Les politiciens européens ont bien du mal à trouver du répit pendant leurs vacances : même au milieu de sa semaine de randonnée dans le Nord de l’Italie, Angela Merkel a parlé à Mario Monti au téléphone, son ministre des Finances Wolfgang Schäuble a reçu le Secrétaire Américain au Trésor, Tim Geithner dans sa retraite de l’île allemande de Sylt, et Mario Draghi a dû promettre qu’il n’irait pas en Polynésie, parce que c’était trop loin.
Mais si leurs vacances ne sont pas idéales, ce sera pire à l’automne, et la « rentrée sera chaude », prophétise Charlemagne de The Economist. Le destin de la monnaie unique va se jouer cet automne 2012, estime le journal économique.
La troïka va publier son rapport concernant la Grèce, et la ruine des finances publiques du pays sera encore plus évidente. Alors qu’on évoque déjà des dizaines de milliards d’euros de déficit supplémentaire, les politiciens allemands ne dissimulent plus leur souhait d’un « Grexit ». Mais une sortie de la Grèce de la zone euro risque d’entraîner d’autres pays méditerranéens dans son sillage, comme l’Espagne, le Portugal, ou l’Italie.
En juillet, les taux d’intérêt sur les obligations espagnoles ont dépassé les 7,5%, et le plan de sauvetage du système bancaire espagnol, pour un montant de 100 milliards d’euros, n’a pourtant guère apaisé les marchés. Bien que le gouvernement espagnol s’en défende, l’Espagne aura probablement besoin d’un plan de sauvetage à la fin de cette année.
Or, ces plans de sauvetage successifs commencent à lasser les Européens, à commencer par les Hollandais, qui doivent voter le 12 septembre. Et quand bien même ils consentiraient à accorder de nouveaux plans de secours, il est probable que les fonds de secours seraient insuffisants pour porter aider l’Espagne ou l’Italie. Le FESF ne parvient plus à lever des fonds, et on ne sait pas si le MES sera ratifié par le parlement allemand.
L’agence de notation Moody’s a déjà évoqué une possible dégradation de la note allemande, ce qui signifie que seule la BCE pourra lever des fonds à des conditions acceptables pour un sauvetage.
Ces derniers jours, Mario Draghi a affirmé que la BCE ferait tout ce qui est nécessaire pour sauver l’euro, mais il a par la suite douché tous les espoirs en s’abstenant de préciser quelle serait la nature de cette intervention. La BCE souhaite que les Etats Membres renforcent leur intégration politique, mais l’Allemagne refuse toujours la mutualisation des dettes et la France traîne des pieds lorsqu’il s’agit de céder sa souveraineté.
Tout ceci laisse à penser que nos politiciens vont choisir de procrastiner davantage, suppute Charlemagne. « Profitez jusqu’au bout des vacances d’été. L’automne sera probablement horrible. Et l’histoire retiendra probablement les derniers mois de l’année 2012 comme ceux durant lesquels la zone euro s’est rassemblée, ou ceux où elle s’est dissoute », écrit Charlemagne.