Reconstitution de ligue dissoute. C’est un peu l’impression qu’on a en entendant les deux éditorialistes commenter l’actualité politique sur RTL, ce matin du vendredi 31 mars 2017. Les deux anciens bretteurs d’i>Télé, l’un de droite et l’autre de gauche, se retrouvent pour annoncer que Villepin va bientôt rejoindre En Marche !, le mouvement d’Emmanuel Macron.
Soutien à Macron : "Manuel Valls a été fidèle à ses convictions", estime @nicodomenach dans #RTLMatin avec Eric Zemmour pic.twitter.com/PWQ7ELVCjC
— RTL France (@RTLFrance) 31 mars 2017
Domenach feint de constater cette nouveauté tectonique entre la droite et la gauche, qui existe depuis toujours avec l’alliance de fait UMPS ou LRPS, ce grand Parti de l’Alternance qui ne partage pas le pouvoir avec la droite nationale (la vraie droite) et la gauche sociale (la vraie gauche).
En réalité, cette social-démocratie à la française existe depuis 1983, date à laquelle la gauche a « opté » pour le libéralisme au détriment du socialisme. Ce n’était pas forcément de gaieté de coeur, car il y a eu deux ans de tentatives socialistes, mais les marchés – c’est-à-dire la puissance bancaire intérieure et extérieure – ont réagi avec efficacité, renversant le dogme principal qui retenait encore la gauche française par rapport à ses voisins européens, qui avaient déjà fait leur aggiornamento en la matière. La puissance du Parti communiste français ayant retardé ce changement de cap majeur de la gauche nationale, ou plutôt antinationale. Car ce faisant, la gauche de pouvoir française s’alignait sur les positions américaines, atlantistes et sionistes.
"On nous annonce Claude Chirac comme soutien d'Emmanuel Macron", dit Eric Zemmour dans #RTLMatin avec Yves Calvi pic.twitter.com/NKwQWCBPHe
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On en voit le résultat aujourd’hui avec un Manuel Valls, pur produit de la social-démocratie (l’héritier de Rocard), prêt à travailler avec Macron, pur produit de la Banque, et Villepin, pur produit de la grande bourgeoisie de droite.
D’aucuns pourraient penser qu’il s’agit « enfin » d’une union nationale pour sauver le pays, mais il s’agit simplement d’un dernier coup de poker venu d’en haut pour sauver ce parti de l’alternance qui n’a jamais travaillé que pour l’oligarchie et pas pour la Nation. De plus, cela sent l’arc républicain anti-FN à plein nez, et l’empressement avec lequel les troupes de droite (dont 50 conseillers ont encore « choisi » Macron ce jour) rejoignent Macron montre que le Système joue contre la montre. Le score attribué au FN au premier et au second tour par les sondages non publiés doit être bien élevé pour provoquer l’éclatement des deux grands partis de l’alternance et les obliger à fusionner... Extrait du Figaro du jour :
« Le programme de Macron ? C’est de la tisane qui ne règle aucune de nos difficultés, s’insurge Henri de Castries. Il y a du populisme chez Macron qui donne des frissons à la rive gauche de Paris car il est sympathique. » Et au fond pour la droite, c’est un homme sans véritables convictions. François Fillon n’a pas oublié qu’en 2007, au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy, Macron a failli travailler à Bercy au cabinet d’Éric Woerth, ministre du Budget. Mais surtout qu’en 2010, celui qui était Premier ministre aurait pu l’avoir sous ses ordres à Matignon. Le départ d’Antoine Gosset-Grainville oblige à rechercher un nouveau directeur adjoint de cabinet. Parmi les candidats retenus, Emmanuel Macron, repéré quand il était rapporteur de la commission Attali sur la libération de la croissance française en 2008. « Il était prêt à travailler pour François Fillon. Mais il ne voulait pas travailler avec Nicolas Sarkozy », se souvient un des protagonistes de cette histoire.
Quant à l’alliance historique qui peut sauver la France, comme elle l’a sauvée ou relancée en 1945 puis en 1958, celle de la droite des valeurs et de la gauche du travail, tout est fait pour l’empêcher. C’est évidemment de ce côté que le peuple votant doit lorgner, puisqu’avec Macron il risque de retomber dans le même travers qui ne lui a rien apporté depuis 30 ans. Ou plutôt si : chômage et paupérisation, soit le chaos social, avec en prime le chaos migratoire et terroriste. Il y a bien quelque part des gagnants de ces 30 années d’alternance, mais ce ne sont pas les Français.