« Quand le mythe de l’inflation ne suffit plus, la propagande libérale va se cacher derrière un autre argument : le besoin d’attirer les investisseurs au moyen de taux d’intérêts élevés au niveau des banques centrales de la région. »
Discours tenu par M. Levan Vasadze, Président de la Société Géorgienne de Démographie XXI, à la Conférence Internationale « Alternatives au capitalisme financier pour le XXIe siècle. Contributions à la 4ème Théorie économique ». M. Vasadze avait également été invité au Forum de la Famille à Budapest l’an dernier.
« Chers Amis,
C’est pour moi un honneur et un plaisir d’être de retour à Chișinău, où je me trouve déjà pour la deuxième fois cette année. Grâce à Son Excellence Igor Dodon et à mon cher ami Iurie Roșca, cette année aura été pour moi une année moldave !
Si nous nous sommes réunis ici aujourd’hui, c’est, entre autres, pour commencer à conceptualiser l’économie – l’un des sept composants de ce que, lors de ma précédente visite à Chișinău, j’ai appelé le Récit Affirmatif de la Tradition.
De toute évidence, c’est là une tâche qui incomberait plutôt à des savants et à des économistes de profession – du moins à ceux qui ont déjà compris que la « science économique » libérale est, pour l’essentiel, mensongère. C’est là, bien entendu, une sous-espèce d’économistes encore rare, même si je suppose que les preuves que nous fournit, en nombre toujours croissant, la crise mondiale artificielle que nous vivons devrait amener de plus en plus de savants à se rallier à notre thèse. En attendant, le devoir de participer à cet effort s’impose néanmoins à chacun d’entre nous.
N’étant pas moi-même un économiste, mais un homme d’affaires, un professionnel des finances et de la stratégie d’entreprise, nanti d’une maîtrise décernée aux USA et riche de presque un quart de siècle d’expérience pratique des affaires, je peux peut-être apporter aujourd’hui à ces réflexion la contribution d’un homme d’action (doer). Voilà donc ce que je vais tenter de faire, en vous priant d’avance de bien vouloir pardonner mon vocabulaire et mes arguments non-académiques.
Au départ de notre quête, la question peut-être la plus intrigante que nous puissions nous poser est la suivante : où et quand se trouvait chacun d’entre nous le jour où il a compris qu’il y avait quelque chose d’essentiellement boiteux dans le paradigme économique libéral qu’on nous propose ? Pour nous autres, qui sortions de l’échec du marxisme économique et entrions dans l’ère glorieuse du libéralisme économique, avoir cette révélation n’était pas la chose la plus simple du monde.
En ce qui me concerne personnellement, c’est pour moi à partir de la dernière crise, celle de 2008, que l’évidence d’une logique erronée s’est imposée à moi, lorsque j’ai compris qu’il existait une masse énorme de preuves à l’appui de l’hypothèse que j’avais commencé à formuler, selon laquelle la pauvreté des pays post-soviétiques et la lenteur de leur développement économique sont artificielles.
D’après la doxa économique en place, ce serait là un processus naturel, accompagnant la transformation des économies post-socialistes en économies capitalistes. Pourtant, l’exemple de la Chine suggère le contraire : on peut ne pas capituler complètement devant le capitalisme, tout en devenant la deuxième puissance économique mondiale, après avoir décuplé son PIB au cours des trente dernières années.
Face à la question de savoir pourquoi les pays de l’ex-URSS restent pauvres et fragiles, la propagande libérale trouve un autre argument dans le thème de la corruption. Pourtant, on constate partout dans le monde une corruption rampante, dont le lobbying de Washington (un secteur économique pesant plusieurs milliards de dollars) et la machine bureaucratique de Bruxelles sont peut-être les manifestations les plus massives. Quant à la Chine que je viens de citer, elle exécute publiquement plusieurs milliers de corrompus chaque année – reconnaissant ainsi l’existence du problème –, et cela ne l’empêche pas de voler économiquement de succès en succès.
Un troisième argument utilisé – quoique moins souvent – pour expliquer la lenteur de croissance de nos économies est la fameuse histoire des droits de l’homme. Pourtant, j’ai l’impression que les chiens et les chats des pays de l’ex-URSS jouissent de plus « droits humains » que les humains vivant dans certains des pays internationalement alliés à l’Occident, et que cela ne les empêche pas d’être riches, et de jouir du soutien économique de l’Occident.