Lors de son déplacement à Rennes, le 15 mai 2016, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, avait annoncé des mesures en faveur des commerçants ayant subi des préjudices lors des violences commises en marge des manifestations contre la loi Travail. Plusieurs mois après, l’opposition municipale, emmenée par Bertrand Plouvier, regrette que seulement 12% des 600 000 euros du fonds de soutien aux commerçants du centre-ville de Rennes aient été versés.
Ce dispositif devait initialement concerner les commerces ayant accusé une perte d’au moins 30 % de leur chiffre d’affaires, chacun recevant une aide plafonnée à 3 000 €. « C’est de toute façon dérisoire », nous explique cette commerçante qui a fermé boutique en octobre 2016 et qui explique que les manifestations « ont été la goutte d’eau qui a provoqué la fin de mon commerce ».
Alors que le directeur du « Carré Rennais » qui regroupe 350 adhérents, semblait se satisfaire de cette mesure, cela ne semble pas être le cas de nombreux commerçants, exaspérés et pour certains désespérés économiquement… Du côté de la mairie de Rennes, que nous avons cherché à joindre, c’est le silence radio sur la lenteur de cette indemnisation de l’État.
« S’ils employaient les mêmes méthodes que les agriculteurs – qui sont eux aussi asphyxiés économiquement – peut être que l’argent arriverait plus rapidement », nous indique Jonathan, étudiant à la faculté de droit à Rennes, et dont les parents, commerçants à Nantes, ont eux aussi été impactés par les violences.
Bertrand Plouvier (LR), chef de l’opposition municipale, s’exclame :
« À plusieurs reprises, nous avons interpellé la maire de Rennes et le président de Rennes Métropole sur la nécessité d’agir en lien avec l’État pour répondre concrètement aux conséquences des pertes d’exploitation des commerçants du centre-ville : pas de primes pour les salariés, licenciements, commerçants qui ne se paient plus, fermeture définitive de certains commerces… Pourtant, la Maire de Rennes, le Président de Rennes Métropole et le gouvernement semblent avoir oublié que l’effet d’annonce ne résout pas tout. »
Et de poursuivre :
« Nous estimons que les critères d’éligibilité pour bénéficier d’une indemnisation sont trop contraignants et trop restrictifs. Il est nécessaire de prolonger cette aide en 2017 en croisant les indicateurs chiffrés et les situations particulières des demandeurs. Il est également indispensable d’accompagner les commerçants qui n’ont pas déposé de dossier, soit par manque de temps, soit à cause des lourdeurs administratives d’un tel dispositif. Cet accompagnement doit être l’une des missions du manager du commerce, solution que nous proposons depuis 2014. »
Si le bilan des commerçants après les fêtes de Noël s’annonçait mauvais ou médiocre, la grogne pourrait rapidement s’amplifier …