La France est un pays généreux. Elle donne de l’argent aux nouveaux entrants, surtout s’ils sont clandestins et pauvres, ce qui va souvent ensemble. Elle donne aussi de l’argent à ceux qui ont souffert sur son sol, mais pas tous. Par exemple, les juifs déportés et leurs enfants, et aussi leurs petits-enfants, ont touché des réparations de l’État français, alors que les Vendéens n’ont rien touché.
Pour donner de l’argent à ceux qui n’ont rien, il faut en prendre à ceux qui ont tout. Malheureusement, ils sont souvent protégés fiscalement ; du moins ils ont les moyens de ne pas se faire trop taxer. Alors c’est la classe moyenne supérieure qui morfle, les Français solvables, qui passent à la caisse. Eux sont les plus prélevés au monde, ou presque, avec les commerçants et les artisans. Moralité, en France, mieux vaut être très pauvre ou très riche, mais pas entre les deux.
66.500 faillites d’entreprises en 2024 : une hécatombe historique qui s'ajoute à tous les désastres subis par la France
Y a-t-il un seul domaine où Macron et ses complices n'aient pas échoué ?https://t.co/CCCYZzUbps
— Aude Lancelin (@alancelin) January 9, 2025
Après ce préambule, revenons quinze ans en arrière. Le Premier ministre s’appelle François Fillon, et il tient un discours, comme il se doit quand on occupe la fonction, devant le CRIF, qu’on peut aussi appeler relais du pouvoir profond. Car le CRIF n’est pas le pouvoir profond, il n’en est que la chambre d’enregistrement et de communication. Ce qui compte, c’est l’argent, ce qu’on appelle chez nous la Banque, soit la haute banque, au sens donné au XIXe siècle. Les banques d’affaires, devenues les fameuses officines à fusac, fusion-acquisition. Bref, les deals entre grosses boîtes qui se marient ou s’entredévorent, et qui sont découpées comme les pays. Et la France, avec Macron, est à la découpe pour être vendue au plus offrant. On appelle ça des investisseurs, en réalité ce sont les actionnaires de notre pays (exemple : BlackRock).
Cela nous fait deux préambules mais il fallait ça pour redécouvrir le discours de Fillon. Nous sommes le 3 février 2010, et sa longue intervention, Dieu merci, a été retranscrite sur le site de la vie publique.
Est-ce par antiracisme ou par anti-antisémitisme que le PM a été si généreux, on l’ignore. Toujours est-il que la somme fait rêver. Elle sera ensuite accordée sous une autre dénomination, la fameuse DILCRAH du « fils de » Clavreul et ses 100 millions tous les 3 ans pour surveiller et punir. On vous épargne le texte de 8 pages, on publie uniquement les deux meilleurs morceaux.
« La France a reconnu sa responsabilité dans la déportation des juifs et l’a assumée à travers notamment la création en 2000 de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, en réparation des préjudices causés, et grâce à l’entière restitution des sommes spoliées qui étaient restées sans ayant-droits.
En moins de dix ans, la Fondation a joué pleinement son rôle.
150 millions d’euros ont été affectés pour soutenir le Mémorial de la Shoah ainsi que pour aider plus de 1 700 projets dans les domaines de la solidarité envers les survivants, de l’histoire, de la mémoire, de l’enseignement de la Shoah, de la culture juive.
Depuis 10 ans, la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS) a restitué plus de 450 millions d’euros à des dizaines de milliers de requérants. Je salue le travail de cette remarquable institution.
Enfin, j’ai décidé en août dernier de revaloriser la rente aux orphelins de parents déportés, fusillés ou abattus en tant que juifs créée en 2000. Elle le sera chaque année jusqu’en 2012. »
On en est au bas mot à 600 millions d’euros. Il y a encore une dotation pour Auschwitz, qui tombe en ruines.
« Plus que jamais, nous devons résister à ceux qui cherchent à banaliser la Shoah.
Plus que jamais, nous devons préserver les lieux physiques de la mémoire. Il existe des inquiétudes au sujet du financement de la Fondation Auschwitz-Birkenau.
Je veux vous dire que la France ne laissera pas l’indifférence effacer le lieu symbole de la pire horreur qu’ait généré l’humanité.
La France est prête à en prendre toute sa part du financement nécessaire à sa préservation.
Il s’agit d’un enjeu pour tout le continent européen : Auschwitz est un lieu de mémoire essentiel pour l’Europe. Il symbolise notre volonté commune de ne plus jamais revoir l’intolérable, le règne de la barbarie absolue en Europe.
C’est la raison pour laquelle je viens d’écrire au président Barroso pour lui demander qu’il propose au plus vite au Parlement européen et au Conseil une contribution significative du budget de l’Union européenne à la Fondation Auschwitz. »
En 2011, soit un an après ce discours flamboyant qu’on croirait écrit par quelqu’un d’autre, la France contribuera à hauteur de 5 millions dans l’opération de sauvetage du camp. Un fonds spécial de 120 millions sera créé, dont l’Allemagne sera évidemment le plus gros contributeur. Mais la France aussi, alors qu’on est censés être du côté des gentils (les Alliés) et pas des méchants (les puissances de l’Axe).
Aujourd’hui, on ne trouve plus trace des retranscriptions du CRIF, car cela donne de mauvaises idées aux Français, qui sont très sollicités du côté du portefeuille. Par exemple, l’INSEE vient de publier une note disant que l’inflation a considérablement baissé, qu’elle est désormais de 2 %. On n’utilisera pas de gros mots ici, mais on sent que les cadres de l’INSEE ne font pas leurs courses aux mêmes endroits que nous. La paupérisation, ces escrocs n’ont politiquement pas le droit d’en parler : faut pas casser le moral des cochons de payants, faut pas désespérer Billancourt, comme disait Jean-Paul Sartre.
« Plus de 30 milliards » d'euros d'économies, annonce Amélie de Montchalin, la ministre chargée des Comptes publics. « C'est le plus gros effort de baisse de dépenses depuis 25 ans. »
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— Le Bien Public (@Lebienpublic) January 15, 2025
En ce mois de janvier 2025, les comptes de la nation sont dans le rouge, mais on continue à refiler 50 milliards d’intérêts (et 80 milliards cette année) à ceux qui prêtent de l’argent à l’État, qui compense ensuite sur les services publics. C’est pourquoi Bayrou, dans son discours de politique générale, a estimé que les services publics devaient faire 30 milliards d’économies. On sait tous ce que cela veut dire, en termes de sécurité, de soins, d’éclairage public, de non-remplacement de fonctionnaires...
En titre, on se demandait qui allait payer pour les survivants du génocide de Gaza : ce n’était évidemment qu’une boutade. Ce ne sont sûrement pas les Israéliens ni les juifs de la diaspora, qui semblent s’en taper, grâce au racisme. La preuve en VO, mais on comprend bien.
« Vous n’entendez pas les déclarations des ministres, ambassadeurs et rabbins israéliens qui assimilent les Palestiniens à des animaux ? À des non-humains ? Ce sont exactement les mots que des gens comme Jürgen Stroop, celui qui avec ses SS a détruit le ghetto de Varsovie, employaient. Vous n’entendez pas ces mots ? Donc s’il vous plaît ne nous faites pas de chantage avec votre rhétorique antisémitique, ne nous faites pas de chantage avec votre littérature sur l’Holocauste, ça n’a aucun rapport avec ce cas. Israël devrait être considéré comme un État terroriste. »
« Israël devrait être considéré comme un État terroriste. Ils utilisent la même rhétorique que les Allemands dans le ghetto de Varsovie. »
Grzegorz Braun, candidat polonais à la présidence. pic.twitter.com/Zlvd58FzE7
— Paul-Éric Blanrue (@PBlanrue) January 14, 2025
NB : l’illustration de une est tirée du site insolentiae.com