Critiquée pour les exécutions massives, le soutien supposé au djihadisme et l’intervention militaire au Yémen, l’Arabie saoudite fait notamment appel à Image Sept et Edile Consulting pour redorer son blason.
L’Arabie saoudite a décidé d’améliorer son image peu flatteuse dans l’opinion publique française. Confronté à une avalanche de critiques sur son bilan en matière de droits de l’homme, son intervention militaire au Yémen — la dernière frappe de la coalition arabe le 15 mars a tué de nombreux civils — ou encore son rôle supposé dans l’essor du djihadisme, le royaume a décidé de réagir.
Plutôt que faire le gros dos comme d’habitude, les dirigeants saoudiens ont confié à deux agences de relations publiques françaises le soin de redorer leur blason : la société Image Sept, leader de la communication d’entreprise dans l’Hexagone, dont le portefeuille de clients comprend la fine fleur du CAC 40 ; et le cabinet Edile Consulting, nouveau venu dans ce secteur, fondé par Sihem Souid, une ancienne fonctionnaire de police, qui tient une chronique dans l’hebdomadaire Le Point. Selon un connaisseur de ce milieu, une troisième agence de com’ française aurait été contactée.
« Il existe un ras-le-bol des campagnes de dénigrement en France, confie un diplomate en poste à Riyad. Les Saoudiens veulent améliorer leur image. Le tollé suscité par les exécutions de masse du mois de janvier a servi de déclencheur », ajoute-t-il en référence à la mise à mort de 47 personnes, accusées de terrorisme, dont un célèbre opposant chiite. La dernière polémique en date remonte au début du mois : il s’agit de l’attribution par l’Élysée de la médaille de la Légion d’honneur à Mohammed Ben Nayef, le ministre de l’intérieur, aussi déterminé dans la répression des dissidents politiques que dans la lutte contre les djihadistes. Une décoration qui a généré une cascade de commentaires outragés, sur les réseaux sociaux et dans la classe politique. C’est dire que la mission des spin doctors français sera ardue.
Image Sept, reine de « l’influence », a pour tâche de gérer l’image du vice-prince héritier, l’ambitieux Mohammed Ben Salman, fils du roi et ministre de la défense. A cet effet, l’une de ses responsables a accompagné durant la deuxième semaine de mars deux équipes de télévision françaises, venues couvrir la phase finale de « Tonnerre du Nord », un gigantesque exercice militaire organisé dans le nord-est du pays.