Annoncée par le ministre de l’Intérieur après les attentats de janvier, l’instance de dialogue autour de l’islam se réunit pour la première fois lundi. L’enjeu : que tous les Français musulmans soient écoutés.
Y’en a marre du CFCM ! À l’unanimité ce jour-là, les quelques dizaines de Français musulmans invités par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, pour parler d’islam, expriment leur ras-le-bol devant l’incurie du Conseil français du culte musulman censé les représenter. Et qui, pire, n’aurait pas vu venir l’extrémisme islamique. Désemparés, ils se tournent à contrecœur vers les pouvoirs publics pour trouver une solution.
Après l’élection de François Hollande, le gouvernement n’a pas voulu être trop intrusif dans les affaires des musulmans en France, mais depuis les attentats de janvier, tout a été bousculé. Annoncée le 25 février, une instance de dialogue autour de l’islam a été mise en place et se réunit pour la première fois place Beauvau, ce lundi 15 juin. Une centaine de personnes, des membres du CFCM, les présidents des 25 conseils régionaux du culte musulman (CRCM), des imams, des théologiens, des islamologues, des présidents d’associations débattront de sujets concrets comme la construction et la gestion des mosquées, l’abattage rituel, la formation des imams et des aumôniers, mais aussi de la sécurisation des lieux de cultes et les actes anti-musulmans.
Cette structure, à la fois large et souple, se réunira deux fois par an autour du Premier ministre, sur le modèle de « l’instance de Matignon », créée en 2002 pour l’Église catholique. Objectif : apaiser les inquiétudes et élargir le dialogue à cette diversité de musulmans qui ne se sentent pas écoutés.
Mais promis, cette nouvelle instance n’a pas vocation à éclipser le CFCM, jure-t-on au ministère de l’Intérieur, qui n’a eu de cesse de rassurer son président, Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, qui redoutait un coup de poignard dans le dos. Le gouvernement a tout fait pour ménager sa susceptibilité en lui garantissant que le CFCM serait le pivot de cette instance de dialogue. Et pour preuve de bonne foi, il a été décidé que Dalil Boubakeur prononcerait le discours d’ouverture, juste après celui du Premier ministre, Manuel Valls.
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Revoir l’analyse d’Alain Soral sur l’impuissance politique des musulmans en France (extrait de l’entretien d’avril 2012) :