L’opposition vénézuélienne vient d’organiser des primaires pour désigner un candidat unique qui essaiera de vaincre Hugo Chavez aux prochaines élections présidentielles (octobre 2012). Qui est Henrique Capriles, sorti vainqueur de ces primaires, et quels intérêts représente-t-il ? Quel rôle les Etats-Unis jouent-ils dans ces élections ? Investig’Action a interrogé Jean Araud, un Français qui vit à Caracas depuis quarante ans…
1. En Europe, on présente Capriles comme un "centre gauche" qui approuve et maintiendrait les réformes sociales de Chavez. C’est sincère ou c’est une tactique ?
Henrique Capriles Radonsky est tout sauf de “centre gauche”. Il n´a jamais approuvé la gestion sociale de Chavez, sauf très récemment avec des messages ambigus. Pur produit de l’élite, il a été mis en selle par le grand capital dès le début de son parcours politique. Il a été un des principaux acteurs du coup d´Etat manqué en avril 2002 contre Chavez.
Dès qu’il a occupé le poste de gouverneur de l´Etat de Miranda, il a tenté de supprimer les centres de soins de santé Bario Adentro et d’autres missions sociales. Il a aussi tenté d´expulser les médecins cubains. Alors, pourquoi cette tactique ? Simplement pour tenter d´obtenir des votes du peuple, car celui-ci sait bien qu´un personnage comme lui au pouvoir, ce serait la perte de tous les progrès sociaux de ces dernières années. C’est donc une tactique pour gommer son image de marque.
2. Les Etats-Unis ont-ils joué un rôle dans sa désignation ? Peut-on prévoir quelle sera leur attitude durant cette élection présidentielle ?
Les Etats-Unis jouent, ont joué et continueront à jouer un rôle omniprésent dans la politique vénézuélienne. Avec un seul but : éliminer Chavez et le remplacer par un gouvernement aligné sur les intérêts de Washington. Ils ne tentent même plus de dissimuler leur puissant appui économique à l’opposition. Leur attitude est très facile à prévoir. Dès le lendemain de l´élection de Capriles aux primaires, le porte-parole du Département d´Etat a immédiatement déclaré : “Avec ces primaires, le Venezuela s´oriente vers la démocratie”.
3. Peut-il l’emporter face à Hugo Chavez ? Quelle est l’ambiance dans l’électorat ?
Capriles n’a absolument aucune chance de gagner dans les urnes face à Chavez. Aux prochaines élections, Capriles sera une simple image. Le véritable adversaire de Chavez, c’est Washington et les pays alignés sur Washington. Donc, les élections se joueront sur des manipulations médiatiques ou même sur des actions de déstabilisation directe qui ont déjà commencé. Là est le danger. Mais le peuple mesure bien l’enjeu et le risque de retourner vers le passé : une minorité qui se remplit les poches tandis que la population subit la pauvreté.