présent.