« Qui mijote, sème, propage, fricote, je vous le demande, magnifie, pontifie, virulise, sacremente cette saloperie suicidaire ? Ne cherchez pas ! Nos farceurs gueulards imposteurs Patriotes, notre racket nationaliste, nos chacals provocateurs, nos larrons maçons, internationalistes, salonneux, communistes, patriotes à tout vendre, tout mentir, tout provoquer [...] De nos petites vies personnelles, de notre vie nationale, ils se branlent effroyablement, c’est le cadet de leur souci. »
Louis-Ferdinand Céline, L’École des cadavres, 1938
Enfin ! Quel soulagement ! Un ouvrage bien comme il faut vient d’être honoré pour avoir dénoncé « la théorie du genre », « la théorie du réseau », « la théorie de la discrimination positive » et « l’apologie du non-occidental ». Ce chef-d’œuvre tant espéré, c’est La Nouvelle Idéologie dominante. Le post-modernisme, de Shmuel Trigano, qui a reçu le « prix de l’Impertinence », distinction littéraire destinée à récompenser un essai « s’inscrivant à contre-courant de la pensée unique [1] ».
Le jury récompense là un effort de longue haleine. Très tôt en effet, Trigano a pris sur son temps, qu’il vouait surtout à l’étude des Livres et à la présidence de l’Observatoire du monde juif, pour soudainement se lancer dans la lutte à la Goldnadel pour la tradition « judéo-chrétienne » et l’identité nationale. Il était temps ! Parce qu’entre la marchandisation de la famille, l’assommoir fiscal, la glorification des Roms et on en passe, nos bons vieux Français commençaient à faire une indigestion de couleuvres.
Certes, toutes ces offensives mondialistes ont déjà été amplement prophétisées et décortiquées. Auteurs du XXe siècle, intellectuels contemporains engagés, personnalités politiques et associatives dissidentes : il y a déjà du monde sur le créneau… Qu’importe : ces penseurs dissidents ne conviennent pas du tout, car ils ne jouent pas dans la bonne équipe ! Par ailleurs, ils ont le mauvais goût d’y croire, eux, à toutes ces histoires de défense du travailleur français et de sa famille !
Non, comme d’habitude, il faut reprendre le contenu et le remettre entre de bonnes mains. Trigano a donc su s’approprier ces constats que la réalité valide tant aujourd’hui, et, surtout, couper l’analyse où il le faut, c’est important !
Et il est fiable, à n’en pas douter. Comme il le confie à des instances plus discrètes, ce bon Shmuel a compris que le problème du multiculturalisme aujourd’hui, c’est qu’il va de pair avec l’essor d’un « nouvel antisémitisme [2] ».
Trigano sait aussi faire preuve d’intransigeance : ainsi avait-il remarqué que le discours de Sarkozy au dîner du CRIF n’avait pas une teneur suffisamment pro-Israël (eh oui !) [3]. Trêve de mollesse ! Une France forte… mais au service de la mère Patrie, bien sûr !
Il faut vraiment des hommes comme lui. En politique, l’équivalent, c’est ce cher Jean-François Copé, qui après avoir craché à la gueule du FN depuis toujours, reprend tout son programme...
C’est ça le problème avec les gens : quand ils se mettent à réfléchir, mieux vaut avoir des billes partout, pour s’assurer que les idées qui se baladent aboutissent bien toutes au bon endroit. Au point de donner un prix d’impertinence à un ultra-sioniste ? Oui c’est un peu gros, mais chut...