Ribérysation des esprits ? Dommages collatéraux de la fumée ? Effet pervers de la médiatisation ? Puissance de Twitter ? Connerie granitique du footballeur surpayé ? Retour de dopage ? Toujours est-il que le pauvre Serge Aurier, qui était promis à un grand avenir de footballeur en tant que défenseur du Paris Saint-Germain, la seule équipe européenne à n’avoir pas perdu un match de championnat cette saison, vient de voir sa carrière exploser en direct depuis la fuite d’une vidéo personnelle sur Internet. Il y insulte son entraîneur, Laurent Blanc.
Il y fait son caïd, sa racaille, son balèze, son dur, son lascar, sa masse, sa bête, son boss, son homme, enfin, toutes les expressions de celui qui en impose, en banlieue.
Malheureusement, l’image du club parisien compte plus que son destin, qui commence à s’afficher en noir à l’image des conneries de Franck Ribéry ou de Karim Benzema, deux autres cerveaux du milieu. Du foot. Pour ceux qui ont lu le livre de Daniel Riolo sorti en 2013, Racaille football club, rien d’étonnant. C’est dans la logique de la formation ou de la non-formation de ces stars trop précoces, et auxquelles l’argent rapide – on n’a pas dit facile, car la vie d’apprenti footballeur professionnel n’est pas facile – déglingue le comportement, et la morale qui le sous-tend.
Les sorties de route de footballeurs vont donc logiquement se multiplier dans l’avenir, puisque ces jeunes hommes n’ont plus les repères mentaux qui leur permettraient de digérer le succès, l’argent, la gloire, et tout ce qui va avec. Il est même probable, sans jouer les oiseaux de malheur que, à l’instar de la télé-réalité, des footballeurs passeront un jour prochain du délit au crime. On n’y est pas encore, mais on s’en approche.
Les connaisseurs du milieu savent que d’anciens footballeurs ont par le passé parfois dérivé dans le braquage, faute d’argent, ou à cause de dangereuses connexions, sinon par besoin d’adrénaline, les équipes du sud de la France étant beaucoup plus poreuses que leurs consœurs aux mafias locales. Si le grand public connaît aujourd’hui, depuis une certaine transparence de l’information dite people, les frasques des stars du sport, frasques sexuelles (parties fines) ou matérielles (bolides pliés), ils ignorent peut-être encore les rackets que les joueurs subissent : de la part de leurs agents, entourages, ou équipes spécialisées dans le détroussage de « crétin », de « boloss ». Il est facile, avec un chantage à la sex-tape, ou au « viol » (grâce à une fille complice) de faire chanter un footballeur de 21 ans qui se lâche dans une soirée en vacances, où il arrose toute une bande de copains au champagne millésimé (le moyen de pomper 25 000 euros en boissons à un footeux bourré « qui ne tient pas l’alcool »). Que ce soit à Miami ou ailleurs, le footballeur pro sorti du cadre de son club, où il est très entouré, voire infantilisé, devient très rapidement une proie, celle de tous les appétits. Il n’est pas rare de voir des footballeurs dépouillés lors d’investissements hasardeux...
Bien sûr, personne ne va pleurer, en temps de terrorisme social (chômage) et politique (sionisme), sur les ennuis de quelques multimillionnaires. Cependant, leurs écarts de conduite et de langage sont la projection exacte, en plus caricatural, en surmédiatisé, de la mentalité moyenne d’une génération. Une génération qui aura été impactée par la crise, avide de consommation, obsédée par le paraître, l’exhibition matérielle à l’américaine. Dégageant une vulgarité éhontée, sans recul, preuve d’un défaut de conscience qui signe le double échec familial et scolaire. On en revient toujours à l’école, et à la famille. Voilà pourquoi il ne faut pas y toucher, et y injecter des principes dits modernes qui ne sont que déstabilisation, et qui ont les conséquences désastreuses que l’on voit.
Laurent Blanc ne remplacera pas l’autorité manquante du père et des profs de Serge Aurier, toute une éducation est à refaire. Mais est-ce possible ? Pourquoi pas ? C’est peut-être un gisement d’emplois pour demain : la reconstruction de conscience. Qui profitera à chacun et à tous. Une forme de réinfomation...
Et pour les amateurs de ce feuilleton sociologique, les excuses pitoyables d’Aurier, pressé par le staff du PSG et de beIN Sports, la chaîne sportive qatari, qui va bientôt finir dans l’escarcelle de Canal Plus...