Femme politique tchèque la plus connue à l’échelon européen, présente depuis des années sur la scène politique de l’Union européenne mais aussi en Tchéquie, son œuvre s’apparente, en réalité, à un véritable travail de censure et de répression, ce que dénoncent régulièrement les pays du V4. Et pourtant, elle est membre du parti du Premier ministre tchèque Andrej Babiš. Qui est Věra Jourová, vice-présidente de la Commission européenne, « chargée des Valeurs et de la Transparence » ? Portrait.
Née le 18 août 1964 à Třebíč dans l’ancienne Tchécoslovaquie communiste (actuelle Tchéquie), cette femme politique est membre du groupe politique ANO 2011 dont le président n’est autre que le Premier ministre tchèque actuel Andrej Babiš.
Diplômée en 1991 de l’Université Charles de Prague, où elle obtient une maîtrise en théorie de la culture, elle décroche un poste, dans sa ville d’origine, de directrice-adjointe du centre culturel municipal. Elle y travaille à regrouper toutes les institutions culturelles en une seule entité. Puis elle devient secrétaire du bureau municipal de Třebíč, où elle commence à s’occuper du développement du quartier juif, inscrit sur la liste de l’UNESCO en 2003. Une activité qui l’amène très tôt à développer des liens avec le lobby pro-israélien qui l’amèneront notamment en octobre 2019, alors qu’elle exerçait le poste de Commissaire européenne à la Justice, aux Consommateurs et à l’Égalité des genres (2014-2019), à se réjouir d’une résolution du parlement tchèque condamnant le boycott d’Israël comme une forme d’antisémitisme.
Cette euro-fédéraliste convaincue oriente sa carrière vers l’UE à partir de 2000, lorsqu’elle rejoint la société de conseil DHV, où elle travaille sur des projets qui touchent aux ressources humaines, au développement régional, à la politique économique et aux fonds européens. Entre 2001 et 2003, elle travaille en tant que chef du département de développement régional dans la région de Vysočina. Après avoir quitté le bureau régional, elle officie en tant que sous-ministre du développement régional. Selon Jiří Paroubek, Premier ministre tchèque de 2005 à 2006, elle a été démise de ses fonctions après des plaintes répétées du ministre de l’époque Radko Martínek, qui la qualifiait d’incompétente.
Du 13 octobre au 16 novembre 2006, elle est mise en détention dans une affaire de corruption, appelée l’affaire Budišov. Toutefois, la justice ne parvient pas à prouver la corruption de Mme Jourová et les poursuites prennent fin lors de l’été 2008. Elle obtient même 3,6 millions de couronnes tchèques (env. 140 000€) de réparation de la justice. Selon le journaliste d’investigation Janek Kroupa, qui a signalé l’affaire et qui s’est consacré à elle pendant plusieurs années, le verdict s’explique avant tout par le travail brillant des avocats de l’accusée et par une faiblesse absolue des moyens à disposition de la police. Le journaliste souligne bien que Věra Jourová n’a jamais porté plainte contre lui et que le contenu de son reportage était véridique.
Věra Jourová fait ses premiers pas en politique en 2003 auprès du Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) qu’elle quitte en 2006. En 2009, elle se présente aux élections européennes puis aux élections législatives tchèques de 2010 sous l’étiquette du Parti démocrate européen. Ayant échoué à conquérir un mandat, elle quitte le parti pour rejoindre ANO en 2011, parti quelque peu hors système fraîchement lancé par l’homme d’affaires Andrej Babiš. Lors des élections législatives anticipées des 25 et 26 octobre 2013, elle est élue à la Chambre des députés. Le 29 janvier 2014, elle est nommée ministre du Développement régional. Proposée par le gouvernement tchèque comme candidate, elle est désignée le 10 septembre comme commissaire européen à la Justice, aux Consommateurs et à l’Égalité des genres. Le 26 août 2019, le deuxième gouvernement d’Andrej Babiš approuve sa nomination au poste de commissaire européen pour la période 2019-2024. Début septembre 2019, la future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce que Věra Jourová sera vice-présidente de la Commission européenne et chargée du respect des valeurs de l’Union européenne et de la transparence. Elle prend officiellement ses fonctions le 1er décembre 2019. Une ascension assez fulgurante qui interroge, de même que le soutien du Premier ministre tchèque, malgré les attaques répétées contre les membres du V4.
Ayant accédé à de très hautes fonctions au sein de l’UE, elle se montre particulièrement offensive à l’égard de la Pologne et de la Hongrie pendant son mandat. Mme Jourová a en 2018 attaqué plusieurs pays, et en particulier la Hongrie, les accusant de mettre en danger « la société civile » – comprendre, les ONG, en particulier celles de la galaxie Soros. Plus récemment, concernant par exemple les mesures adoptées par la Hongrie et la Pologne lors de la crise du coronavirus, elle déclare que « le virus doit être tué mais la démocratie doit survivre », reprenant une narration des oppositions libérales et de la presse progressiste occidentale, omettant que le président français Macron s’était vu confier plus de pouvoirs extraordinaires que les premiers ministres polonais ou hongrois dans cette crise. Cette virulence envers la Hongrie et la Pologne s’explique visiblement par son allégeance aux réseaux qui lui ont permis d’accéder aux plus hautes fonctions. Le média hongrois Origo a révélé que la politicienne tchèque a rencontré le milliardaire George Soros, ainsi que ses représentants de l’Open Society Foundations à de nombreuses reprises (précisément 11 fois !) entre 2014 et 2019, et son équipe, sur la même période, a également reçu des représentants de ses organisations sept fois. En 2017, elle défend avec véhémence l’Université d’Europe Centrale, financée par M. Soros, qui est en litige avec le gouvernement hongrois. Cette connexion avec les réseaux Soros n’est pas un secret : en 2017, Věra Jourová avait posté sur son profil Twitter la photo ci-dessous, avec le commentaire suivant :
« Nous avons discuté de la situation des droits fondamentaux en Europe avec George Soros. Les valeurs de l’Open Society sont au cœur de l’action de l’UE ».
Sur la question des migrants, elle avait notamment tenté de censurer Matteo Salvini en 2018 parce qu’il avait dénoncé dans un tweet une bande de migrants d’Afrique du Nord qui avait agressé sexuellement une fille de 13 ans à Venise. Elle soulignait alors qu’un tel tweet participait d’un discours de haine et qu’il pouvait inciter à la violence. Elle souhaitait ardemment que de tels tweets dénonciateurs soient effacés dans les 24 heures. Sur la question des quotas de migrants, elle avait été épinglée et mise en difficulté par le politicien tchèque Petr Mach qui dénonçait le travail particulièrement néfaste de la Commission européenne à ce sujet.
Contrairement à ce que prétend Mme Jourová, elle ne réclame pas simplement plus de transparence, mais cherche donc bien à réguler les contenus en ligne. L’épisode avec Matteo Salvini et sa proximité assumée avec les réseaux Soros, ne font que montrer à quel point elle affectionne l’hypocrisie et de quelle manière elle est prête à renvoyer l’ascenseur aux gens qui l’ont mis en place, dès que l’occasion se présente, en choisissant systématiquement de s’attaquer aux pays qui font preuve de la moindre insoumission à l’égard de Bruxelles. Mme Jourová s’apparente ainsi à un véritable cheval de Troie de la politique tchèque, officiellement rattachée au pro-V4 Babiš, mais en réalité véritable agent de la Société Ouverte de George Soros.