Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour faire plaisir à un futur roi saoudien ? Contrairement à la version officielle, l’attribution de la Légion d’honneur au prince saoudien Mohammed ben Nayef s’est faite « à sa demande », soucieux qu’il est – en tant que futur roi d’Arabie saoudite – de « renforcer sa stature internationale ».
Cela a donc été traité de manière « très très urgente (TTU) » par l’Élysée et le ministère des Affaires étrangères. Un échange de mails diplomatiques (intégralement reproduits ci-dessous, fautes d’orthographe comprises) est tombé dans le sac à main de Causette. Et il est scandaleux.
Le mercredi 2 mars, à 7 h 04, l’ambassadeur de France en Arabie saoudite depuis 2007, Bertrand Besancenot, écrit au conseiller pour le Moyen-Orient de François Hollande, David Cvach. Dans cet échange, les arguments pour faire passer la pilule ne manquent pas de sel et sont savamment saupoudrés d’un cynisme de haut vol. Serions-nous très sérieusement pris pour des quiches ? Extraits :
De l’ambassadeur Besancenot :
« Certes, le royaume n’a pas bonne presse, mais je crains que l’amélioration de son image prenne du temps... »
Vu le traitement réservé aux femmes, aux opposants, aux journalistes, aux blogueurs, les décapitations, tortures et autres joyeusetés… il y a des chances, en effet !
Mais il faut absolument faire plaisir au petit prince, alors Jérôme Bonnafont, directeur de la section Afrique du Nord et Moyen-Orient du cabinet de Jean-Marc Ayrault au ministère des Affaires étrangères, donne la technique :
« […] il faut que ce soit discret vis a vis des medias mais sans dissimulation, si nous ne le faisons pasce sera vu comme un camouflet et si on nous interroge on repondra lutte contre daech et partenariat economique et strategique. Rajoutons, pour faire bonne mesure, des elements droit de lhomme dans les elements se langage bien sur. »