Le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a rencontré lundi à Manille Rodrigo Duterte, faisant fi des inquiétudes sur la meurtrière « guerre contre la drogue » menée par le président philippin dans ce pays d’Asie du Sud-Est depuis son arrivée au pouvoir au printemps 2016.
Les deux hommes ont ignoré les questions des journalistes sur les droits de l’Homme. Quand on lui a demandé si ces thématiques avait été évoquées durant leurs discussions, M. Duterte a répondu : « Elles ne l’ont pas été. »
Washington a finalement choisi de ne pas offenser son allié de longue date pour éviter de le pousser dans les bras de la Chine, rivale de Washington dans la région. Les États-Unis soutiennent également Manille dans sa campagne pour reconquérir une région du sud du pays occupée par des militants se réclamant du groupe État islamique (EI).
La semaine dernière, avant le voyage de M. Tillerson à Manille pour une rencontre avec des homologues pour un forum régional sur la sécurité et la diplomatie, des responsables américains avaient pourtant affirmé que le secrétaire d’État aborderait la question de la guerre contre la drogue.
Juste avant la rencontre avec M. Duterte, M. Tillerson a nié toute tension entre les deux pays, préférant mettre l’accent sur la « situation tragique » dans la ville de Marawi (sud) et l’aide américaine aux forces philippines dans cette région.
« Je ne vois aucun conflit entre notre aide dans cette situation et nos considérations sur des inquiétudes concernant les droits de l’Homme dans la lutte anti-drogue », a déclaré M Tillerson à des journalistes dans son hôtel.
Élu largement il y a un peu plus d’un an, M. Duterte avait promis de tuer des dizaines de milliers de trafiquants de drogue, afin d’éviter aux Philippines de devenir selon lui un narco-État. Promesse tenue : depuis sa prise de fonctions le 30 juin 2016, la police a abattu près de 3.400 personnes dans sa lutte contre le trafic de produits stupéfiants.
Plusieurs milliers d’autres ont par ailleurs péri dans des crimes liés aux stupéfiants, selon des statistiques de la police. Des organisations de défense des droits de l’homme font état de nombreuses victimes de milices liées au gouvernement.