Un jour, chaque jour de l’année sera commémoratif, les dates inoubliables s’ajoutant aux dates inoubliables : 14 Juillet, 8 Mai, 11 Septembre, 11 Novembre, 13 Novembre...
Mais les jours ensevelissent les jours, comme les morts du 13 Novembre ensevelissent ceux du 11 Novembre, si l’on peut dire, car la presse ne parle presque plus du jour de l’Armistice, qui rappelle les sacrifices des nations belligérantes de la guerre civile européenne de 1914-1918, un conflit plus complexe que celui enseigné dans les toutes les écoles, de la 6e à la terminale.
Découvrir Verdun, cent ans après la bataille
Camp de base idéal pour partir à la découverte des nombreux sites et lieux de mémoire de la terrible bataille de 1916, Verdun vous en met plein la vue et plein le cœur. Émotions choisies.
La petite cité de 18 500 habitants respire le calme et la sérénité, traversée par une Meuse bucolique et cernée de collines boisées. Ce sont les champs de bataille. À chaque coin de rue, comme un leitmotiv, un panneau indique leur direction. Autrefois, jusqu’au 21 février 1916, coup d’envoi de la descente aux enfers – 300 jours de combat, 300 000 morts et 400 000 blessés dans les deux camps –, c’était des champs de céréales et de lin. Il y avait même quelques coteaux de vigne. Mais les 60 millions d’obus qui martyrisèrent les hommes ont aussi tué la terre. Dans ce sol grêlé d’énormes trous, saigné par des kilomètres de tranchées, plus rien n’a jamais poussé, à l’exception d’austères résineux, des pins noirs d’Autriche, plantés après la guerre sur les monstrueuses cicatrices. De nos jours, ces 20 000 hectares de forêt domaniale sont gérés par l’ONF.
Ni zones commerciales aux abords de la ville, ni embouteillages, ni bataillon d’horodateurs intra-muros. Verdun apparaît comme une paisible sous-préfecture de la IIIe République. Sauf qu’à peine pansées les plaies de la guerre de 1870, elle fut à nouveau détruite, presque entièrement cette fois. Dix ans de reconstruction. Dont celle, à l’identique, de la spectaculaire cathédrale, l’une des plus anciennes d’Europe (990). Sous les ruines, on découvrit une crypte, où se retrouvent maintenant les fidèles pour la messe dominicale. Quant au monument aux Morts (1928) et au monument de la Victoire (1929), ce sont des monstres.
L’ossuaire de Douaumont vu par dessus :
Il y a aussi, plus étonnant, un Centre mondial de la paix, indiqué, comme les champs de bataille, par des panneaux à répétition. C’est un lieu d’exposition, ouvert en 1990 et doublement dédié au souvenir de la guerre et à la réconciliation franco-allemande, scellée en 1984 par François Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main. Il se trouve en centre-ville, dans l’ancien palais épiscopal transformé en hôpital militaire pendant le conflit. Dixit la légende, le 21 février 1916, le premier obus prussien serait tombé ici.
Pendant près d’un siècle, des années 1870 aux années 1960, Verdun fut une ville de garnison. En témoignent les immenses casernes désertées. Ces beaux bâtiments mériteraient une reconversion. L’ancien mess des officiers, en revanche, a rouvert ses volets au printemps. Quatre entrepreneurs locaux ont eu la bonne idée d’en faire un hôtel 4 étoiles et la meilleure adresse de la ville. Quai de la République, l’élégante bâtisse reflète sa jeunesse retrouvée dans les eaux du fleuve. Voilà le camp de base idéal pour partir à la découverte des nombreux sites et lieux de mémoire. Un week-end ne peut y suffire. Sur place, on comprend vite pourquoi le nom de cette petite ville si tranquille, où 80 % des poilus ont livré bataille, est devenue le symbole de toute la Grande Guerre. Verdun vous en met plein la vue et plein le cœur. Émotions choisies.
Lire la suite de l’article sur lefigaro.fr
La Grande Guerre vue par dessous :