Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé crânement avoir reçu, ce vendredi 5 mai, Philipp Hildebrand, vice-président de BlackRock, afin de discuter de la « mise en œuvre des projets commerciaux de grande envergure en Ukraine ».
Cette visite n’est que l’affirmation de l’emprise grandissante du gestionnaire d’actifs américain sur un pays en crise. La carcasse fumante de l’Ukraine excite l’appétit charognard de BlackRock qui avait déjà obtenu en novembre dernier la signature d’un mémorandum lui garantissant de pouvoir murmurer à l’oreille du ministre de l’Économie ukrainien afin de « reconstruire le pays ».
M. Hildebrand, entré au service de BlackRock en 2012 après avoir dû démissionner de la Banque nationale suisse pour une affaire de délit d’initié, est aussi l’heureux époux de la milliardaire russe Margarita Louis-Dreyfus. Le groupe Louis-Dreyfus, géant mondial du négoce de céréales, a largement profité de la guerre en Ukraine, à l’instar de Cargill qui lorgne depuis bien longtemps sur le « grenier à blé de l’Europe ».
Dans le sillon de la finance internationale, la Commission européenne pour la démocratie et le droit (appelée plus prosaïquement la commission de Venise) s’est rendue à Kiev afin de faire le point sur la mise en œuvre des sept recommandations qui doivent permettre à l’Ukraine de devenir membre de l’UE. Parmi ces recommandations, la commission demande, sans rire, d’améliorer le contrôle de la sélection des juges ou encore de lutter contre la corruption et le blanchiment.
Toute référence à l’intervention de Joe Biden pour obtenir la démission du procureur ukrainien qui enquêtait trop près des affaires de Hunter Biden serait bien sûr fort peu courtoise. Et l’UE a horreur de la goujaterie.
Dans le trio infernal qui s’affaire en Ukraine, chacun a son rôle, comme dans un réseau de proxénétisme : les États-Unis intimident et cognent pour soumettre, l’UE s’occupe du vernis et du maquillage pour dissimuler les coups, et la finance met le produit sur le marché. En 2019, Zelensky rêvait de mettre son « pays dans un smartphone ». Finalement, ce sera entre quatre planches.