Monsieur le Président,
Nous, écrivains russes soussignés, nous vous demandons de faire preuve de miséricorde. Depuis plus de 23 ans, le citoyen vénézuélien Ilich Ramirez Sanchez est en détention ; sa santé s’est dégradée, mais il garde l’espoir d’une libération. Une grande partie de ces années il les a passées en régime d’isolement, ce qui peut être considéré comme une forme de torture, et la torture, comme vous le savez, est interdite en France.
D’ailleurs son arrestation en 1994 au Soudan pose de nombreuses questions, car il n’y avait pas de procédure d’extradition prévue par la loi. Il s’agissait de l’enlèvement d’un citoyen d’un État étranger, en dehors du territoire français, grâce à la collusion d’intérêts de services d’autres pays encore ; tout cela n’est pas à l’honneur de la France qui, pour le monde entier, est un modèle de respect du droit.
Ilich Ramirez Sanchez, dit Carlos ou le Chacal est un révolutionnaire du XXe siècle et par ses hauts faits, il est sur un pied d’égalité avec ces figures héroïques que sont à jamais Ernesto Che Guevara, Nelson Mandela et Douglas Bravo. En tant que soldat de la révolution, il a agi sur aux côtés du bloc de l’Est et de l’Union soviétique, tout en restant une personne indépendante.
L’arrestation de Ramirez Sanchez en 1994 devrait être interprétée comme un écho de la guerre froide, quand le monde était divisé en deux camps. Aujourd’hui, la nécessité de punir un homme pour avoir lutté contre des organisations politiques qui n’existent plus ne se justifie pas. Nous, les écrivains soussignés, croyons que 23 ans de détention constituent une peine suffisante.
Monsieur le Président, nous tenons à vous rappeler que la France est considérée comme la patrie de l’humanisme et de la miséricorde. Aujourd’hui, vous avez une chance unique de montrer au monde – tant aux amis qu’aux ennemis de votre pays – que la France est capable de pardonner. Pour cette raison, nous vous demandons de gracier Ilich Ramirez Sanchez dit Carlos le Chacal avec le droit de quitter la France pour se rendre soit dans la Fédération de Russie, soit au Venezuela soit dans d’autres pays qui sont prêts à l’accueillir.