L’avocat, défenseur de la cause des déportés juifs de France, demande que soit interdite la prochaine réédition des pamphlets antisémites de l’écrivain. Gallimard fait valoir son intention « d’encadrer et de replacer dans leur contexte » ces ouvrages.
« Je réclame [une] interdiction en tant que président de l’Association des fils et filles de déportés », a fait savoir Serge Klarsfeld, inlassable militant de la mémoire de la Shoah, dans un entretien publié par L’Obs le 20 décembre, à propos du projet de Gallimard de rééditer des textes antisémites et racistes de Céline. « S’il est possible de demander une interdiction préventive – puisque finalement ces textes sont connus et qu’on peut imaginer les faire lire à un magistrat avant la republication prévue par Gallimard –, nous le ferons », a ajouté l’avocat et historien.
Pour le célèbre défenseur de la cause des déportés juifs de France, « aucun appareillage critique ne peut alléger la teneur » des propos « abjects » de Céline. Selon lui, les pamphlets de l’écrivain défunt « tombent tout simplement sous le coup de la loi ». « On interdit [Alain] Soral, mais pour moi, Soral ou Dieudonné, en matière d’antisémitisme, c’est une sarbacane, alors que Céline, c’est une bombe atomique », avance encore Serge Klarsfeld.
Celui-ci précise qu’il n’est pas « pour une censure totale du texte » : « Que les universitaires étudient ce livre pour comprendre, aillent en bibliothèque pour le consulter, pas de problème », déclare-t-il.
La maison d’édition Gallimard prévoit de publier, à une date inconnue, sous le titre Écrits polémiques, un volume rassemblant les trois textes antisémites et racistes de Céline : Bagatelles pour un massacre (1937), L’École des cadavres (1938) et Les Beaux draps (1941). La veuve de l’écrivain, Lucette Destouches, 105 ans, s’était jusqu’alors toujours opposée à cette réédition, conformément aux souhaits de Céline.
Dans un communiqué transmis à l’AFP, les éditions Gallimard assurent que leur « intention est d’encadrer et de replacer dans leur contexte des écrits d’une grande violence, marqués notamment par la haine antisémite de l’auteur ». L’appareil critique et l’avertissement seront établis par Régis Tettamanzi, un spécialiste de l’œuvre célinienne, Pierre Assouline signant la préface.
Les écrits de Céline tombant dans le domaine public en 2031 (soit 70 ans après sa mort), « il a paru juste » à Gallimard de « prendre en charge l’ensemble de cette œuvre », de l’expliquer plutôt que de la laisser « à la libre interprétation de lecteurs mal avertis ».