« Tout est relatif », disait Einstein, le mec à moustaches qui a inventé le plagiat et la relativité. Le bougre avait raison.
Culturellement, on assiste à un nivellement brutal des valeurs : le président de la République discute au téléphone avec un vendeur de chaussettes casher, on nous vend des navets à l’égal d’œuvres d’art, la grande peinture siège à coté d’urinoirs, des médias complaisants aux directeurs invités dans les palais marocains transforment un agent américano-sioniste sanguinaire en philosophe, on investit un soldat étranger pour la France au concours Eurovision de la chanson, « bref », comme dirait Kheiron, tout se mélange, se nivelle, se rabaisse au plus bas des niveaux.
La théorie des lattes du tonneau
Car il est une loi intangible, que Bernard Tapie avait naguère démontrée : une équipe de foot a le niveau de son moins bon joueur. Munis de cette connaissance, nous allons voir que le relativisme culturel s’invite partout et fonctionne tel une écrevisse nord-américaine qui bouffe tout sur son passage, déglingue le biotope et évince les espèces locales.
Le fait du jour, c’est l’entrée d’Alexandra Lamy au musée Grévin. Pour ceux qui l’ignorent encore, c’est ce petit endroit sombre très XIXe où se retrouvent près de 200 personnalités en cire. Les plus grands noms du monde y sont figés pour l’éternité : chercheurs, hommes politiques, acteurs, etc. Il y a même des escrocs célèbres.
Mais ce qui nous préoccupe, c’est que dans ce musée – qui théoriquement célèbre les célébrités – on voit arriver des personnalités de second ou de troisième ordre. Que les intéressés n’y voient aucune critique à l’encontre de leur personne, mais qui va nous faire croire qu’on peut mettre Lamy, à la rigueur d’Ormesson, à côté de Jeanne d’Arc ou Gandhi ?
Hélas, ce basculement symbolique ne date pas d’hier : quand on consulte la liste des primés, on trouve, en vrac, Gérard Holtz, Matt Pokora, Céline Dion, tout ça à côté de Pelé, Orson Welles ou Philippe Le Bel ! Nom de Dieu ! Jenifer pas loin de Napoléon, imaginez... Une fausse chanteuse, promue par la coproduction intéressée d’une major musicale et d’une grosse chaîne de télé, qui s’incruste dans l’inconscient collectif de la France, et du monde entier. Car les touristes adorent ce petit musée qui sent un peu l’Histoire pour les nuls mais c’est un bon début.
Le survol oculaire de la liste fait mal, on vous en ressert une fournée : Mimie Mathy, sauvée par les Restos du Cœur, Cara Delevingne, la gouine du dernier Besson, Kendji Girac, le chanteur de caravane, et le pire, il n’y a même pas Dieudonné !
Grumpy Cat a sa statue :
Grumpy Cat et sa statue :
Bon, arrêtons la torture, on a tous compris, se mélangent aux vrais personnages historiques les petits vecteurs de la propagande culturelle actuelle et on sait tous que tout passe par le culturel. Pour la propagande, mieux vaut ça que les partis ou les syndicats, qui sont en train de mourir. Le culturel, c’est l’assurance de passer le message oligarchique dans un bel emballage, à l’image d’un bonbon : d’abord fond sous la langue le sucre parfumé puis, à l’intérieur, une fois qu’on a accepté le sucre, quelque chose de plus douteux s’infiltre, une espèce de poison de l’âme...
C’est donc pour ses prestations dans la série humoristique Un gars, une fille qu’Alexandra Lamy, l’ex-compagne de Jean Dujardin, entrera le 9 mars 2018 au Grévin, le lendemain de la Journée internationale des femmes. On prie tous les saints du monde libre que la Schiappa n’y entre pas un jour...
« Heureuse d’avoir été élue par l’Académie Grévin Alexandra Lamy a accepté avec un plaisir cette invitation à partager la postérité des personnages célèbres de Grévin. Elle a participé avec une belle curiosité et aussi un grand professionnalisme aux différentes séances de pose dans les ateliers de création. Son sourire, sa bonne humeur communicative ont ensoleillé les ateliers le travail du sculpteur Stéphane Barret. “C’est promis, sa statue de cire lui ressemblera” a-t-il dit. On verra cela le 9 mars. » (Source : Le Figaro)
Depuis, Alexandra a fait du chemin : elle a réussi à cloner un mammouth, à apprivoiser un calmar géant, à construire une mini bombe atomique propre, à pomper de l’eau fraîche au Soudan, à inventer un vaccin contre les Buzyn, à... non, en vérité elle joue dans des films légers – la plus petite latte du tonneau – par exemple L’Embarras du choix qui transpire le comique « Canal » :
Grév’1 et Grév’2
Pourquoi ne pas faire un musée Grévin pour les vraies et un autre pour les fausses célébrités ? Ainsi le public ne serait-il pas trompé et le relativisme culturel pourrait être vaincu. Oui mais, il y a un mais : regardez qui compose l’Académie Grévin, créée en 2001...
Attention, certaines personnes un peu à cheval sur les traditions et leur respect ne sont pas tenues de poursuivre la lecture. Les autres, les amateurs de trash, de complotisme aigu et d’anti-élitisme primaire sont invités à tomber de leur chaise.
« Présidée par Stéphane Bern, elle est composée, en 2017, de Daniela Lumbroso, Laurent Boyer, Gérard Holtz, William Leymergie, Christine Orban, Jacques Pessis, Henry-Jean Servat, Paul Wermus, Ève Ruggieri et Nikos Aliagas. Les membres de cette académie se retrouvent deux fois par an pour élire les personnalités qui peuvent prétendre avoir leur personnage au musée. » (Source : Wikipédia)
Dieudonné et Soral, ils repasseront.