Aphatie est la voix du Système. Il est obéissant, borné, et se fait l’avocat intransigeant de toutes les instances du Système : l’Euro, les banques, la politique politicienne, le libéralisme, les médias mainstream, tout ce qui a mené au désastre social que l’on sait. Aphatie trouve ça très bien, légitime, défendable : il défend le désastre.
Pour lui, les Gilets jaunes sont juste une demande de « pouvoir d’achat », rien de plus. Une petite jacquerie de pauvres de province qui n’arrivent pas à suivre le rythme de la mondialisation et c’est un peu de leur faute.
Quelle surprise quand il découvre que les revendications vont plus loin que le conjoncturel pour s’attaquer au structurel. C’est vrai, depuis 30 ans que les hommes politiques promettent de s’occuper du conjoncturel, le peuple de France n’a pas vu de changement structurel, la pauvreté s’est développée, la richesse aussi, avec un grand fossé au milieu, de plus en plus infranchissable. Il y a eu escroquerie, manœuvre, manipulation des foules.
C’est ce contre quoi, de manière un peu confuse au départ, les GJ se battent. Et peu à peu, la brume des revendications conjoncturelles qui partaient dans tous les sens a laissé place à des revendications structurelles de plus en plus précises et surtout, cohérentes.
La sortie de l’UE pour défendre une politique française qui protège les Français des agressions du mondialisme et de la mondialisation (deux choses différentes, la première étant l’exploitation politique de la seconde), la reprise en main de la politique nationale et donc de la politique sociale, la limitation du pouvoir des banques, la fin de l’austérité qui mène tout droit à une situation à la grecque, la non-criminalisation du chômage, la fin de la strangulation des petits patrons et des artisans, etc. Tout figure dans le manifeste des 42 propositions, mais ce qui ressort aujourd’hui, et qui unifie les revendications des GJ, et pour une fois Aphatie a raison, c’est le référendum d’initiative populaire, le RIP. Les journalistes du Système lui préfèrent le RIC, le référendum d’initiative citoyenne qui selon eux est porté par Chouard.
"Approuvez-vous l’évolution du mouvement des #GiletsJaunes, représenté par :
- Un complotiste, Maxime Nicolle
- Un putschiste, Eric Drouet
- Un extrémiste, Étienne Chouard ?" @jmaphatie @nikosaliagas #Europe1 pic.twitter.com/tXwJsbHV8o— Europe 1 (@Europe1) 18 décembre 2018
Du coup Chouard, le prof d’économie, devient l’ennemi numéro un du Système. Et les attaques, aussi basses que mensongères d’un Aphatie, prouvent que Chouard, sans agressivité, armé seulement de ses connaissances et de sa pédagogie, a tapé dans le mille. Le RIP dérange, met les dominants dans l’embarras.
Voici ce qu’on a pêché ce matin sur Twitter, cet océan d’informations :
Délire : "Avec le #RIC, c'est le retour de la peine de mort"
Réalité :
1938, #RIC contre une loi supprimant la peine de mort en Suisse • 53,5% valident la loi
2001, Référendum pour la suppression de la peine de mort dans la Constitution en Irlande • 62% valident la loi
— Paul Cébille (@Ellibec) 17 décembre 2018
Le RIC est une ancienne revendication qui date des années 80. Mais ce n’est pas une invention française car les Suisses s’en sont emparé et s’en servent pour protéger leur souveraineté. C’est une sorte de garantie de souveraineté populaire, trois mots qui heurtent les oreilles des libéraux mondialistes à la tête de la France.
Étienne Chouard a développé, entre autres, l’idée du RIC en 2005 lors de sa campagne personnelle contre le référendum sur le traité européen qui a vu le « non » triompher et la voix du peuple être bafouée ensuite. Déjà, le rassemblement sous le « non » de voix de gauche sociale et de droite souverainiste (les rouges et les bruns) avait affolé les observateurs de l’époque, dont le patron de Libé Serge July qui avait tout simplement insulté les électeurs du « non ».
L’un des rédacteurs de ce traité était le politologue et spécialiste de droit constitutionnel Olivier Duhamel qui fut et reste évidemment un ardent défenseur de l’UE dans sa forme actuelle, de plus en plus décriée par les peuples européens.
Ce Duhamel était interrogé le 17 décembre 2018 par Le Figaro et ses propos étaient opposés à ceux d’Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public à l’université de Rennes 1 et vice-présidente de l’Association française de droit constitutionnel.
Avant de revenir sur l’historique du RIC, voyons les arguments de Le Pourhiet.
Le Figaro : « Faut-il créer un référendum d’initiative populaire en France ? »
Anne-Marie Le Pourhiet : « Oui, j’en suis convaincue et le suggère depuis longtemps. Le référendum est dans l’ADN de la Ve République pour les réformes majeures, constitutionnelles ou législatives. Or, le rejet du traité constitutionnel européen par les Français, lors du référendum du 29 avril 2005, a traumatisé nos dirigeants. Souvenons-nous aussi des réactions outragées à la perspective d’un référendum en Grèce, pourtant berceau de la démocratie directe ! Un mot d’ordre s’est imposé : “plus jamais ça !”. Nicolas Sarkozy s’est bien gardé d’organiser un référendum pour la révision constitutionnelle de 2008. François Hollande n’en voulait surtout pas. Emmanuel Macron ne l’envisage pas davantage. À l’avenir, le président, quel qu’il soit, ne prendra plus le risque de donner la parole au pays sur les questions essentielles. Aussi est-il indispensable, si l’on veut éviter que la cocotte explose, d’introduire un vrai référendum d’initiative populaire, afin que les Français puissent avoir le dernier mot sur les sujets qui touchent à leur “contrat social”. »
Le Figaro : « Comment expliquer l’hostilité des partis de gouvernement et de la quasi-totalité des universitaires et des journalistes au référendum d’initiative populaire ? »
Anne-Marie Le Pourhiet : « Les élites “progressistes” se méfient du peuple français, qu’elles considèrent volontiers comme une bande de ploucs aux idées étriquées et aux bas instincts. Cette condescendance s’exprime ouvertement aujourd’hui. C’est pourquoi je redoute que l’on institue encore un gadget inefficace portant sur des sujets mineurs et sans intérêt pour les Français, qui ne réglerait en rien la crise politique que nous connaissons. Le référendum d’initiative populaire à l’échelle nationale n’a de réalité que s’il permet au pays de décider lui-même sur les sujets essentiels, de l’immigration aux questions de société. »
Voici maintenant les arguments principaux de Duhamel :
« Je vois de nombreux politiques embrayer sur cette demande, et je trouve cela dangereux. Pour moi, c’est le prototype de la fausse bonne idée. Ce serait soit une illusion grosse de déceptions futures, soit un poison véritable pour nos démocraties. Une illusion, d’abord : si on met en place des filtres, soit parlementaire (un seuil de signatures d’élus nécessaires pour accepter la demande), soit constitutionnel (avec un contrôle des juges a priori), cela ne satisfera pas la soif de souveraineté populaire.
Si on interdit de toucher à la Constitution ou bien d’attenter aux droits et libertés, beaucoup de demandes seront écartées, et les citoyens resteront mécontents. En revanche, si on ne met aucun filtre, ce sera un poison. On peut s’attendre alors à toutes sortes de démagogies : fiscale (baisse de la CSG, taxation confiscatoire des “riches”), mais aussi sécuritaire (camp de détentions pour les fichés S, peine de mort). Bref, s’il est totalement ouvert, il sera dangereux, et s’il est partiellement fermé, inutile. »
Ce que Duhamel appelle « toutes sortes de démagogies » sont simplement les revendications majoritaires du peuple français. La démocratie est donc dans sa bouche un danger pour la... démocratie. On comprend aisément par ce faux paradoxe ce que la démocratie recouvre chez les dominants : un système qui leur profite, et uniquement à eux. Et ce Système se heurte évidemment à la véritable démocratie, qui est une soif de souveraineté.
Et maintenant, comme promis, l’historique du RIC qui est devenu un RIP, le terme « citoyen » collant trop aux basques du socialisme dévoyé. Nos archivistes consciencieux ont retrouvé la trace d’un certain Yvan Bachaud, promoteur du concept dès les années 80 et créateur du fameux site www.ric-france.fr, auquel Jean-Michel Vernochet participait aussi.
Cette conférence du 8 décembre 2018 a réuni Chouard et Bachaud aux côtés de Julien Malara, Léo Girod et Maxime Nicolle, que Jean-Michel Aphatie considère comme un « complotiste » juste parce que ce GJ s’est interrogé sur non pas la réalité, mais sur le timing de l’attentat de Strasbourg.
De la même manière que les GJ sont partis des ronds-points pour en arriver aux lieux de pouvoir (BFM, Élysée), même si ce ne sont pas encore les lieux de pouvoir profond, les revendications des GJ sont parties de doléances basiques sur le pouvoir d’achat pour évoluer vers une exigence de démocratie directe. Et là, le Système ne peut plus mentir. Le Roi est nu, et il envoie ses chiens de garde comme Aphatie défendre ses derniers mensonges.