Vincent Lapierre, reporter pour ERTV, s’est rendu à la 23ème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour suivre le procès opposant Frédéric P. à Marc Grinsztajn. La bagarre entre les deux hommes dans la nuit du 12 septembre 2015, que la presse a désespérément essayé de faire passer pour une agression antisémite inspirée par Alain Soral, était arrivée à point nommé pour relancer les ventes très maigres du livre de Robin D’Angelo et Mathieu Molard, Le Sytème Soral, dont Marc Grinsztajn est l’éditeur. Récit de l’audience.
Extraits de l’article du Monde consacré au procès
2 h 15 du matin, le 12 septembre. Marc Grinsztajn rentre chez lui, lorsqu’un homme surgit, flasque de rhum à la main et injures antisémites à la bouche. L’éditeur du livre Le Système Soral (de Robin D’Angelo et Mathieu Molard, Calmann-Lévy) lui décoche un coup de poing, son agresseur réplique en lui lançant sa bouteille. M. Grinsztajn finit la nuit avec quelques agrafes à l’arrière du crâne et deux jours d’incapacité temporaire de travail.
Des faits qui valent à Frédéric P. de comparaître pour violences volontaires avec les circonstances aggravantes d’ivresse et d’injures à caractère antisémite. Face au tribunal, il est d’accord pour endosser les insultes antisémites, mais pas les violences volontaires, pour lesquelles il est pourtant poursuivi. Et ce, car il n’a pas porté « le premier coup », du moins physique. « N’inversez pas le dossier, prévient la procureure. Si quelqu’un est victime ici, ce n’est pas vous M. P. » [...]
Alors, « êtes-vous antisémite ? », lui demande la procureure. « Je ne pense pas, mais je fréquente des gens qui le sont. Et ça me tape sur la tête parfois. » Rien à voir, toutefois, avec Alain Soral. Certes, il a vu certaines de ses vidéos et lu un de ses ouvrages, mais il réfute toute accointance avec l’essayiste d’extrême droite. [...]
Marc Grinsztajn est pour sa part persuadé qu’il n’a pas été agressé par hasard, mais bien parce qu’il est l’éditeur du livre Le Système Soral. Enquête sur un facho business, paru à peine dix jours avant l’agression. Son nom y apparaît dans les premières pages. « Et même s’il n’y a pas de lien direct, cela montre bien que les thèses de Soral imprègnent l’extrême droite », souligne Me Ghnassia, qui voulait que soit reconnue la préméditation. [...]
Savait-il, ne savait-il pas qui il agressait ? Le parquet ne le sait pas, lui non plus. « La bêtise, l’alcool, la haine : voilà ce qui a guidé M. P. le soir des faits », estime la procureure. Mais celle-ci ne requiert pas la préméditation, qui ferait « tomber le dossier dans la caricature ». L’ivresse et l’antisémitisme ont été retenus par le tribunal, qui a condamné Frédéric P. à six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans.