Après avoir regroupé leurs forces, plus de 5 000 djihadistes, dont certains en provenance de Mossoul, sont entrés dans Palmyre en utilisant des voitures piégées et des kamikazes. Le directeur de l’Institut des études stratégiques de Damas dévoile à Sputnik à qui sont les satellites et le matériel militaire qui leur ont permis d’entrer dans la ville.
Plus de 5 000 djihadistes, avançant dans trois directions, du nord, de l’est et du sud, sont entrés dans Palmyre, une cité reprise à Daech en mars 2016. La manœuvre de djihadistes est devenue possible notamment parce que les frappes de la coalition sur Raqqa ont été suspendues cette semaine.
À l’heure actuelle, l’armée syrienne se trouve près de la ville, les forces gouvernementales ayant également réussi à évacuer la plupart des civils de Palmyre et se regrouper. Les troupes syriennes mènent en ce moment des combats défensifs et dans les heures qui viennent l’armée va passer à la contre-attaque, raconte à Sputnik le Dr Taleb Ibrahim, directeur adjoint de l’Institut des études stratégiques de Damas.
Même si la plupart des civils ont été évacués par l’armée gouvernementale, il reste selon ses estimations entre 300 et 500 personnes sur place. D’où viennent ces 5 000 djihadistes ? Les terroristes se sont réunis près de Palmyre en provenance de lieux différents, y compris de Mossoul, une ville qui n’a d’ailleurs pas encore été reprise par la coalition menée par les États-Unis alors même qu’ils projetaient d’y lever le drapeau du vainqueur le 8 novembre, jour de l’élection américaine, et l’envisagent maintenant pour le 20 janvier, jour de l’investiture de Donald Trump. Du coup, détail intéressant pour les terroristes s’abritant dans Palmyre, la coalition a ouvert un corridor grâce auquel ils se sont retrouvés… justement dans Palmyre.
Quant à l’attaque, elle a été soudaine selon le spécialiste. Près de 5 000 combattants de Daech sont entrés dans la ville et l’armée syrienne s’est montrée incapable de repousser l’attaque tout de suite, toutes ses forces étant centrées sur Alep.
Mais le facteur principal de la défaite a été, selon Taleb Ibrahim, la stratégie de Daech : les djihadistes l’appellent « l’attaque des frelons ». Au début, ils forment de petits groupes pour ensuite entamer des séries d’attaques jusqu’à ce qu’ils prennent le contrôle de l’armée. Mais alors que Daech est confronté à au moins à deux grandes offensives dans Mossoul, au nord de l’Irak et à Raqqa, la « capitale » des terroristes en Syrie, d’où viennent ces 5 000 combattants ?
Je crois que Daech coopère avec le renseignement. Il y a quelques jours seulement, ils n’auraient pas pu organiser une telle offensive. Tout le monde sait que les Forces démocratiques syriennes s’apprêtaient à attaquer Raqqa. Alors, ils ont organisé une rencontre avec les représentants des États-Unis pour discuter d’un plan d’action. Et soudain, tout a été annulé et Daech a reçu le feu vert pour la prendre Palmyre.
Et d’ajouter :
Je pense que l’attaque contre Raqqa a été annulée suite à l’ordre de quelqu’un au sein des services de renseignement américain ou du Moyen-Orient.
« Entre 4 et 5 000 personnes ainsi que des centaines de chars et de matériel militaire ont été impliqués dans l’offensive. Mais c’était impossible à faire, car des avions, des satellites et d’autres outils d’observation de la coalition se trouvaient à Raqqa. Comment les combattant de Daech ont-ils réussi à passer inaperçus ? Je suis sûr que Daech coopère avec la CIA et d’autres agences de renseignement au Moyen-Orient », conclut le directeur adjoint de l’Institut des études stratégiques de Damas.