Quelque chose a décidément changé entre Moscou, Washington et les pays vassaux des Etats-Unis. La tentative d’une révolution colorée en Russie semble être la goutte d’eau qui a fait réagir Poutine. L’importance de la fracture est telle que nous consacrerons principalement le prochain numéro de LIESI sur le sujet, tout en revenant sur le rôle de la chancelière Merkel, favorable à un axe Berlin/Moscou. Ce scénario vient probablement d’être confirmé par le soutien électoral de la chancelière à Nicolas Sarkozy.
Pour la deuxième fois en quatre mois, la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont opposé leur veto à un projet de résolution condamnant la répression en Syrie et demandant le départ du président syrien. C’est aussi un message adressé aux Etats arabes sous la coupe de Washington, dans la mesure où le texte était quasiment la copie du plan de sortie de crise de la Ligue arabe. Bien sûr, ce « Niet » a suscité de nombreux commentaires de la part des diplomates européens, très « attristés » de ne plus pouvoir imposer les valeurs de la secte maçonnique, la religion de la démonocratie si chère aux politicards américains, même si c’est à coup de bombes et de génocides. Que les Occidentaux s’occupent un peu des millions de gens qui meurent dans le monde à cause des marchés dérégulés sur les céréales, ces manipulations de cours qui provoquent des famines immenses ici ou là. L’Afrique étant particulièrement visée.
Le président Obama demande le départ du président syrien, mais combien d’Américains et même de politiciens du congrès souhaitent également son propre départ pour trahison nationale ? Obama a mis sur la paille des millions d’Américains tout en engraissant copieusement les plus grosses banques de Wall Street. Derrière Obama, il y a le cortège des caniches dociles de l’Occident. Ils hurlent aux atteintes aux valeurs de la démonocratie, bien évidemment. Il serait bon de ressortir le génocide mis en œuvre par ces mêmes Occidentaux moralisateurs en Yougoslavie, et exécuté (ne l’oublions pas) par le général Clark. Et que dire de l’innommable épisode libyen. Une honte pour nous, Français.
Dans cet épisode de l’agenda mondialiste, la diplomatie russe a eu la sensation de se faire piéger en s’abstenant lors du vote de la résolution 1973. « Ce texte a été perçu comme la validation par l’ONU de la notion d’ingérence humanitaire. “L’abstention russe sur la Libye a ôté toute envie de soutenir l’Occident. On est passé de la création d’une zone de non-survol aérien à une opération de type classique avec la participation active de l’OTAN. La Russie ne soutiendra plus jamais ça. De même qu’elle ne votera pas pour une résolution diluée, sans un fort interdit sur l’emploi de la force”, explique Fiodor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale, et l’un des meilleurs analystes de politique étrangère.
L’épisode syrien, bien loin d’être achevé, met enfin en lumière le rejet du mondialisme babélien par certains souverainistes. Depuis l’arrivée des néo-conservateurs bushistes, de nombreux politiciens de l’Occident ont laissé entendre qu’ils appréciaient le programme des nazillons de l’Ecole de Chicago. Tous collaborent à la fondation d’un Reich européen, vassalisé à l’Empire américain, pourtant en voie d’effondrement. Les valeurs morales d’antan ne sont plus à la mode pour réussir, pour obtenir un poste intéressant dans le grand blinblin mondialiste. Il faut plutôt flatter les vices et là, c’est la grande glisse sans frein.
En Russie, il n’est pas question de s’abaisser devant le projet babélien de l’Occident. La Chine également partage le même refus. Et d’autres pays asiatiques s’apprêtent à suivre. C’est un peu comme dans le film La guerre des boutons. Il faut un meneur pour fédérer une réaction à un autre groupe. C’est ainsi que la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud se sont rangées à ses côtés, refusant toute ingérence en Syrie. On appréciera la force de caractère du ministre russe des Affaires étrangères. En effet, M. Lavrov avait prévenu dans la matinée du vote que le projet de résolution ne convenait “absolument pas” à la Russie. Ce, dans un entretien à la télévision russe Rossia. “Si (les Etats-Unis) veulent encore un scandale au Conseil de sécurité, on ne peut pas les arrêter”, avait-il mis en garde.
Pour la Russie, la Syrie est toujours un allié stratégique de longue date dans la région. Mais il est tout aussi vrai que les Russes nous ont habitué à des renversements d’alliances brutaux. Il convient donc d’être prudent dans la perspective du tandem Russie/Syrie. On peut néanmoins raisonnablement croire qu’à l’approche des élections présidentielles russes, Poutine devrait résister. En outre, en Syrie, il y a la base navale russe de Tartous en Méditerranée, dernier avant-poste à l’étranger maintenu depuis l’effondrement de l’URSS. C’est un point stratégique. Ajoutons que la Syrie vient d’annoncer qu’elle achèterait à la Russie « 36 avions d’entraînement militaire Iak-130, un contrat à 550 millions de dollars. Quelques jours plus tôt, on avait appris qu’un navire russe transportant 60 tonnes d’armes et de munitions était arrivé à bon port à Tartous, mi-janvier ».
Assistons-nous, en ce début d’année 2012, à un front du refus faisant échec aux desseins occidentaux ? On ne peut que le souhaiter. Est-ce que ce front fait désormais partie de la prochaine politique étrangère du candidat Poutine ? Que le bloc de commandement russe, auquel appartient Vladimir Poutine, durcisse le ton au sujet de la crise syrienne, du dossier nucléaire iranien, et avec l’OTAN notamment autour de son projet de bouclier antimissile, n’est pas un hasard. L’effondrement de l’Occident et sa ruine à venir, sont intégrés dans le calendrier des élites russes, comme nous le verrons dans les deux prochains numéros de LIESI. Les journaleux occidentaux, qui vont faire des stages de « compréhension » en Israël pour « mieux apprendre » leur métier et la juste grille de lecture exigée par leurs patrons pro-sionistes, n’empêcheront pas le retour de balancier de l’Histoire : l’ancien colonel du KGB (services soviétiques), attaqué depuis des mois jusqu’à la porte du Kremlin, n’est pas dupe du destin qui attend la Russie pour sa propre survie ! Poutine est même persuadé que son propre destin et celui de la Russie de ce début du siècle ne font qu’un. Il n’a pas la moindre envie de partager la fin de S. Hussein et de Kadhafi, et de combien d’autres ?