Médiapart fait dérailler le Sénat avec son reportage sur la retraite stratosphérique des sénateurs : « On va finir avec la tête au bout d’une pique », hurle un sénateur LR. « C’est de la démagogie, ils veulent faire cramer le Sénat ? », fulmine un autre, pourtant de gauche... (Nils Wilcke)

Demander à connaître la retraite de ceux qui réforment la notre, c’est donc « vouloir faire cramer » le Sénat. Mais qui renforce l’antiparlementarisme et le « Tous pourris » ? (Michael Hajdenberg)

On va tout de suite éliminer la première critique venant des tenants du Système : tous pourris ? Non, pas tous, mais beaucoup, et beaucoup trop.

Les sénateurs, au nombre de 348, siègent en leur palais du Luxembourg. Idéalement situé à Paris, au calme, avec une vue sur les arbres du jardin, les lectrices de romans sur les bancs, les dragueurs et les joueurs d’échecs, les législateurs emploient à peu près 10 personnes par tête de pipe, un nombre en baisse depuis 10 ans. Nantis d’un logement de fonction (que certains sous-louent en douce), les sénateurs gagnent 7 200 euros brut par mois, ce qui fait 5 423 net.

Mais tout le monde ne gagne pas pareil : les fonctions spéciales font monter la fiche de paye. Ainsi, le gros président du Sénat, qu’on ne présente plus et qui est connu pour ses petits déjeuners pantagruéliques, gagne 7 166 euros de plus. Il y a ensuite toute la cohorte des questeurs, secrétaires de bureau, présidents de commissions, etc. Il faut ajouter à ces sommes rondelettes les frais de mandat, soit 6 000 balles, plus 7 600 balles pour rémunérer les assistants parlementaires, qui sont souvent des assistantes, suivez notre regard.

Tout va bien pour eux, il y en a qui bossent pas mal (leurs rapports sont souvent intéressants), d’autres qui bouffent beaucoup, ça picole aussi, ça grossit, bref, c’est un peu la Chambre de la IIIe République moins l’agitation. On ne réveille pas un sénateur qui digère.

Le sénateur gagne bien sa vie et se foule peu au boulot : on n’a pas connaissance d’un accident du travail dans les travées de cette assemblée, qui a souvent été comparée à un Ehpad de luxe.

Grassement payés pour trahir le peuple

L’image de ces 348 gros républicains a pris un nouveau coup dans l’aile depuis qu’ils ont validé la réforme des retraites, qui inflige aux travailleurs deux ans de boulot en plus, prétendument pour sauver le régime des retraites par points. En réalité, il n’en est rien puisque ce régime n’était pas menacé. Mais les néolibs à la tête de l’État (notez l’oxymore) n’en ont cure : ils obéissent à la Commission européenne, qui est là pour détruire les États-nations et les soumettre à sa volonté mondialiste. C’est admis par ce pauvre Dussopt, le social-traître par excellence, le mec venu d’en bas qui prend tout dans la gueule pour le compte de l’oligarchie :

De social-traîtrise, il en est de plus en plus question dans le bras de fer qui oppose gouvernement et syndicats, plus tous les travailleurs non syndiqués mais concernés par cette répression déguisée en réforme. Dans le genre Dussopt, on trouve le LR Retailleau, qui se fait tailler sur Twitter.

Bruno #Retailleau est l’un des sénateurs les moins actifs de France :
 19 ans au Sénat.
 UNE présence en commission en 12 mois.
 14 semaines d’activités sur 52.
 Aucune activité entre mars et juillet 2022.

Pourquoi s’en prend-il plein la gueule ?

Parce que son groupe, majoritaire au Sénat avec 145 membres, a brisé le front commun que ces représentants (indirects) du peuple auraient pu opposer à cette loi scélérate. Et quand on lit le chapitre Wikipédia de Bruno consacré aux questions sociales et économiques, on tombe de sa chaise. Son sale quart d’heure risque de durer un peu...

Désormais, la liste complète des sénateurs qui ont trahi le peuple circule. Symboliquement, ça fait mal : ceux qui n’ont pas voulu réformer leur très avantageux régime de retraite ont validé la réduction de 2 ans de la retraite des Français.

La retraite à 64 ans a finalement été votée... par 14 députés et sénateurs

Pour rappel, la commission mixte paritaire (CMP), qui réunit à huis clos sept députés, sept sénateurs et autant de suppléants, a entamé mercredi matin sa réunion d’examen du texte de la réforme des retraites. Sa mission est de parvenir à un compromis sur les mesures qu’Assemblée nationale et Sénat n’ont pas votées dans les mêmes termes. (Cnews)