Le militant d’extrême droite Alain Soral a été condamné en novembre 2014 à 6.000 euros d’amende pour provocation à la haine, à la discrimination ou à la violence à l’encontre du journaliste Frédéric Haziza et de la communauté juive. Il avait insulté ce dernier sur son blog, parce qu’il avait refusé de l’inviter dans son émission. Il avait notamment décrit Haziza comme « un journaliste issu de la communauté dont on n’a pas le droit de parler qui occupe… oui c’est le mot… il s’agit d’occupation… à peu près la totalité de la superstructure idéologique de la France ». Le procès est en appel, délibéré jusqu’au 7 octobre. Nous publions une tribune de son fils, David Isaac Haziza.
Mercredi 17 juin, j’ai témoigné pour mon père, Frédéric Haziza, au procès en appel d’Alain Bonnet, dit Soral. C’était pour moi une question d’amour filial, d’honneur et de mémoire.
Lorsque mon père a exprimé son refus d’inviter Soral à son émission télévisée sur LCP, il l’a motivé par le fait que son grand-père avait été assassiné à Auschwitz par des personnes semblables. On a parlé de raccourci, Soral n’étant pas techniquement un nazi : pourtant, voilà quelqu’un qui évoquait un jour l’appartenance du journaliste Elkabbach à la race sémite, voué par là à faire profil bas devant l’aryen Poutine ; quelqu’un qui s’est littéralement proclamé national-socialiste ; qui a dit vouloir aller en prison pour y écrire un livre qui s’intitulerait Mon combat, comme celui de Hitler ; qui a dit au sujet de mon père que si la guerre revenait, il ne le cacherait pas « dans sa cave ». Soral n’est peut-être pas un Rosenberg ou un Streicher, il n’en ressemble pas moins, sinon aux théoriciens du nazisme historique, du moins à ceux qui, en effet, assassinèrent mon arrière-grand-père.
Avant toute chose, avant de « prendre au sérieux » ses arguments idéologiques, non qu’il le mérite, mais parce que j’estime qu’ils ont une influence sur l’opinion française, surtout celle de ma génération, et qu’ils doivent être détruits une fois pour toutes, avant d’en arriver, dans un prochain article, au véritable combat, il convient de répondre à l’abjection dont cet énergumène s’est rendu coupable à la suite du courrier de mon père.