Le Japon connaît une très mauvaise passe économique. Et ce n’est pas nouveau. Le pays fait face à une tendance déflationniste, sa croissance est en panne, son commerce extérieur souffre, sa dette reste abyssale et la banque centrale n’en finit plus d’inonder le marché de liquidités pour faire monter les prix. Seulement, il y a des impératifs autres qu’économiques. À commencer par la défense de l’archipel.
Depuis plusieurs mois, les relations entre la Chine et le Japon sont au plus bas en raison du contentieux portant sur les îles Senkaku. Bien qu’elles appartiennent à Tokyo, Pékin y revendique sa souveraineté. À de multiples reprises, l’on a failli assister à un incident sérieux entre les forces aériennes et navales des deux pays. Des différends existent encore avec la Russie, notamment au sujet des îles Kouriles. Et, il reste encore la menace nucléaire nord-coréenne.
Du coup, Tokyo a décidé d’augmenter ses dépenses militaires, ce qui ne s’était pas vu depuis très longtemps, tout en révisant sa Constitution pacifiste pour adopter le concept « d’autodéfense collective » et permettre à ses industriels d’exporter de l’armement. Chose qui leur était interdite jusqu’à présent.
Quant aux forces d’autodéfense japonaises, elles doivent se préparer à reprendre les îles Senkaku par la force si besoin. À cette fin, elles cherchent à accroître leurs capacités amphibies ainsi que leur interopérabilité avec l’armée américaine. Depuis 2013, le ministère nippon de la Défense s’intéresse de près au Boeing/Bell V-22 Osprey, un appareil hybride, c’est à dire alliant les capacités d’un hélicoptère et celle d’un avion grâce à ses rotors basculants.
Le V-22 Osprey peut transporter 24 soldats ou 4,5 tonnes de fret sur une distance maximale de 3 380 km. C’est l’appareil idéal pour le porte-hélicoptère Izumo, le navire le plus important jamais construit par le Japon depuis 1945. Une annonce officielle concernant le choix de ce « tilt rotor » était attendue : elle a été faite le 21 novembre. Et Boeing n’a pas manqué de saluer la décision nippone. Aucun chiffre n’a toutefois été avancé mais selon le programme japonais de défense nationale, il serait question d’en acquérir 17 exemplaires.
Outre les V-22 Ospreys, Tokyo envisage également d’acquérir 3 drones HALE (Haute Altitude Longue Endurance) de type RQ-4 Global Hawk auprès de Northrop-Grumman. L’industriel américain a tiré le gros lot puisqu’il aura également à livrer des avions d’alerte avancée E-2D Hawkeye aux forces japonaises, lesquels ont préféré cet appareils aux dépens du B-737 AEW & C de Boeing.