Alors que le lanceur d’alerte est actuellement détenu à Londres et risque l’extradition vers les États-Unis, soixante médecins ont publié une lettre ouverte alertant sur son état de santé très préoccupant. Ils appellent les autorités britanniques à réagir.
Dans une lettre ouverte publiée ce 25 novembre, plus de soixante médecins, en provenance de divers pays mais en majorité britanniques, ont attesté leurs profondes inquiétudes sur l’état de santé du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Actuellement détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, dans le sud de Londres, le lanceur d’alerte a vécu reclus dans une pièce exiguë aménagée en studio, au sein de l’ambassade de l’Équateur à Londres, du 19 juin 2012 au 11 avril 2019.
Julian Assange « désormais en danger »
« Nous écrivons cette lettre ouverte, en tant que médecins, pour exprimer notre grave préoccupation sur l’état de santé physique et mental de Julian Assange », débute la missive écrite par ces professionnels du corps médical et adressée à la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel et à Diane Abbott, chargée des mêmes questions au sein du Parti travailliste, principale formation d’opposition en Angleterre.
Les signataires de ce courrier poursuivent en exprimant leur « sérieuse inquiétude collective » tout en souhaitant « attirer l’attention de l’opinion publique et du monde sur cette situation grave ». « Nous sommes d’avis que M. Assange a besoin d’urgence d’une évaluation médicale de son état de santé physique et psychologique », témoignent ensuite les soixante médecins, parmi lesquelles figurent des Américains, des Australiens, ou encore des Suédois.
Ces-derniers suggèrent même que le fondateur de WikiLeaks devrait être transféré dans un hôpital doté de personnel qualifié afin d’y recevoir les soins adéquats. « [Sans cela] nous redoutons vraiment, sur la base des éléments actuellement disponibles, que Julian Assange puisse mourir en prison », alertent-ils.
Nils Melzer, rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur la torture, avait déjà exprimé ses craintes, début novembre, en affirmant que la vie de Julian Assange était « désormais en danger ».
Il avait alors précisé que de « nouvelles informations médicales transmises par plusieurs sources fiables [affirmaient] que la santé de Julian Assange [était] entrée dans un cercle vicieux d’anxiété, de stress et d’impuissance, typique des personnes exposées à un isolement prolongé et à un arbitraire constant ».
Une peine encourue allant jusqu’à 175 ans d’emprisonnement
Actuellement détenu à Londres, le lanceur d’alerte risque l’extradition vers Washington. Il encourt une peine allant jusqu’à 175 ans d’emprisonnement aux États-Unis, qui lui reprochent d’avoir mis en danger certaines de leurs sources au moment de la publication, en 2010, de 250 000 câbles diplomatiques, et d’environ 500 000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.
Sorti blanchi par le parquet de Suède le 19 novembre dans le cadre d’une accusation pour viol, une audience prévue en février 2020 sur une éventuelle extradition vers les États-Unis attend désormais Julian Assange. Le lanceur d’alerte fait actuellement face à 18 chefs d’accusation.