2005 : Alain Soral sur Simon Liberati et Beigbeder
Les journalistes mainstream se sont pâmés, normal : le livre d’un poète maudit de théâtre qui écrit sur les Stones, soit le look sans le contenu – une vie dure dont personne ne voudrait, mais source de véritable inspiration – même si ça a 50 ou 60 ans de retard (Kerouac, Bukowski), c’est suffisant pour le milieu littéraire français, qui a glissé dans le Annie Ernaux et le Brigitte Giraud, le Nobel pour l’une, le Goncourt pour l’autre.
Ernaux, c’est la bourgeoise égocentrique qui nous tanne avec son œuvrette de Balzac de sous-préfecture, Giraud, c’est la dame qui raconte sa vie après la mort de son mari en bécane. Rien de littéraire là-dedans, que du fait divers féministe, pas étonnant, au milieu de tous ces non-sujets, que le poète-maudit-alcoolique de service rafle un prix complètement démonétisé. Lui aussi fait dans l’ego trip, mais avec un petit rôle de composition, c’est moins féminin.
Au fait, le Renaudot, c’est le prix attribué par Renaud, le chanteur tombé dans l’alcool et le sionisme ?
Écoutez, par le gratos 20 Minutes, le pitch de ce livre déchirant :
Un écrivain septuagénaire abîmé par la drogue et l’alcool renoue avec le feu sacré en écrivant un scénario de série sur les Rolling Stones (époque 1967-1969) tout en entretenant une relation passionnée avec sa belle-fille, nettement plus jeune que lui [de 50 ans, NDLR].
- Simon pose ici avec sa compagne Eva Ionesco, qui n’est pas sa belle-fille (plus jeune de 50 ans) dans le livre
Ouah, du rock, du people, de l’inceste et de l’alcool. C’est vraiment très maudit, la bourgeoisie va trembler. Il y a même un critique qui ose une explication de haut vol :
« Simon Liberati trouve des ponts des communs entre la vieillesse vouée à l’échec de son personnage et le mal-être du guitariste Brian Jones mort en 1969 dans des circonstances troublantes », écrit-il. Deux êtres torturés par la peur de la perte de l’autre.
Là, comme dirait Mbappé, on n’a plus les mots. À la vérité, car on vous la doit, on n’a pas lu le livre, on préfère relire un vrai livre rock (définition : dérangeant, violent) comme Pimp ou un bon vieux Himes, sinon du Thompson. Ensuite, si la définition de rock comme adjectif a changé, il faut nous prévenir. Si Liberati est rock, alors les autres sont quoi ? Ernaux est disco ? Et Iceberg Slim ?
Une chose est sûre, un tel pitch qui sent la fin du voyage ne peut venir que d’un esprit vide, comme la bouteille du même nom. La civilisation littéraire du moije a fait beaucoup de mal au lectorat, qui a été noyé sous un flot de vies inintéressantes au possible. Normalement, le livre doit vous envoyer dans une vie autre, une pensée autre, quelque chose d’original, pas la pâle copie des fantasmes générationnels validés par la socio-culture. Autre chose, qui est sûre, Soral n’a pas réécrit l’ouvrage, sinon il aurait été ou interdit, ou bloqué dans le processus de sélection du Renaudot.
Devoir de mémoire
On vous reporte à cet article publié en août 2007, inspiré par L’Organe de l’époque, un webzine qui était, comment dire, assez rock. Alors que l’article de L’Organe racontait par le menu les réécritures du livre de Liberati, celui d’Alexandre Anizy ajoute la petite hypocrisie d’André Rollin, le critique littéraire du Canard enchaîné, vous savez, ce journal qui a refilé 3 millions sur 20 ans à la femme d’un dessinateur pour un emploi fictif, et qui sous-paye ses pigistes.
Le commerce des livres va battre son plein à l’automne. Nous y verrons malheureusement des choses affligeantes, dont nous avons eu un avant-goût cette semaine. En effet, l’article de M. André ROLLIN dans le Canard enchaîné du 15 août nous laisse perplexe : alors qu’on annonce 727 romans pour la rentrée, ce critique littéraire choisit de parler du dernier bouquin signé par Simon LIBERATI.
Après avoir présenté le sujet du roman, André ROLLIN commente : « Ce roman tout foutraque a quelque chose comme une lumière (…). (…) Peu banal, ce (bip…) va faire grincer des dents, va briser la bien-pensance décontractée : finalement, c’est un long poème plein d’éclairs et de grimaces. » « (bip…) ce n’est pas rien ! ».
Plutôt sympathique la critique !
M. André ROLLIN a pignon sur rue. Un professionnel comme lui ne peut pas ignorer certaines informations publiques : Simon LIBERATI a signé un 1er roman (corrigé pour certains, réécrit pour d’autres) avec l’aide d’un « nègre ».Rappelons les choses publiées sur la Toile et à notre connaissance jamais démenties.
Comme le roman « Anthologie des apparitions » de Simon LIBERATI fut d’abord refusé, il appela Alain SORAL pour corriger son texte. SORAL proposa la version 2 à Flammarion, plus susceptible de toucher le grand public, via Stéphane Million de la revue Bordel. Frédéric BEIGBEDER accepta de le publier sans être informé de l’épisode « amélioration du texte ».
Alors quand Alain SORAL demanda à BEIGBEDER, en guise de remerciement, une promotion (i.e. une louange dans un article de presse) pour son livre « Misères du désir », l’ex-animateur de « l’Hyper show » le prit mal : cela donna, dans l’hebdomadaire "Voici", « 5 raisons de plaindre Alain SORAL ». Ce n’était pas vraiment le coup de projecteur attendu.Alain SORAL, invité deux mois après à une soirée de la revue Bordel par Stéphane Million, rencontra BEIGBEDER et... le gifla en public.
Tragique méprise ! LIBERATI s’était bien gardé de médiatiser la honteuse séance de réécriture.Le roman de LIBERATI eut un beau succès d’estime à la rentrée 2004 : il fallait voir les critiques du côté du Nouvel Observateur et de Libération, aidées ( ?) par un passage bukowskien (i.e. le jeu d’un écrivain bourré) dans l’émission de Thierry ARDISSON.
Heureusement, le magazine "Complément d’enquête" de Benoît Duquesne va dresser un portrait de SORAL en éminence antisémite du comique DIEUDONNé (lundi 20/9 France2, 23h05). LIBERATI respire : il a eu politiquement raison de trahir Alain SORAL.
Jean ROUZAUD, sur les ondes de radio Nova le 20 septembre à 18h20, décrétait que « ce roman interlope est génial » après avoir rappelé les « bons conseils d’Alain SORAL », ce qui fit perdre la voix à Simon LIBERATI.
À quoi tient la carrière bien bourgeoise d’un auteur rock...
L’interview rock en fauteuil de Simon