On remarquera que le Trésor lui-même ne sait pas exactement qui détient la dette française, qui dépasse les 3 000 milliards.
Grossièrement, on peut dire que la Banque de France en détient 20 %, les compagnies d’assurance et établissements de crédit 20 autres %, les étrangers plus de 50 %, le reste étant détenu par des Français. Sauf que les détenteurs particuliers n’ont aucun poids dans la conduite économique.
Quand on parle finance, en France, le sujet est capté par les libéraux. Nicolas Bouzou parle dette et souveraineté sur Europe 1 :
Les fonds souverains, donc d’États, et les fonds de pension, donc privés, ont la main sur une grande partie de notre dette. En gros, les Chinois, les Qataris, les Émiratis et BlackRock (qui détient environ 5 % du CAC 40) pourraient influencer la politique économique de la France.
C’est pourquoi Macron déroule le tapis rouge à Larry Fink, PDG de BlackRock. Le géant financier possédait, en 2018, 32 milliards sur notre dette, mais avec un vrai levier d’influence, contrairement aux particuliers français. Détenir des obligations ne vous donne aucun droit sur la politique du pays !
Sandrine Rousseau voudrait pourtant que les Français, avec leur épargne et leurs placements, possèdent une plus grand partie de la dette nationale, à la japonaise. La question redevient alors : y a-t-il un risque pour les épargnants ?
On ajoutera une chose pour finir : les particuliers, quand ils détiennent des obligations d’État, ne sont pas protégés de l’inflation alors que les groupes financiers qui en détiennent sont, eux, protégés de ce rongeur maléfique par le mécanisme de l’indexation...
L’extrait, vieux de plus de trois mois, a été exhumé en pleine campagne du second tour des élections législatives anticipées et agite depuis les réseaux sociaux. Invitée de l’émission Ecorama de Boursorama, le 2 avril dernier, la députée écologiste Sandrine Rousseau évoque le problème de la dette de la France et l’épargne des Français. « La France est l’un des pays où il y a une épargne qui nous permettrait très bien de reprendre la main sur notre dette », explique-t-elle.
Ces propos ont scandalisé les internautes. « Sandrine Rousseau veut confisquer les épargnes des Français pour rembourser la dette publique », s’offusque l’un d’entre eux sur le réseau social X. La classe politique, elle non plus, n’a pas manqué de se saisir de cette séquence pour s’attaquer au programme du Nouveau Front populaire. Marine Le Pen, réélue députée dès le premier tour, tout comme Sandrine Rousseau, a réagi à l’extrait sur X.
« Les Français qui travaillent et ont économisé toute leur vie pour se constituer une petite épargne seront impitoyablement ponctionnés si la coalition d’extrême gauche et Jean-Luc Mélenchon arrivent au pouvoir dimanche prochain », prétend la leader d’extrême droite.
Mais Sandrine Rousseau veut-elle vraiment rembourser la dette en piochant dans l’épargne des Français ?
Invitée de Boursorama le 2 avril 2024, Sandrine Rousseau déclare : « L'épargne des Français nous permettrait de reprendre la main sur notre dette »
Qu'en pensez-vous ? pic.twitter.com/tGSjh7MKG2— Contribuables Associés (@contribuables) July 3, 2024
Dans l’émission Ecorama, Sandrine Rousseau est interrogée sur le problème de la dette française. D’après l’Insee, la dette publique s’établissait à 3 159,7 milliards d’euros à la fin du premier trimestre. La députée écologiste s’inquiète que la dette française soit « largement détenue par l’étranger ». D’après la Banque de France, fin 2023, 53,2 % des détenteurs de la dette française ne résidaient pas en France.
Un enjeu de souveraineté
Contactée par franceinfo, l’Agence France Trésor, chargée de gérer la dette et la trésorerie de l’Etat, estime toutefois qu’il reste difficile de connaître précisément les détenteurs de la dette publique française, en raison de la rapidité des échanges des titres de dette. « Il y a plus de 10 milliards d’euros de titres de dette qui sont échangés quotidiennement sur les marchés », explique l’agence.
« La dette étant un enjeu collectif. Nous devrions savoir qui la détient et qui la maîtrise », estime l’élue. Pour elle, l’épargne des Français serait donc la solution.
Contactée par franceinfo, Sandrine Rousseau a explicité ses propos.
« Au Japon, l’essentiel de la dette est détenu par les habitants, on pourrait imaginer que cela soit le cas en France, explique l’élue. Cela permettrait de retrouver une souveraineté de la dette ».
Pour ce faire, il faudrait inciter les Français à investir dans la dette. Mais il ne s’agirait pas d’utiliser l’épargne des Français pour la rembourser, assure Sandrine Rousseau.
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