Qu’est-ce que le judaïsme politique ? Des temps bibliques au judéo-nazisme
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R
Sommaire
• Origines et fondements
- Le judaïsme est fondamentalement matérialiste et politique
- Promesses de domination impériale et universelle
• Le judaïsme politique aujourd’hui en Occident
- L’extrême droite européenne antisémite réorientée par le lobby pro-israélien
- Le lobby pro-israélien importe le néo-conservatisme en Europe
- L’Union européenne et le complexe militaro-industriel israélien
- La pénétration des réseaux pro-israéliens dans les institutions de l’Union européenne
- Réseaux israéliens et chrétiens sionistes en Europe
- Union européenne, Israël et nazis ukrainiens
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Origines et fondements
Le mois dernier, nous avons publié une analyse sur le judéo-nazisme, employant une méthode historique et de religions/idéologies comparées. Nous sommes arrivés à la conclusion que le judaïsme et le nazisme, bien qu’ayant été en confrontation durant la Seconde Guerre mondiale, sont des visions du monde suprémacistes et racistes. Nous le constatons aujourd’hui en Ukraine, le judaïsme et le nazisme sont compatibles lorsqu’ils ne sont pas en concurrence, et qu’une stricte hiérarchie est instaurée.
Nous allons maintenant tenter de définir brièvement le judaïsme politique.
« Le rapport entre le judaïsme et la politique, écrit Michael Löwy, peut être envisagé de différentes façons, mais il existe deux pôles qui jouent un rôle essentiel dans cette configuration : le messianisme et la sécularisation. Les avatars séculiers – et politiques – du messianisme montrent qu’il serait vain de les considérer comme mutuellement exclusifs.
La religion juive ne peut pas être réduite au messianisme : des tendances anti-messianiques, ou des tentatives de "neutraliser" cette dimension, ont toujours existé dans le judaïsme. Il n’empêche qu’il s’agit d’un des moments les plus importants et les plus déterminants dans l’histoire de la spiritualité juive, et dans le rapport des juifs à la sphère politique…
Selon Gershom Scholem, la particularité du messianisme juif est qu’il s’accomplit sur la scène publique, et ne peut pas être réduit au salut des âmes individuelles. » [1]
Le projet politique porté par le messianisme juif est inscrit en détails dans la Bible hébraïque. Le messianisme actif consiste à accomplir ces promesses bibliques. Suite à la destruction de Jérusalem et du Temple en 587 avant J.-C. par les Babyloniens, est née l’espérance messianique, c’est-à-dire l’attente de l’arrivée du Messie (Machiach), descendant du roi d’Israël David, qui doit restaurer le royaume.
« Voici que des jours viennent, dit Yahvé, où je susciterai à David un rejeton juste, qui régnera en roi, agira avec sagesse et exercera le droit et la justice dans le pays. » (Jérémie 23, 5)
« En vérité, des jours viendront, dit Yahvé, où l’on ne dira plus : “Vive Yahvé qui a fait monter les enfants d’Israël du pays d’Égypte !” mais “Vive Yahvé qui a fait monter, qui a ramené les descendants de la maison d’Israël du pays du Nord et de toutes les contrées où je les avais relégués, pour qu’ils demeurent dans leur patrie !” » (Jérémie 23, 7-8)
Un autre type de messianisme est né après la chute de Babylone, supplantée par l’Empire perse de Cyrus qui a restauré le temple de Jérusalem. Cyrus, un roi étranger, est célébré comme messie dans une partie du livre d’Ésaïe, appelé le Deutéro-Esaïe par les biblistes ; partie du livre qui n’a pas été rédigée par le prophète Ésaïe, qui a vécu au VIIe siècle av. J.-C., mais par des scribes contemporains de l’Empire perse (VIe-Ve siècles av. J.-C.). [2]
« Ainsi parle Yahvé à son Messie, à Cyrus, je l’ai pris par la main pour mettre les nations à ses pieds et délier les ceintures des rois, pour ouvrir devant lui les battants et empêcher que les portes lui soient fermées : “Je marcherai devant toi, j’aplanirai les hauteurs, je briserai les portes d’airain et abattrai les verrous de fer. Je te donnerai des trésors enfouis dans les ténèbres, des richesses cachées dans des lieux secrets, pour que tu saches que je suis Yahvé, le Dieu d’Israël, qui t’appelle par ton nom. C’est en faveur de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, que je t’ai appelé par ton nom, que je t’ai décerné un titre, bien que tu ne me connusses pas. C’est moi qui suis Yahvé et nul autre hors de moi, point de Dieu ! Je te ceins de force, bien que tu ne me connaisses pas, afin qu’on sache, là où se lève le soleil et là où il se couche, que hors de moi il n’y a rien, que moi je suis Yahvé et nul autre ; je forme la lumière et crée les ténèbres, j’établis la paix et suis l’auteur du mal : moi Yahvé, je fais tout cela.” » (Ésaïe 45, 1-7)
Il est à préciser que le prophète Ésaïe ne pouvait pas être l’auteur de ces lignes car Cyrus a vécu dans le courant du VIe siècle avant J.-C. (il est né en -600 et mort en -530), tandis qu’Ésaïe est né au VIIIe siècle avant J.-C. et est mort au VIIe siècle avant J.-C. Les auteurs sont des scribes anonymes de la période perse, sans doute les rédacteurs de la version tardive du Deutéronome, raison pour laquelle toute la partie tardive du livre d’Ésaïe est appelée le Deutéro-Ésaïe.
Fondamentalement, la promesse messianique était et demeure la restauration de l’Éden terrestre. Contrairement au christianisme et à l’islam, dans la croyance juive le paradis est sur Terre. Une croyance qui est ancrée dans la Torah :
« Yahvé planta un jardin en Éden, vers l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait façonné. » (Genèse 2, 8)
Ce qui fait du judaïsme une religion essentiellement matérialiste [3].
Promesses de domination impériale et universelle
Plusieurs idées récurrentes sont attachées à l’espérance messianique dans la Bible hébraïque : la pacification, car Israël et Juda ont connu nombre d’invasions, qui se sont parfois conclues par des destructions ; la réunion, car les deux royaumes frères se sont séparés pour n’être d’ailleurs jamais réunis ; la domination universelle à la fin des temps, la soumission des peuples de la Terre autour de Yahvé et de son peuple Israël – une conception qui est née dans l’esprit hébraïque au contact des empires qui les ont dominés [4].
Une partie du Deutéronome et le Deutéro-Ésaïe, qui font partie des textes les plus tardifs de la Bible hébraïque, insistent sur les promesses de domination impériale universelle et sur la spoliation des peuples, notamment par le prêt à intérêt. Ceci s’explique par le fait que certaines parties du Deutéronome et le Deutéro-Ésaïe ont été rédigés après la période babylonienne durant laquelle les Judéens exilés à Babylone se sont familiarisés avec la pratique extensive de l’usure (déjà en cours en Israël et à Juda) et surtout le métier de la banque inventé par les Babyloniens. L’idée de domination impériale territoriale dans ces textes bibliques vient également de l’influence babylonienne et précédemment assyrienne [5].
Impérialisme territorial :
« Ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abram en ces termes : "À ta descendance je donne le pays que voici, depuis le Torrent d’Égypte [6] jusqu’au Grand Fleuve, l’Euphrate, soit le pays des Qénites, des Qenizzites, des Qadmonites, des Hittites, des Perizzites, des Refaïtes, des Amorites, des Cananéens, des Guirgashites et des Jébuséens." » (Genèse 15, 18)
Domination universelle par le prêt à intérêt :
« Yahvé ouvrira pour toi son bienfaisant trésor, le ciel, pour dispenser à ton sol des pluies opportunes et faire prospérer tout le labeur de ta main ; et tu pourras prêter à de nombreuses nations, mais tu n’emprunteras point. Yahvé te fera tenir le premier rang, et non point le dernier, tu seras constamment au sommet, sans jamais déchoir, pourvu que tu obéisses aux lois de Yahvé, ton Dieu... » (Deutéronome 28, 12-13)
« Mais c’est quand tu obéiras à la voix de Yahvé, ton Dieu, en observant avec soin cette loi que je t’impose en ce jour. Car alors Yahvé, ton Dieu, te bénira comme il te l’a promis ; et tu pourras prêter à bien des peuples, mais tu n’emprunteras point ; et tu domineras sur bien des peuples, mais on ne dominera pas sur toi. » (Deutéronome 15, 5-6)
L’économiste allemand Werner Sombart, commente ainsi les prescriptions de la Torah sur l’usure :
« Au point de vue de la question qui nous intéresse, il nous suffit de montrer que le fidèle trouvait dans les Saintes Écritures des passages qui, tout au moins, autorisaient à prélever des intérêts (dans le cas des prêts consentis à des étrangers) ; il en résulte que pendant tout le Moyen Âge le Juif avait ignoré les rigueurs de la loi prohibitive de l’usure, loi qui créait au Chrétien une situation d’infériorité souvent intolérable. À ma connaissance, ce droit n’a jamais été sérieusement contesté par les doctrines rabbiniques. Mais il a dû certainement y avoir des époques où la simple permission de prélever des intérêts était interprétée comme un devoir, lorsqu’il s’agissait de l’étranger.
Mais ces époques furent précisément celles qui eurent la plus grande importance pour la vie pratique : ce furent les siècles qui ont suivi le haut Moyen Âge. Les écrivains de nos jours qui se sont occupés de la question ne paraissent pas s’être aperçus que la prescription formulée dans le Deutéronome 23.20, relativement à la manière de se comporter envers les étrangers, a été adoptée comme un des commandements réglant la vie des Israélites : la tradition enseignait qu’on ne devait pas prêter à l’étranger sans intérêts. C’est sous cette forme que le commandement en question (le commandement 198) a été introduit dans le Shulhan ‘Arukh [7]. Les rabbins modernes, qui se sentent gênés (pourquoi ?) par les dispositions du droit international privé juif, essaient d’atténuer la signification de clauses telles que le commandement 198, en prétendant que dans ce commandement le mot "étrangers" sert à désigner non pas les non-Juifs en général, mais seulement les "païens", les "idolâtres". Mais la question de savoir quels sont exactement les païens et les idolâtres n’a jamais été facile à résoudre. Et le lecteur du commandement 198 n’avait certainement pas le temps de s’arrêter aux subtiles distinctions des rabbins : il lui suffisait que l’homme auquel il prêtait fut un Goy, c’est-à-dire quelqu’un ne faisant partie ni de son peuple, ni de sa religion, ni de ses proches... » [8]
Outre la domination par l’usure à la fin des temps, l’histoire se conclue, d’après l’eschatologie juive, par une grande guerre entre Israël et les Nations. Celles-ci, incarnant le mal, seront détruites par Israël (le camp du bien), comme l’explique Gershom Scholem :
« Dans les Apocalypses, il est question par contre de deux éons [émanations], qui se suivent l’un après l’autre et se tiennent dans un rapport antithétique : le monde présent et le monde à venir, le règne des ténèbres et le règne de la lumière. L’antithèse nationale entre Israël et les Nations s’élargit en antithèse cosmique. Les domaines respectifs de la sainteté et du péché, du pur et de l’impur, de la vie et de la mort, de la lumière et des ténèbres, Dieu et les puissances qui lui sont hostiles, s’opposent. Un arrière-plan cosmique étendu sert de toile de fond aux données eschatologiques nationales. C’est dans ce contexte que doit se produire l’affrontement final d’Israël et des Nations. » [9]
Le judaïsme politique aujourd’hui en Occident
Après la théorie, venons-en à l’étude praxéologique du judaïsme politique. C’est-à-dire la traduction concrète des visées eschatologiques et impérialiste du judaïsme. Nous allons réduire ici le champ d’étude géographique à l’Occident, et tout particulièrement à l’Europe, et dans les milieux politiques que le lobby pro-israélien s’est attaché à conquérir ces dernières décennies : la droite.
Après la prise de pouvoir aux États-Unis des néoconservateurs – juifs trotskystes ayant pris un virage droitier –, les réseaux judéo-sionistes ont travaillé de façon acharnée à convertir les droites européennes déchristianisées (ou non) aux vues impériales d’un judaïsme politique fondamentalement anti-chrétien.
Nous verrons, en suivant à la trace les manœuvres du lobby pro-israélien, comment celui-ci en est arrivé à rallier à lui les mouvements d’extrême-droite originellement antisémites. C’est ainsi que l’on comprend pourquoi des oligarques juifs et agents d’Israël soutiennent les néo-nazis en Ukraine.
L’extrême droite européenne antisémite réorientée par le lobby pro-israélien
En 2006, les membres du Parti conservateur britannique ont créé les European Friends of Israel (EFI, Les amis européens d’Israël), l’un des groupes de pression israéliens les plus influents à Bruxelles. L’EFI s’inspire du lobby israélien du Royaume-Uni, où de puissants « amis » d’Israël sont organisés au sein des Conservative Friends of Israel [10] (CFI [11], Les amis conservateurs d’Israël, fondé en 1974 [12]), Labour Friends of Israel (Les amis travaillistes d’Israël) et Liberal Democrat Friends of Israel (Les amis libéraux démocrates d’Israël). Même le Parti de l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) de Nigel Farage, a un groupe « Amis d’Israël ».
La création de l’EFI à Bruxelles intervient à un moment où les factions d’extrême droite en Europe deviennent de plus en plus pro-Israël. Timothy Kirkhope, député conservateur du Yorkshire, a été président du CFI Europe [13]. En 2009, Kirkhope a défendu avec force Michal Kaminski, homme politique controversé de la droite polonaise, qui a été choisi comme nouveau chef du groupe des conservateurs et réformistes européens, une alliance transnationale de marché libre au Parlement [14].
Le journal juif londonien The Jewish Chronicle rapportait que Kaminski était auparavant affilié à « un groupe d’extrême droite polonais d’origine antisémite » et s’opposait « à des excuses nationales pour le massacre de centaines de Juifs pendant la guerre dans une ville du nord de la Pologne » [15].
En réponse à la controverse au sujet de Kaminski, Antony Lerman, ancien directeur de l’Institute for Jewish Policy Research, un think tank basé à Londres qui travaille sur les questions touchant les communautés juives en Europe, a souligné que de nombreux extrémistes et anciens néofascistes en quête de respectabilité politique « soutiennent maintenant Israël et considèrent les Juifs qui soutiennent Israël comme des alliés potentiels dans leur lutte contre la "menace musulmane" » [16].
Le principal fondateur des European Friends of Israel, Stuart Polak, a été le directeur des Amis conservateurs d’Israël de 1989 à 2015. Nommé l’une des 100 personnalités de droite les plus influentes du Royaume-Uni par le Daily Telegraph en 2007, il a été crédité d’avoir fait plus que quiconque pour promouvoir Israël auprès des conservateurs britanniques, et s’est vu offrir une prairie pour son activisme pro-israélien en 2015 [17].
En tant que groupe de pression au sein de Westminster, le CFI n’a peut-être pas son pareil en termes d’influence. Le CFI affirme que 80 % des députés conservateurs sont membres de l’organisation, y compris des ministres du Cabinet [18]. William Hague, qui a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères ces dernières années, a rejoint le CFI dans les années 1970, alors qu’il était encore adolescent [19].
Hannu Takkula, député européen libéral finlandais impliqué dans l’EFI (European Friends of Israel) depuis le début, a confirmé qu’elle est calquée sur le modèle de la CFI (Conservative Friends of Israel). Il a expliqué – lors d’un entretien accordé à D. Cronin, S. Marusek, D. Miller, trois universitaires qui ont produit une étude fouillée sur le lobby pro-israélien en Europe – qu’un certain nombre de députés européens avaient eu des discussions avec des représentants des conservateurs britanniques sur la formation d’une alliance pro-israélienne qui ferait contrepoids au mouvement croissant de solidarité avec la Palestine [20].
Des documents déposés auprès des autorités belges indiquent que l’EFI a été officiellement créée en tant qu’organisation à but non lucratif par Stuart Polak, avec Marc Cogen, un universitaire belge, et Jean-Pierre Haber. Selon ces documents, son objectif déclaré est d’« unifier » les différents groupes pro-israéliens au sein des parlements nationaux des pays de l’Union européenne en coordonnant leurs activités et en les regroupant en un seul groupe au Parlement européen.
« Aux côtés de ses fondateurs britanniques, au moins trois diplomates israéliens qui ont travaillé à Bruxelles ces dernières années ont collaboré avec l’EFI pour développer de bonnes relations avec les députés européens. Un des trois diplomates israéliens est David Saranga, qui a été présenté comme un spécialiste du "rebranding" (changement d’image de marque) par le Jewish Chronicle [21]. Saranga a formé le personnel d’EFI à l’utilisation optimale des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. Quand Israël a commencé une série de frappes aériennes contre Gaza en octobre 2012, Saranga s’est rendu à Strasbourg, où le Parlement européen se réunissait, afin de briefer l’EFI. Son message principal était qu’Israël cherchait à éviter de faire du mal aux civils et qu’il fournissait également une aide humanitaire à Gaza [22]. Néanmoins, Israël a rapidement lancé une attaque généralisée contre Gaza, où 80 % des habitants dépendent de l’aide étrangère pour leur survie. L’année suivante, en mai 2013, Saranga a accompagné l’ambassadeur d’Israël à Bruxelles, David Walzer, au dîner annuel de l’EFI. » [23]
Le lobby pro-israélien importe le néo-conservatisme en Europe
En janvier 2014, l’EFI a accueilli une conférence d’une journée sur l’Iran, la Syrie et le processus de paix au Moyen-Orient. Parmi les orateurs invités figurait Oren Kessler de la Henry Jackson Society, un groupe de réflexion néoconservateur de Londres connu pour ses positions antimusulmanes et qui a participé au lancement au Royaume-Uni de Friends of Israel Initiative (L’Initiative des amis d’Israël) [24].
Un des autres intervenants était Peter Neumann, directeur du International Centre for the Study of Radicalisation (ICSR, Centre international d’études sur la radicalisation) au King’s College de Londres. M. Neumann a fondé l’ICSR avec Boaz Ganor, un universitaire israélien du Interdisciplinary Centre (IDC) à Herzliya, une université israélienne privée qui entretient des liens étroits avec l’armée et le renseignement israéliens. Ganor a appelé l’armée israélienne à entreprendre des « frappes préventives et réactives » contre les Palestiniens [25].
Ainsi qu’ils se décrivent sur leur site internet, la Friends of Israel Initiative, dirigée par l’ancien Premier ministre espagnol José María Aznar, est une réponse à « la campagne sans précédent de délégitimation contre Israël menée par les ennemis de l’État juif et, de façon perverse, soutenue par de nombreuses institutions internationales » [26]. La déclaration poursuit en mettant en garde : « Israël est une partie indissociable de l’Occident. On reste ou on tombe ensemble. »
L’initiative a été lancée à Paris le 31 mai 2010 [27], le jour même où les troupes israéliennes ont attaqué dans les eaux internationales le Mavi Marmara, un navire turc qui tentait de lever le blocus de la bande de Gaza, tuant neuf militants (civils). Parmi les autres cofondateurs de la FII (Friends of Israel Initiative), on peut citer : Robert Agostinelli, milliardaire italo-américain ; John Bolton, le faucon pro-israélien, ancien ambassadeur des États-Unis à l’ONU et conseiller à la sécurité nationale des États-Unis (09/04/2018-10/09/2019) qui a tout fait pour pousser Donald Trump dans une guerre contre l’Iran ; Alejandro Toledo, ancien président du Pérou ; et Carlos Bustelo, ministre espagnol de l’Industrie de 1977 à 1980 [28].
Les trois universitaires précédemment mentionnés qui ont enquêté sur le lobby pro-israélien en Europe expliquent : « L’orientation vers la droite de European Friends of Israel et Friends of Israel Initiative est influencée par les tendances récentes de la droite européenne. De nombreux groupes d’extrême droite se concentrent moins sur l’antisémitisme et se tournent vers l’islamophobie [29]. Dans un contexte de migration internationale croissante et d’austérité économique, cette forme de racisme est en quelque sorte devenue plus acceptable. Comme Farid Hafez l’a fait valoir, le passage de l’antisémitisme à l’islamophobie dépasse les frontières européennes et permet à l’extrême droite européenne de se rapprocher des partis israéliens et de l’extrême droite aux États-Unis.
La signature de la "Déclaration de Jérusalem" en 2008, lors de la conférence "Face au djihad" à Jérusalem, en est un exemple. La conférence était organisée par Arieh Eldad, ancien membre de la Knesset pour le parti d’extrême droite Otzma LeYisrael (Israël fort), considéré par certains comme le descendant idéologique du parti Kach du rabbin Meir Kahane, interdit en 1988 par Israël pour incitation au racisme [30] et déclaré organisation terroriste par les États-Unis en 1995 [31]. Parmi les signataires de la déclaration se trouvent : Filip Dewinter (député du Vlaams Belang au Parlement flamand), Kent Ekeroth (Secrétaire international, démocrates suédois), René Stadtkewitz (président du Die Freiheit, Allemagne), Heinz-Christian Strache (président du Parti libéral autrichien), Geert Wilders (président du Parti libéral néerlandais). » [32]
L’Union européenne et le complexe militaro-industriel israélien
Israel Aerospace Industries (IAI), alors appelée Israel Aircraft Industries, était l’un des commanditaires du lancement de l’European Friends of Israel [33]. IAI est l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’armée israélienne. Au cours des neuf premiers mois de 2006, l’IAI a réalisé un bénéfice de 115 millions de dollars, soit une augmentation de 247 % par rapport à la même période en 2005 [34]. L’offensive israélienne contre le Liban (durant l’été 2006) a permis à Israël de « tester au combat » ses drones armés pour la première fois [35], et depuis lors, IAI est devenu l’un des premiers fabricants de drones au monde [36].
Comme la plupart des groupes de pression israéliens, European Friends of Israel ne publie pas l’identité de ses donateurs. Marek Siwiec, ancien eurodéputé social-démocrate polonais qui a présidé le conseil politique de l’EFI avant les élections européennes de 2014, a affirmé qu’il s’agissait d’une « organisation transparente » lorsqu’on lui a demandé comment elle serait financée en 2014 ; cependant, il a ensuite refusé de révéler exactement comment elle l’était [37].
Comme l’EFI se consacre à mobiliser le soutien des classes dirigeantes européennes à la politique militaire israélienne, il est logique que le groupe noue des alliances, formelles ou informelles, avec ceux qui ont des intérêts largement similaires. L’industrie de l’armement a, ces vingt dernières années, intensifié ses activités de lobbying à Bruxelles. Par exemple, un think tank pro-israélien basé à Bruxelles (qui a le logo de l’OTAN entouré d’étoiles semblables à celles du drapeau de l’UE) appelé Security and Defence Agenda (SDA) a été créé en 2002 [38].
Jusqu’à sa fusion avec son organisation mère Friends of Europe, le SDA avait insisté à la fois pour que les dépenses militaires augmentent et pour que l’UE finance le développement de nouvelles armes [39]. Lockheed Martin (société américaine de défense et sécurité), principal bénéficiaire de l’aide militaire américaine à Israël, a financé nombre des activités du SDA [40] et plusieurs noms du personnel de l’European Friends of Israel se trouvent souvent sur la liste des participants des débats que le SDA a organisés. [41]
La pénétration des réseaux pro-israéliens dans les institutions de l’Union européenne
Un membre du personnel de l’EFI, parlant sous couvert d’anonymat, a déclaré qu’il s’appuyait principalement sur des « donateurs privés d’Europe et d’Israël » [42]. La source en question a révélé que l’un de ces donateurs a été Alexander Machkevitch, un magnat controversé des mines ayant la double nationalité kazakhe et israélienne. En 2011, Forbes a estimé sa fortune à 3,7 milliards de dollars [43].
La façon dont Machkevitch et ses partenaires d’affaires « ont établi des liens avec la famille dirigeante du Kazakhstan, et comment ils en sont venus à dominer l’industrie minière du pays est entourée de mystère », rapporte le quotidien britannique The Daily Telegraph [44].
Une société minière dont il est copropriétaire, Eurasian Natural Resources Corporation, est entrée à la Bourse de Londres en 2007, mais selon The Guardian, après « des allégations persistantes de corruption contre la société », y compris une enquête lancée par le Serious Fraud Office (le service des fraudes) du Royaume-Uni, la société a été à nouveau privatisée en 2013 [45].
Selon la source (anonyme) de l’EFI, le soutien de Machkevitch à l’EFI se limitait à « un seul projet » : financer une visite en Israël et en Cisjordanie occupée en février 2011 [46]. Cette visite comprenait « une conférence politique de trois jours à Jérusalem » d’environ 400 parlementaires, dont des députés et membres des parlements nationaux de 37 pays européens [47]. Le Jerusalem Post décrit la visite comme « la plus grande réunion massive jamais organisée de parlementaires européens en Israël » [48].
L’inscription de l’EFI dans le registre est peu détaillée. Il indique que l’organisation disposait d’un budget total de 400 000 euros en 2012, dont la totalité provenait de dons. Moins de 50 000 euros de cette somme ont été directement dépensés pour « représenter les intérêts auprès des institutions de l’UE ».
Selon le registre, six membres du personnel de l’EFI avaient des badges d’accès pour le Parlement européen en 2014 [49]. Il s’agit notamment de sa directrice de l’époque, Elinadav Heymann, une israélienne qui était auparavant conseillère en politique étrangère du Parti conservateur britannique et de ses collègues de plusieurs autres partis de droite au Parlement européen, et qui a également servi comme analyste du renseignement dans les forces aériennes israéliennes [50].
The Near East Forum (basé à New York) a également donné 53 040 dollars au European Jewish Development Fund (EJDF, Fonds européen de développement juif) à Bruxelles la même année. Se décrivant comme « une source de financement centralisée » pour des projets de promotion de la culture juive et de lutte contre l’antisémitisme, l’EJDF plaide également pour Israël [51]. Une seule organisation figure dans la catégorie « affaires publiques » de la section « ce que nous soutenons » du site Web de l’EJDF : Amis européens d’Israël [52].
EFI reçoit probablement un soutien considérable de la part d’entrepreneurs de haut rang, par exemple Yaron (Ronny) Bruckner. Après sa mort en août 2013, EFI a décrit l’investisseur belge comme l’un des fondateurs du groupe [53]. Bruckner a créé Eastbridge Group, un fonds d’investissement privé de droit luxembourgeois qui gère plus de 1,5 milliard d’euros d’actifs [54].
Un document déposé auprès des autorités belges indique que Bruckner a été officiellement nommé administrateur d’EFI en novembre 2011. Ce document stipule également que les membres de l’EFI peuvent payer une cotisation annuelle pouvant atteindre 5 millions d’euros [55].
Le même jour où Bruckner a été nommé administrateur, Marc Grosman, né à Paris, est devenu vice-président et trésorier d’EFI [56]. Les deux hommes d’affaires se connaissaient auparavant ; Grosman avait siégé au conseil de surveillance du groupe Eastbridge [57]. Il est plus connu comme propriétaire de Celio, un détaillant de vêtements pour hommes possédant plus de 1 000 magasins dans 60 pays [58].
Vladimir Sloutsker, qui a été président de l’EFI pendant la plus grande partie de son histoire, a fait carrière dans la banque et en capital-investissement [59]. Il a également été sénateur du Conseil de la fédération de Russie de 2002 à 2006. L’ampleur de sa fortune est inconnue, mais il a aidé sa femme Olga à lancer World Class, une chaîne de gym très lucrative, en 1993, en lui prêtant 400 000 dollars. Lorsqu’il est devenu président du Congrès juif russe en 2005, Haaretz l’a décrit comme un « oligarque juif » qui a des liens étroits avec le Kremlin [60], précisant que lui et son épouse « sont au cœur même de l’élite économique et politique de Moscou ». Il a la réputation de donner généreusement à des causes et à des individus, ayant fait don de 250 000 dollars au Congrès juif russe en 2005 et de nouveau en 2006 [61].
Le plus grand donateur américain connu du lobby néoconservateur en Angleterre, Friends of Israel Initiative, était Sheldon Adelson (mort le 12 janvier 2021), roi du casino, juif américain, 18e milliardaire le plus riche du monde. Il possédait plusieurs médias israéliens de droite, dont Israël Hayom, Makor Rishon et Maariv, et il était le principal donateur du Parti républicain [62] aux États-Unis et accessoirement de la Zionist Organization of America (ZOA) [63].
Depuis près de vingt ans, des groupes pro-israéliens similaires aux European Friends of Israel et Friends of Israel Initiative se sont établis à Bruxelles, créant un puissant lobby transatlantique au sein de l’Union européenne. La raison d’être du resserrement des liens a été résumée en 2004 par David Harris, directeur du American Jewish Committee (AJC, Comité juif américain), lors de l’ouverture de sa succursale de Bruxelles, officiellement connue sous le nom d’AJC Transatlantic Institute.
Notant que l’Union européenne était sur le point de passer d’un club de 15 à 25 pays, Harris a déclaré : « Nous devons être ici, tout comme nous devons l’être aux Nations unies. » [64]
Entre les années 2000 et 2015, le lobby pro-israélien a créé dans l’Union européenne huit organisations : European Coalition for Israel ; AJC Translatlantic Institute ; European Foundation for Democracy ; European Friends of Israel ; European Leadership Network & Réalité EU ; Friends of Israel Initiative ; European Jewish Parliament ; Europe Israel Press Association & Israel Allies Foundation.
European Friends of Israel a également des liens directs avec des groupes de pression de Washington. Par exemple, Raananan Eliaz, qui avait précédemment travaillé avec le Conseil national de sécurité israélien, conseillant les Premiers ministres Ariel Sharon et Ehud Olmert, a déclaré qu’il avait joué un rôle « instrumental » dans la création de l’EFI [65] et qu’il était également membre du personnel du puissant lobby pro-israélien aux États-Unis, l’AIPAC, en 2004 [66]. Il a ensuite cofondé le Pro-Israel European Leadership Network (le Réseau européen des dirigeants pro-Israël).
Dans une interview publiée sur le site Web de l’AIPAC, Elinadav Heymann, alors directrice exécutive de l’European Friends of Israel (EFI), a déclaré : « Nous avons eu beaucoup de chance d’avoir travaillé si étroitement avec l’AIPAC au fil des ans, et nous avons beaucoup bénéficié de cette coopération. » [67]
Réseaux israéliens et chrétiens sionistes en Europe
The American Jewish Committee (Le Comité juif américain) a été fondé en 1906 et se définit comme une « organisation juive mondiale de défense des droits » axée sur la politique intérieure et étrangère [68]. Un programme consiste à amener des politiciens étrangers et des dirigeants de la société civile à visiter Israël [69].
Mais l’AJC compte également 33 sections aux États-Unis qui font de la propagande pro-Israël et gèrent un réseau de groupes et organisations affiliés travaillant sur différentes zones géographiques et questions.
Pendant plus de six décennies, le magazine Commentary en a été un exemple. Publié par l’AJC jusqu’en 2007 et initialement axé sur la gauche juive, Commentary, selon son propre récit, « est devenu le fleuron du néo-conservatisme dans les années 1970 » [70].
Norman Podhoretz, éditeur de longue date du magazine, est considéré comme un des fondateurs du néo-conservatisme [71].
Parmi les membres du conseil d’administration de Commentary figurent les milliardaires financiers juifs de droite Paul E. Singer et Roger Hertog [72]. Les deux hommes ont donné des millions de dollars au Parti républicain, aux causes conservatrices et aux groupes pro-israéliens.
Leurs fondations affiliées financent certains des groupes pro-israéliens et anti-islam établis à Bruxelles [73].
United Nation Watch est un autre projet affilié à l’AJC. Basée à Genève, l’organisation surveille et conteste la prétendue partialité anti-israélienne de l’Organisation des Nations unies. Morris Abram, ancien représentant permanent des États-Unis auprès des Nations unies et président honoraire de l’AJC, a créé UN Watch en 1993. Cependant, en janvier 2001, l’AJC a pris le contrôle total de l’organisation par un accord avec le Congrès juif mondial [74].
Le conseil consultatif international d’UN Watch comprend plusieurs membres qui ont exprimé ou soutenu des attitudes hostiles envers les musulmans et l’islam [75]. Par exemple, Lord David Trimble, ancien Premier ministre d’Irlande du Nord, est l’un des fondateurs du groupe de réflexion néoconservateur [76] et anti-musulman Henry Jackson Society [77], ainsi que de la Friends of Israel Initiative [78].
Un autre membre du conseil d’administration est le journaliste suisse Jean-Claude Buhrer. Il a suggéré un jour que l’utilisation du concept d’islamophobie était un affront à la liberté de parole [79]. D’ailleurs, Éric Zemmour utilisera le même argument, lors de son discours à la Convention de la droite le 28 septembre 2019 :
« Le concept fumeux d’islamophobie a été inventé pour rendre impossible la critique de l’islam, pour rétablir la notion de blasphème au profit de la seule religion musulmane. »
Une liberté d’expression à géométrie variable, puisque, si l’on peut, dans les faits, critiquer et insulter l’islam et le catholicisme sans craindre la « justice » (c’est au contraire récompensé par le système politico-médiatique), l’antijudaïsme est quant à lui sévèrement puni : lourdes amendes, peine de prison, invisibilisation médiatique, perte d’emploi, déchéance sociale, diabolisation, agressions physiques, etc.
Parallèlement aux attaques contre l’islam, le lobby pro-israélien fait la promotion d’un islam libéral. C’est un des objectifs de la European Foundation for Democracy. L’EFD (créée en novembre 2005), une organisation pro-israélienne basée à Bruxelles et dont l’objectif est large. EFD est un groupe de réflexion étroitement associé à un réseau transatlantique de militants néoconservateurs et anti-musulmans. Il se concentre sur « la sensibilisation à la menace des idéologies terroristes en Europe », tout en promouvant les « droits de l’homme universels », la « liberté individuelle » et « l’islam libéral » [80].
Parallèlement, le lobby pro-israélien tente d’importer en Europe l’alliance judéo-protestante. C’est le travail de la European Coalition for Israel (La Coalition européenne pour Israël). D’après son site internet, la European Coalition for Israel est une alliance sioniste chrétienne « déterminée à faire preuve d’un véritable amour chrétien et de solidarité envers la nation d’Israël » [81].
La coalition rejette la reconnaissance d’un État palestinien en déclarant : « Elle viole les revendications juridiques légitimes de l’État d’Israël à l’égard de Jérusalem et de la Cisjordanie » [82].
Lancée en 2003, la coalition est dirigée par le journaliste finlandais Tomas Sandell [83], qui participe régulièrement à une émission de télévision parrainée par la coalition et diffusée par le Parlement européen.
Par le passé, la Coalition européenne pour Israël a reçu un soutien financier via la branche de collecte de fonds du Tennessee de l’ambassade chrétienne internationale de Jérusalem (ICEJ). En 2012, l’ICEJ a accueilli en Israël 6 000 chrétiens évangéliques de plus de 100 pays avec l’aide du ministère israélien du Tourisme [84].
L’un des principaux groupes représentés par la coalition, Christians for Israel International, encourage ses partisans à aider à financer des projets dans les colonies israéliennes [85].
Fondée en 1979 par Karel van Oordt et Pee Koelewijn, Christians for Israel International est basée aux Pays-Bas et coordonne plusieurs « Chrétiens pour Israël » affiliés dans le monde [86]. Elle possède une boutique en ligne où elle vend des exemplaires d’un livre intitulé Judée & Samarie, qui affirme que « la Cisjordanie dite"‘occupée" est le centre historique et prophétique de l’Israël biblique ».
Selon son rapport annuel de 2013, des affiliés de l’association Christians for Israel ont été établis dans 20 pays clés et le mouvement travaille avec le Fonds de Jérusalem et la Christian Friends of Israeli Communities en Israël et dans les territoires occupés [87].
Union européenne, Israël et nazis ukrainiens
Cela nous amène à la guerre que le régime de Kiev mène contre le Donbass depuis 2014. L’OTAN, l’Union européenne, Israël et des oligarques sont directement impliqués dans cette guerre qui vise en définitive la Russie.
Outre l’analyse géostratégique et les convergences idéologiques, cette alliance israélo-occidentale contre la Russie s’explique également par l’activisme des réseaux pro-israéliens aux États-Unis et en Europe.
L’un des personnages qui constituent le pont israélien reliant l’Union européenne aux néo-nazis ukrainiens est Igor Kolomoïski, dont nous avons déjà parlé.
Kolomoisky a fait fortune en investissant massivement dans la PrivatBank, l’une des plus grandes banques commerciales d’Ukraine, et dans la société pétrolière et gazière Ukrnafta [88]. Un jugement de la Haute Cour britannique a déclaré qu’il était considéré comme un « corporate raider » (un voleur d’entreprise) en raison de ses tentatives agressives de rachat de sociétés [89].
Ce milliardaire juif ukrainien (détenteur des nationalités ukrainienne, israélienne et chypriote) a financé les bataillons et groupes armés néo-nazis d’Ukraine (les bataillons Azov, Aidar, Donbass, Dnipro 1, Dnepr 2) au service de l’OTAN. Kolomoïski a occupé le poste de gouverneur de l’oblast de Dnipropetrovsk de mars 2014 à mars 2015. Antirusse notoire, Kolomoïski proposait d’offrir 730 000 euros à celui qui assassinerait Oleg Tsarev, ancien député pro-russe et nouveau président du Parlement de l’union des républiques populaires autoproclamées indépendantes de l’Ukraine [90].
Selon un article de Haaretz, « il est intentionnellement provocateur ; il a été photographié portant fièrement un tee-shirt portant le nom de Stepan Bandera, le leader d’un mouvement national ukrainien connu pour avoir perpétré des pogroms et des meurtres de masse de Juifs avant et pendant la Seconde Guerre mondiale » [91].
Kolomoïski fait l’objet de poursuites par le Comité d’enquête russe pour « organisation de meurtres, de recours à des moyens et méthodes de guerre illégaux ». Un mandat d’arrêt international a été demandé par la Russie, mais celui-ci a été refusé par Interpol [92].
Igor Kolomoïski, qui vit maintenant en Israël, est un pilier important du judaïsme politique. Il est un soutien de la communauté juive d’Ukraine [93] et le président de la Communauté juive unie d’Ukraine [94]. En 2010, il a été nommé président du Conseil européen des communautés juives [95], conseil adhérant au Congrès juif européen.
Avec un autre milliardaire juif ukrainien, Vadim Rabinovitch, Kolomoïki fonde L’Union juive européenne qui deviendra le Parlement juif européen, qu’il présidera dès sa fondation en novembre 2011 et pendant cinq ans [96].
Les deux milliardaires ont également lancé Jewish News One (JN1) en 2011. Tous deux sont propriétaires de JN1. Jusqu’à sa disparition en 2014, la chaîne JN1 était l’arme de propagande du lobby israélien à Bruxelles. Joël Rubinfeld, un important lobbyiste pro-israélien en Belgique, collaborait fréquemment avec ce média et réalisait des reportages [97].
Rubinfeld a également été président du Parlement juif européen.
Au cours de l’offensive israélienne de huit jours contre Gaza en novembre 2012, Kolomoïski et Rabinovitch – accompagnés de Joël Rubinfeld – ont livré des colis d’aide qui auraient inclus de la littérature religieuse aux soldats israéliens [98]. Cet assaut a tué 167 Palestiniens, pour la plupart des civils, selon les observateurs des droits de l’homme, sans qu’aucun Israélien ne soit tué [99].
L’on peut faire le parallèle entre le traitement des Gazaouis par Tsahal qui les bombarde et massacre, à intervalle régulier, et la population du Donbass martyrisée et traitée comme une sous-humanité par le régime judéo-nazi de Kiev.
Convergence d’intérêts géopolitiques, valeurs racistes communes, goût pour le sacrifice humain, réseau de pouvoir et de lobbying, tout cela unit l’Union européenne, l’OTAN, les États-Unis, les néo-nazis et Israël.
Ce n’est là qu’une des facettes du protéiforme judaïsme politique.