Les déclarations faites par Jean-Marie Le Pen à l’hebdomadaire Rivarol ont contraint les personnalités liées au Front national et au Rassemblement bleu Marine à prendre position sous la pression médiatique.
Marine Le Pen a levé le voile sur l’avenir politique du président d’honneur du mouvement via un communiqué :
« Jean-Marie Le Pen semble être entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique.
Compte-tenu de cette situation, j’ai informé Jean-Marie Le Pen que je m’opposerai, lors du bureau politique du 17 avril prochain qui doit investir les têtes de listes pour les élections régionales, à sa candidature en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Son statut de Président d’honneur ne l’autorise pas à prendre le Front National en otage, de provocations aussi grossières dont l’objectif semble être de me nuire mais qui, hélas, portent un coup très dur à tout le mouvement, à ses cadres, à ses candidats, à ses adhérents, à ses électeurs.
C’est avec une profonde tristesse que je suis contrainte de réunir rapidement un bureau exécutif afin d’envisager avec lui les moyens de protéger au mieux les intérêts politiques du Front National. »
Des voix se sont élevées pour réclamer le départ du fondateur du Front national de son poste de Président d’honneur.
Louis Aliot, vice-président du parti, souhaite clairement aller très loin dans la mise à mort politique du père de sa compagne :
« L’entretien de Jean-Marie Le Pen dans ce torchon antisémite est parfaitement scandaleux et nos désaccords politiques désormais irréconciliables. »
Interrogé sur cette possibilité, le vice-président Florian Philippot a déclaré que « soit Jean-Marie Le Pen part de lui-même, soit la question sera posée et on prendra nos responsabilités. La démission serait préférable. »
Le maire de Béziers, Robert Ménard, soutenu par le FN lors des élections municipales dans le cadre du Rassemblement bleu marine, va plus loin et a réclamé une « commission de discipline », affirmant que « c’est peut-être l’occasion historique de mettre Jean-Marie Le Pen hors des rangs du FN ».
Pour l’intéressé, son éviction relève du fantasme :
« Ça me paraît une idée tellement mirobolante qu’elle contient en elle-même le risque d’implosion du Front. Si cette décision était prise, elle serait complètement folle parce que le prestige que je conserve assez naturellement au sein du Front national provoquera des remous considérables et pour elle, une perte d’influence qu’elle ne mesure sans doute pas. Mon exclusion est impensable, à moins d’un congrès extraordinaire qui signifierait la mort du FN. Marine Le Pen souhaite ma mort, peut-être, c’est possible, mais elle ne doit pas compter sur ma collaboration. »
Nicolas Bay, secrétaire général du Front national, constate avec amertume les dégâts politiques de cette affaire :
« Il ne s’agit pas de divorce à proprement parler. Il y a clairement une attitude de Jean-Marie Le Pen qui va toujours plus loin dans la provocation, en menaçant gravement l’édifice politique du Front national, le travail des militants, le travail de crédibilisation entrepris par la direction du mouvement. Évidemment, Marine Le Pen est dans son rôle en étant la garante de la cohésion, de l’unité, de la cohérence politique du Front national. Et en disant clairement à Jean-Marie Le Pen que son statut de président d’honneur ne l’autorise pas à s’affranchir de la ligne politique du Front national qui s’impose à tous… »
Marion Maréchal-Le Pen, pressentie pour briguer la tête de la liste en PACA en remplacement de son grand-père, a préféré se mettre en réserve de la polémique en évitant de faire des déclarations aux médias.
Quant à Bruno Gollnisch, il prône l’apaisement via un communiqué :
« Attaché comme je l’ai toujours prouvé à l’unité de notre mouvement, je ne souhaite pas participer à des polémiques sur des sujets qui sèment la division, dont la plupart des commentateurs n’ont au mieux qu’une connaissance livresque, et dont la discussion est de surcroît judiciairement interdite par l’effet pervers de législations liberticides.
L’actualité politique, économique, sociale ou “sociétale” fournit un nombre plus important de sujets en phase avec les préoccupations de nos compatriotes, et en lien avec le mandat parlementaire que j’exerce.
Le respect de la discipline de notre mouvement, la légitime et fructueuse direction de sa présidente, l’accueil de personnalités de qualité venant d’autres horizons doctrinaux me paraissent pouvoir être compatibles avec la liberté d’expression de Jean-Marie Le Pen, à qui nous devons l’existence même du Front National et sa progression au milieu de tant d’épreuves passées.
Il n’y a aucune raison de sacrifier quelque composante de notre mouvement que ce soit en raison d’une diabolisation artificiellement entretenue, ni de maintenir un climat de tension que chercheraient à nous imposer nos adversaires, responsables du terrifiant déclin de notre pays.
Ma seule boussole est celle de la persévérance dans notre combat politique, avec tous les patriotes sincères, qui, dans leurs différences, voire leurs oppositions passées, sont les bienvenus sur ce qui nous unit : la défense de la France et des Français d’abord. »
Enfin, le fantômatique Bruno Mégret, putschiste raté, s’est empressé de répondre à une presse avide des déboires au sein du FN, en affirmant avoir eu raison trop tôt :
« Le Pen est agacé par la dédiabolisation voulue par sa fille. Il est envieux de ses résultats. Et il reste égal à lui-même : il n’a plus aucune responsabilité et donc plus aucun frein. Il aurait fallu rompre avant avec la famille Le Pen, c’est ce que nous voulions faire. »
Un Bureau politique doit se tenir le 17 avril prochain. Jean-Marie Le Pen devrait se voir privé de l’investiture du parti en PACA pour les élections régionales de décembre prochain. Il a déjà fait savoir qu’il y exposerait son point de vue et maintiendrait sa candidature aux régionales.