Le périple de 55 jours et 5 000 km de la France jusqu’en Russie sur les traces du régiment Normandie-Niemen entrepris par l’ex-légionnaire Jonas Berteau s’est terminé sur la place Rouge cette semaine. En arrivant sur son vélo, Jonas a décrit ses émotions et raconté ce qu’il avait tiré de son voyage d’hommage.
À la fin de son périple d’hommage au Normandie-Niemen de 5 000 km à vélo en solitaire depuis Mont-de-Marsan, où se trouve actuellement la base du régiment Normandie-Niemen en France, jusqu’à Moscou, l’ancien légionnaire Jonas Berteau a confié dans une interview pour Sputnik qu’il avait réussi à retrouver l’esprit français et considérait sa mission accomplie.
« J’ai cherché à retrouver ce que j’appelle l’esprit français. Et l’esprit français c’est ça. En fait, il n’y a pas beaucoup de Russes qui savent ce que c’est. C’est un drapeau français avec la croix de Lorraine. C’était le drapeau qu’avait choisi le général de Gaulle pour la France libre. Donc ça, ça représente la force combattante, la France qui refuse de se soumettre. Et quand les pilotes sont venus en Russie, ils sont venus avec ce drapeau pour se battre. Donc c’est ça pour moi l’esprit français. Ce que je suis venu trouver ici. »
Et d’ajouter :
« Ce que j’appelle l’esprit français c’est ce qui a poussé les pilotes à venir ici. Bien que beaucoup d’entre eux étaient bourgeois ou aristocrates, je me suis imaginé ce que ça représente pour un bourgeois ou un aristocrate de se porter volontaire, de venir se battre ici, sur le front le plus sanglant d’Europe et de partager les mêmes conditions de vie que les Soviétiques. Je pense que c’était un engagement qui était très fort et qui dépassait leur condition sociale, leur condition de classe. »
Sa plus grande difficulté lors de son voyage a été la fatigue, car en deux jours de Iaroslavl jusqu’à Moscou il a parcouru près de 260 km sans faire de pauses et presque sans dormir afin d’arriver dans la capitale russe à temps. Mais il explique avoir eu une très forte motivation pour terminer cette mission ce qui lui a donné les forces nécessaires. En même temps, Jonas admet que le moment le plus important de son expédition a été sa rencontre avec le vétéran Valentin Ogourtsov, l’un des derniers mécaniciens russes de l’escadron encore en vie.
« J’ai pu rencontrer un vétéran, un mécanicien, le mécanicien du pilote capitaine Mourier qui s’appelle Valentin Ogourtsov à Iaroslavl et avec lequel j’ai beaucoup échangé. »
Et de poursuivre :
« C’est une mémoire vivante, qui a des choses à dire et simplement en le regardant, on comprend des choses aussi. C’est vraiment une expérience qui est humainement très riche. »
À Moscou, Jonas a déposé des gerbes devant la flamme éternelle de la tombe du Soldat inconnu au pied des murs du Kremlin.
« Partir sur les traces des pilotes ici en Russie, c’est d’abord rencontrer des Russes et avant ça des Biélorusses qui auraient pu être les personnes que nos pilotes avaient rencontrées ici. Et il y a tout un esprit et aussi une culture et je suppose que c’est ce que les pilotes avaient trouvé aussi chez les locaux russes et biélorusses. Donc c’est une immersion, une immersion qui m’a permis de me rapprocher encore plus des pilotes. »
Et d’ajouter :
« Ils [les Français, ndlr] n’étaient qu’une goutte d’eau dans l’océan de combattants Soviétiques, ils étaient prolétaires, bourgeois et aristocrates, et pourtant ils ont traversé le monde pour rejoindre les Soviétiques dans le combat. »
D’après Jonas Berteau, il est important de garder la mémoire du passé commun entre les deux nations.
« Les héros d’hier nous laissent pourtant en héritage un code de conduite qui nous serait bien utile aujourd’hui dans une société en manque de repères et en perte de valeurs », conclut-il.
Au moment de la publication de l’article, le Français se trouvait dans la capitale russe.